Je vous écris directement de la Floride, où nous sommes arrivés jeudi soir après notre match à Raleigh. Les entraîneurs nous ont donné notre vendredi de congé, un petit privilège que nous avons accepté sans rechigner.

Avec une dizaine de matchs à faire au calendrier, le plus important pour nous est vraiment de conserver notre énergie pour les prochaines rencontres. On s'est donc servi de notre journée de répit pour simplement recharger les batteries. On s'est promené un peu, on a marché, on s'est reposé.

Je suis un golfeur, comme évidemment quelques autres gars au sein de l'équipe, mais je n'ai pourtant entendu personne prévoir une petite ronde à Tampa. Je sais toutefois que nous serons à Phoenix la semaine prochaine et certains de mes coéquipiers ont déjà commencé à faire des plans pour aller fouler les verts de l'Arizona.

On parle de golf, mais si vous saviez à quel point je suis content de savoir que je n'aurai pas le temps de commencer ma saison dès le mois d'avril, comme c'est le cas depuis mon arrivée dans la LNH. Nous sommes présentement premiers au classement général et même si ce n'est pas confirmé mathématiquement, on s'entend que notre participation aux séries éliminatoires est pratiquement dans la poche!

Toutefois, nos performances des dernières semaines nous font réaliser qu'il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Nous avons traversé une séquence de cinq victoires au cours de laquelle nous avons offert du jeu très inégal et depuis que nous avons fait nos valises pour partir sur un voyage de sept parties, nous avons subi deux défaites consécutives.

La bonne nouvelle, c'est qu'on trouve le moyen de gagner même si on ne joue pas bien et ça, c'est la marque des bonnes équipes. C'est positif, mais il va quand même falloir retourner au style qui a fait notre succès dans la majeure partie de la saison.

Honnêtement, je pense qu'on s'en remet trop au brio de nos gardiens depuis quelques semaines. On avait pris la bonne habitude de limiter l'adversaire à 20 ou 25 lancers par match, mais il y a eu un relâchement dernièrement et on est un peu trop généreux dans notre zone. Brian et Jaro nous ont sauvés à plusieurs reprises, mais ça n'arrivera pas éternellement.

Jeudi, contre les Hurricanes, on a nous-mêmes obtenu 40 lancers au but, mais c'était loin d'être 40 lancers de qualité. Je crois qu'on a lancé trop souvent de l'extérieur plutôt que de garder la pression et essayer de trouver nos joueurs dans l'enclave.

Tous ces petits écarts de conduite ne m'inquiètent pas outre mesure. Je crois qu'il est normal de connaître un petit relâchement vers la fin d'une longue et éprouvante saison. Il nous suffit de retrouver notre équilibre et de se regrouper, nous reviendrons en force.

L'importance des vétérans

En toute honnêteté, je ne suis pas trop surpris de voir notre équipe trôner au premier rang du classement général. Ça fait quelques années qu'on sait qu'on a une bonne équipe à St. Louis, mais on ne réussissait jamais à tout mettre ensemble en même temps. L'inexpérience de notre effectif nous a forcés à être patients et l'an passé, nous n'avons pas été épargnés par les blessures.

C'est agréable pour moi de vivre ces moments avec les gars qui ont grandi, tout comme moi, dans l'organisation. Ça fait drôle à dire, mais je crois qu'il ne me reste que trois coéquipiers qui sont là depuis mon arrivée à St. Louis : Barret Jackman, David Backes et Roman Polak. T.J. Oshie et Patrik Berglund sont arrivés l'année suivante et un gars comme Alex Pietrangelo s'est joint au groupe par la suite. Je suis content d'avoir grandi en tant que joueur avec ces gars-là à mes côtés.

Je me réjouis particulièrement pour un gars comme Barret, qui est ici depuis une dizaine d'années. Quand il est arrivé, les Blues étaient l'une des forces de la Ligue en saison régulière, mais un mouvement jeunesse s'est amorcé peu de temps après. Il a survécu aux nombreuses purgent parce qu'il est très apprécié ici et je crois qu'il est très heureux de la tournure que prennent les événements aujourd'hui.

Barret et d'autres vétérans tels Jason Arnott et Jamie Langenbrunner seront des éléments très importants pour nous alors que nous tenterons de progresser le plus loin possible dans les séries. Après une défaite ou dans les petits moments de panique, ce sont eux qui vont ramener le calme dans la chambre. En ce moment en tout cas, c'est exactement ce qui se passe.

Ces gars-là sont dans la ligue depuis assez longtemps, ils savent exactement sur quels boutons appuyer pour faire régner le calme dans l'équipe. L'entraîneur ne met pas toujours de gants blancs - et avec raison - pour nous brasser quand ça ne va pas à son goût, mais les vétérans savent comment désamorcer les bombes sans nous monter sur le dos. Ils trouvent les points positifs, nous font rire, mettent des sourires dans le vestiaire.

Et le contraire est aussi vrai. Quand tout roule comme sur des roulettes, ils essaient de nous garder les deux pieds sur terre pour ne pas qu'on s'emporte et qu'on croit qu'on est meilleurs qu'on l'est.

En séries, l'importance de ces gars-là sera encore plus évidente. Après une grosse victoire comme après une défaite crève-cœur, ils seront là pour nous rappeler, avec des gestes ou des paroles, qu'on doit se préparer pour un autre gros match.

Des joueurs comme eux, c'est un charme pour un entraîneur. Je me souviens d'un match à Edmonton. On s'était fait laver pendant les deux premières périodes et le coach s'en venait pour nous passer un savon quand il a entendu Arnott qui était en train de nous parler. Aussitôt, l'entraîneur a fait demi-tour et est sorti sans dire un mot. En troisième période, on a poussé les moteurs comme du monde et on a probablement joué l'une de nos meilleures périodes de l'année.

Les trouble-fête

Juste de penser aux séries et à ce qui nous attend, j'ai tellement hâte que ça commence. C'est très rafraîchissant de savoir qu'on jouera encore au hockey à la fin avril. Auparavant, on devait regarder les autres équipes essayer de gagner la Coupe. Mordu et passionné comme je le suis, ce n'est pas vraiment ma définition du bonheur.

Présentement, c'est plaisant de jouer et de sentir que les autres équipes veulent nous mettre des bâtons dans les roues. On a une cible dans le dos, on est l'équipe à battre. Pour avoir été de l'autre côté de la clôture assez souvent, je peux vous dire que nos adversaires, même s'ils sont éliminés, vont tout faire pour nous compliquer la vie au cours des prochaines semaines.

Dans l'entourage de l'équipe, on se concentre sur la journée qui s'en vient sans essayer de se projeter dans l'avenir. Notre objectif est de gagner la coupe Stanley, mais dans le fond, ça n'a pas changé depuis le début de la saison. Il est juste un peu plus réaliste aujourd'hui.

Au mois de septembre, les joueurs des 30 équipes de la LNH vous diront la même chose : ils amorcent la saison dans l'espoir de soulever la Coupe. Ça, ce n'est même pas une question. Les Blue Jackets sont peut-être au dernier rang dans l'Ouest, mais au début de l'année, ils pensaient connaître une très bonne saison. On pourrait dire exactement la même chose du Canadien dans l'Est.

Chez les Blues, on est présentement positionné pour viser l'avantage de la glace pour la durée des éliminatoires, ou des choses du genre. On se concentre sur la tâche à accomplir sans faire l'erreur de tomber dans la complaisance.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.