Que ceux qui avaient sélectionné Patrick Reed comme gagnant du Tournoi des Maîtres dans leur pool lèvent la main…

Honnêtement, il ne doit pas en avoir des tonnes qui ont opté pour lui. Normal dans les circonstances, si l’on tient compte du nombre de joueurs vedettes qui étaient rassemblés au Augusta National au cours des derniers jours.

Exception faite de Brooks Koepka (10) absent à cause d’une blessure, tous les joueurs du top 20 mondial étaient présents. S’ajoutait à la liste Tiger Woods qui avait démontré récemment un beau retour à la forme.

Alors, comment expliquer que Reed, 24e au classement mondial avant que ne débute le premier majeur de la saison, soit ainsi passé sous le radar?

On ne peut pas prétendre qu’il est un des joueurs les plus populaires du circuit PGA Tour. Même s’il a su attirer l’attention par son arrogance lors des deux dernières éditions de la Coupe Ryder. Ses supporters lui ont attribué le surnom de « Capitaine America » tant son jeu avait été solide et qu’il avait défendu avec brio les couleurs bleu-blanc-rouge. Mais ce ne fut pas suffisant pour le catapulter à l’avant-scène et faire de lui un des favoris de la foule.

C’est le même golfeur qui, il y a quelques saisons, en avait fait sourciller plusieurs quand il avait indiqué appartenir au top-5 mondial prétendant jouer aussi bien que Tiger Woods. Ce n’est pas le genre d’affirmation que l’on fait de soi au golf. On attend généralement que quelqu’un d’autre se prononce en ce sens.

Jordan Spieth a volé la vedette en première ronde affichant son jeu des beaux jours et laissant entrevoir une répétition de sa victoire de 2015. Reed quant à lui a joué trois coups de plus, soit 69, établissant lentement son quartier général sur les normales 5.

Puis en deuxième ronde, le voilà qu’il nous présente un pointage de 66. Il mentionne alors adopter une stratégie qu’on ne lui connait pas : ne pas foncer tête baissée dès les premiers trous, mais plutôt apprivoiser le parcours progressivement. Ça ne ressemble pas au personnage, mais cela, force est d’admettre, s’avère efficace.

En troisième ronde, il tient le coup et confirme ses prétentions avec deux aigles sur les 13e et 15e trous. Tout est alors en place pour la grande finale. On savoure à l’avance le deuxième chapitre de la confrontation Reed/McIlroy à la suite de leur duel lors de la Coupe Ryder de Hazeltine en 2016.

Le Nord-Irlandais avait une chance unique de faire basculer le match en sa faveur au deuxième trou de la finale avec une possibilité d’aigle. Cette opportunité ratée a plutôt donné l’effet d’une gifle qui a déstabilisé McIlroy dès lors diminué.

Vaillamment Spieth et Fowler ont sonné la charge. On a beau dire qu’il ne faut jamais abandonner et que tout est possible au golf, il faut aussi tenir compte d’une certaine réalité.

Certains diront que Reed n’a pas véritablement eu à se battre. Pas certain de cette affirmation.

Il a répliqué à ses bogueys par des oiselets lors de moments importants. Alors que si souvent des espoirs de championnat se sont envolés au fameux 12e trou, Reed y a calé un roulé qui a fait la différence. Autre roulé important au 14e pour un oiselet. Et ses deux coups roulés au dernier trou étaient tout sauf faciles.  

On dit que le fait de gagner le Tournoi des Maîtres change une vie. Cela vaut certes pour Reed dont l’image vient également d’être complètement modifiée. À son tour de choisir le menu des champions pour le diner l’an prochain.