On est de retour au Augusta National pour la présentation du Tournoi des Maîtres. Quelques mois seulement depuis que Dustin Johnson a endossé le veston vert au terme d’un premier tournoi automnal. Prévoyez assurément un scénario différent de la dernière édition. Il ne faut surtout pas imaginer que les deux tournois se dérouleront dans des conditions semblables. C’est tout le contraire qui attend les joueurs.

Les mots qu’on a le plus entendus depuis le début des rondes d’entraînement sont fermeté et rapidité. Les vétérans mentionnent qu’ils n’ont pas joué dans de telles conditions depuis plus d’une dizaine d’années. Généralement, comme pour donner une impression de confiance aux joueurs, le parcours permettait certaines fantaisies en début de semaine. Puis lorsqu’on passait aux choses sérieuses le jeudi matin, toute l’information emmagasinée était à oublier ou presque tant on devait jouer le terrain selon d’autres standards.

En novembre dernier, c’est comme si on avait enveloppé le parcours de ouate. Comme si ses défenses avaient été diminuées à cause des écarts de température. Cette fois, disputé dans sa case habituelle au printemps, le Tournoi des Maîtres présentera le test de golf qu’on a toujours voulu qu’il soit à savoir un test de golf difficile disputé sur un parcours exigeant où le facteur risque-récompense peut vous permettre de gagner ou de tout perdre. Les verts si subtils devront être négociés avec beaucoup de minutie et la moindre erreur coûtera très cher. Ils étaient déjà plus vite à l’entraînement qu’ils ne l’étaient en finale il y a quelques mois.

Quiconque se retrouvera hors position ne résistera pas longtemps et la patience, encore et toujours lors de tournois majeurs, sera un outil très important.

On a l’impression toutefois que les prétendants sont encore une fois nombreux. Quand on regarde la liste des invités, ils ont chacun un coffre d’outils bien garni. Les uns par la puissance de leurs coups de départ et les autres par les précisions de leurs approches. Certains se sont tirés d’affaire à cause de leur petit jeu ou à cause d’un fer droit, un putter, bien aiguisé. Les 25 joueurs qui dominent le classement mondial sont tous des prétendants.

Tous s’entendent pour dire que ceux qui ont déjà évolué sur ce parcours lors du Tournoi des Maîtres ont un net avantage. La connaissance « locale » est essentielle pour connaître du succès. Autre élément clé : profiter pleinement des normales cinq. Certains l’ont fait à cause de la qualité de leurs coups d’approche, Zach Johnson par exemple; d’autres par la précision des coups de départ qui ont mené à l’utilisation de petits fers pour entrer aux verts.

Les plus aguerris diront qu’il est important de savoir où manquer pour espérer à tout le moins d’éviter un pointage catastrophique sur un trou et ainsi se sortir bêtement du tournoi.

Et surtout, conserver son calme en tout temps. Les meilleurs joueurs ont chèrement payé le prix alors qu’ils pensaient déjà célébrer la victoire. Le moindre égarement et le plus petit manque de concentration peuvent ruiner les plus grands espoirs.

D’infimes détails viendront encore confirmer que ce terrain a continuellement évolué depuis sa création. C’est ce qui le différencie des autres parcours. Le Augusta National ne résiste pas au temps. Il s’accommode plutôt bien aux changements qui surviennent à cause de la nouvelle technologie et de la qualité des joueurs. Il vieillit admirablement bien et les chirurgies n’ont pas dramatiquement changé son image.

Le Tournoi des Maîtres cette année revêt encore une fois un caractère particulier. Vrai qu’il est le signe avant-coureur du printemps. Mais on sent chez beaucoup de gens un peu de retenue. La fête n’est pas tout à fait complète alors que la pandémie est loin d’être réglée. On peut espérer toutefois que ce soit véritablement le premier signe du retour à la normalité. Tout le monde en a vraiment besoin.

Toute l’équipe sera avec vous dès jeudi jusqu’à la conclusion du tournoi dimanche. On se revoit au Augusta National et en studio à RDS.