Désolé si j’en étonne plusieurs, mais Alain Vigneault aura la paix à New York. Je sais de quoi je parle, je l’ai vécu!

Ne partez pas en peur, je m’explique.

Quand j’ai quitté les Nordiques pour diriger les Rangers, de 1987 à 1989, j’ai tout de suite remarqué une énorme différence. Comparativement à ce que j’avais connu à Québec, on me laissait tranquille! C’est bizarre à écrire, mais je vivais calmement à New York. C’est une ville immense où l’on se perd dans la foule.

Quand Vigneault arrivera au Madison Square Garden, il entrera dans une merveille. Je suis tellement content pour lui! Tout le monde rêve de travailler à New York.

Ceux qui parlent d’intimidation, c’est qu’ils ne sont pas passés par là. Sur le plan du stress, c’était 10 fois pire à Québec que dans le Big Apple!
 

Je vous le jure, après avoir vécu Vancouver, Vigneault se retrouvera dans un paradis terrestre. Diriger une équipe de hockey canadienne, comparativement à une formation du marché de New York, c’est un monde de différence. Un monde agréable! C’est le fun de « coacher » les Rangers!

La pression? Oubliez ça. Les journalistes qui suivent le hockey, ce sont les pires de l’endroit! Les meilleurs sont assignés au baseball, au football ou au basketball. Souvent, on rencontre des journalistes frustrés parce qu’ils doivent couvrir le hockey au détriment d’un autre sport. On les voit moins dans les médias. Il n’y a pas 27 pages chaque jour qui traitent des Rangers dans les journaux new-yorkais. L’attention de la ville n’est pas portée sur le hockey.

Alain l’ignore, mais il va s’en apercevoir rapidement. À Vancouver, un peu comme moi à Québec, il ne pouvait pas sortir de chez lui sans être dérangé. Tandis qu’à New York, il pourra prendre un drink ou manger sans problème n’importe où. D’autant plus que l’équipe s’entraîne en banlieue, ce sera maintenant plus facile pour Vigneault de vivre convenablement. À l’inverse, ce pourrait être le contraire pour John Tortorella, s’il prend effectivement la relève à Vancouver. L’endroit où il y aura le moins pression entre les deux destinations, c’est définitivement à New York.

Une décision murie

En engageant Alain Vigneault, l’organisation des Rangers a démontré du sérieux dans ses démarches. Si on avait engagé Mark Messier, on aurait banalisé le travail d’entraîneur. Je n’ai rien contre le joueur, mais Messier n’a jamais dirigé une équipe de la LNH, un peu comme Wayne Gretzky avant d’arriver à Phoenix. Avec l’embauche de Vigneault, on engage un entraîneur de carrière, d’expérience, ce qui fera une énorme différence.

Et je me mouille davantage. Éventuellement, je ne serais pas surpris de voir Vigneault devenir le grand patron des opérations hockey de l’organisation. En raison de problèmes de santé, le directeur général Glen Sather a peut-être effectué sa dernière grosse acquisition.

Chose certaine, Vigneault dirigera une bonne équipe. Il mise possiblement sur le meilleur gardien de but de la LNH, ainsi que sur une jeune et belle brigade défensive. Même si la pression est moindre au sud de la frontière, espérons qu’il pourra connaître du succès et honorer son contrat de 10 millions sur cinq ans.

Dire qu’à l’époque où je dirigeais les Rangers, j’étais payé 325 000$!

Les temps changent….


*Propos recueillis par Thierry Bourdeau