Après une longue saison de 82 matchs à batailler fort pour se hisser parmi la crème de la Ligue nationale et se rapprocher de notre rêve de gagner la coupe Stanley, nous voici enfin en séries!

Personnellement, j'en serai à ma deuxième participation aux séries éliminatoires. Il y a trois ans, après avoir terminé au sixième rang du classement dans l'Ouest, nous avions malheureusement été balayés par les Canucks de Vancouver. La conclusion avait été décevante, mais sur une base purement individuelle, c'est vraiment à ce moment que j'avais réussi à prendre quelques galons auprès de mes entraîneurs et de l'organisation.

J'en étais à l'époque à ma deuxième saison dans la LNH et je crois que j'avais commencé la série sur le troisième ou le quatrième trio. Par contre, après nos deux défaites à Vancouver, j'avais obtenu une promotion et on m'avait placé sur la première ligne. J'avais répondu en disputant ce qui était alors mes deux meilleurs matchs chez les pros.

C'est drôle parce que je n'étais vraiment pas dans ma meilleure forme pour ces deux matchs. J'étais malade, je me sentais faible et je n'étais même pas supposé jouer, mais j'avais finalement décidé de faire fi de mon état de santé. Je ne l'ai pas regretté, parce que je sens que c'est là que j'ai vraiment fait ma place dans l'organisation des Blues. J'avais montré à tout le monde ce dont j'étais capable.

Trois ans plus tard, je vois encore ces deux matchs comme un tournant dans ma carrière. Les patrons veulent toujours que les joueurs produisent en saison régulière, mais c'est avec leurs performances en séries que les joueurs de la LNH prennent réellement de la valeur. On a qu'à penser à Claude Lemieux, qui marquait presque autant de buts en séries que dans toute la saison. C'est comme ça qu'il a marqué, à sa façon, l'histoire de la Ligue.

Ne vous inquiétez pas! Je suis loin de me comparer à Claude Lemieux, mais vous comprenez ce que je veux dire. Les plus jeunes peuvent aussi prendre l'exemple de Jaroslav Halak, qui est presque entré dans la légende montréalaise quand il a mené le Canadien en finale de l'Est il y a deux ans. Tout le monde se souvient de lui pour ses exploits en séries.

Jouer en séries, c'est l'objectif premier, la raison pour laquelle on joue au hockey. C'est à ce moment qu'on veut donner notre meilleur et j'ai bien l'intention de me défoncer pour aider mon équipe à se rendre le plus loin possible cette année.

Un sous-sol qui ne me manque pas

Quand j'étais jeune, bien avant que la Ligue nationale ne représente un plan de carrière réaliste pour moi, je passais mes printemps devant la télévision, comme beaucoup d'amateurs de hockey, pour suivre les exploits de mes joueurs préférés.

Je me rappelle d'avoir suivi avec beaucoup d'intérêt le parcours des Penguins de Pittsburgh au début des années 2000. C'est à ce moment-là que j'ai appris à connaître Alex Kovalev, qui est alors devenu mon joueur préféré. Je me souviens aussi des succès de Peter Forsberg et de l'Avalanche du Colorado. Au Québec, cette équipe attirait beaucoup l'attention en raison des liens avec les Nordiques et elle faisait partie de mes favorites. Dans les grandes batailles avec les Red Wings de Detroit, j'encourageais toujours l'Avalanche.

Juste comparativement à l'année passée, la situation est pas mal différente pour moi. Il y a un an, je vivais encore avec les symptômes de ma commotion cérébrale et j'allais écouter les séries dans le sous-sol d'un de mes amis. Ça n'allait pas bien et je me demandais encore quand je pourrais jouer à nouveau. Maintenant, on s'échange des messages et tout le monde me dit qu'ils vont continuer d'écouter ça dans le sous-sol et qu'ils sont bien contents que je ne sois pas avec eux!

C'est plaisant de sentir que j'ai le support de mon monde au Québec. Je crois qu'on va être une équipe à suivre en séries. Le fait que j'étais incertain de mon avenir l'an dernier va me faire apprécier encore plus chaque petit moment de notre aventure.

Attiré par la télé?

J'essaie déjà de garder les distractions au minimum pendant la saison, alors je ne crois pas qu'il y en aura beaucoup plus en séries. C'est sûr que je devrais recevoir plus d'appels d'amis ou de journalistes. Tout le monde veut faire partie de l'action et c'est normal. Il faut juste savoir canaliser toute cette attention dans la bonne direction.

De ce côté-là, je vais continuer à faire à ma façon et garder ma routine. Tout a bien fonctionné jusqu'à maintenant, alors je ne vois pas pourquoi je changerais. Le plus important sera de ne pas trop en faire dans les journées de congé, de se reposer et de conserver mon énergie.

Je ne sais trop encore jusqu'à quel point je vais suivre ce qui se passe ailleurs dans la Ligue. Inévitablement, quand on arrive à l'aréna le matin, les télévisions sont ouvertes aux canaux sportifs, alors on voit ce qui s'est passé la veille, on regarde les faits saillants des matchs. Mais de là à m'asseoir devant la télévision le soir et regarder un match? Je ne sais pas encore...

Je vais commencer par me concentrer sur notre série et je vais voir comment ça va aller. Je ne veux pas regarder trop à l'avance, mais c'est sûr que si on éliminait les Sharks et qu'on attendait de connaître nos prochains adversaires, je serai sûrement plus attentif.

Mauvaise fin de saison, mais pas de panique

Ceux qui croient beaucoup au momentum à l'approche des séries ne doivent pas nous donner bien des chances de franchir la première ronde.

Nous avons perdu quatre matchs de suite avant de terminer notre saison avec une victoire à Dallas. De leur côté, les Sharks entrent en séries sur une séquence de quatre victoires. Ils ont remporté sept de leurs neuf dernières parties.

Je crois qu'il pourrait y avoir un léger vent de panique si on n'avait pas replacé les choses à Dallas, mais le fait qu'on ait terminé sur une note positive a rassuré tout le monde. Vous savez, sur 82 matchs, ce ne sera pas rose toute l'année. Ça a bien été pour nous pendant la majeure partie de la saison, tellement que je ne crois pas qu'on pouvait vraiment demander mieux. On aurait bien sûr aimé finir au premier rang dans l'Ouest, ou même dans la Ligue, mais on est où on est et il ne nous reste qu'à nous préparer du mieux que l'on peut.

Les Sharks ont peut-être l'avantage au niveau de l'expérience, mais de notre côté on a de l'énergie à revendre. On a faim et nos jeunes joueurs veulent justement acquérir le plus possible de cette précieuse expérience. C'est ce qui va nous permettre de compenser.

Même si nous avons l'avantage de la glace et que nous les avons battus quatre fois sur quatre en saison régulière, je crois que le gros de la pression repose sur leurs épaules et non sur les nôtres. Les Sharks ont vécu beaucoup de déception en séries lors des dernières années et ils voudront assurément éviter de vivre un autre cauchemar cette année.

Dans les médias, certains journalistes essaient d'exploiter l'angle des retrouvailles entre David Perron et Joe Thornton, celui qui m'avait infligé ma commotion. Personnellement, je suis passé par-dessus. Ma revanche, je l'aurai si les Blues éliminent les Sharks. Je me concentre sur notre équipe, pas sur Joe Thornton.

Je crois qu'il s'agit du troisième affrontement en séries entre les Blues et les Sharks. À St-Louis nos fans se souviennent que les Blues ont perdu à chaque fois. On va tout faire pour renverser la tendance.

Un heureux problème!

Ne cherchez pas de controverse où il n'y en a pas! À St-Louis, la présence de deux gardiens de premier plan devant le filet est vu comme une bénédiction, un heureux problème.

Pour les amateurs québécois, Halak est peut-être l'un des joueurs les plus connus chez les Blues, mais il n'y a pas seulement Jaroslav qui nous a supportés cette saison. Sachez que parmi les gardiens qui ont joué plus de 35 matchs depuis que la LNH tient compte de cette statistique, Brian Elliott vient de conserver la meilleure moyenne de buts alloués de tous les temps. Brian nous a sauvés la peau à plusieurs reprises. D'ailleurs, une chance qu'il était là pour prendre le contrôle quand Jaroslav a eu quelques ennuis au début de la saison.

Je suis convaincu que les autres équipes aimeraient être dans notre position et compter sur deux gardiens fiables pour amorcer les séries. Si on veut se rendre jusqu'au bout, on va avoir besoin de la contribution de nos deux hommes masqués. On ne sait jamais quand le gars qui regarde le match du bout du banc va être appelé à mettre son équipement et à sauter dans un match. Pour les joueurs, c'est toujours rassurant de savoir que peu importe qui reçoit le mandat de l'entraîneur, l'équipe est entre bonnes mains.

Les médias rapportent que Brian souffre d'une blessure au haut du corps, mais notre entraîneur a dit aujourd'hui que si les séries commençaient ce soir, nos deux gardiens seraient prêts à protéger notre filet. Présentement, à part peut-être Ken Hitchcock, personne ne sait qui sera notre partant pour le début de la série contre San Jose.

C'est assez incroyable de penser qu'un paquet de joueurs commencent déjà à planifier leur préparation estivale et ont déjà réservé leurs premières rondes de golf. Nous, chez les Blues, on compte sur 26 joueurs en ce moment. On a cinq trios et huit défenseurs, donc tout le monde ne pourra pas jouer dès le départ, mais on sait que ces gars-là vont avoir leur chance tôt ou tard. C'est la même chose devant le filet.

Nous ne sommes pas seulement une équipe de 20 joueurs. Nous sommes un groupe de 26 ou 27 et peu importe qui va venir nous aider en cours de route, nous croyons que si on offre le meilleur de nous-mêmes, nous pouvons battre n'importe qui.

Merci aux amateurs de hockey québécois pour votre support! On se reparle peut-être après la première ronde.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.