NEW YORK – Les séries 2014 auront permis à la moitié des vingt joueurs du Canadien qui ont serré la main de ceux des Rangers au terme de la finale de l’Est d’au moins doubler leur bagage d’expérience en matchs éliminatoires.

Aucun des trois membres du premier trio composé de Max Pacioretty, David Desharnais et Brendan Gallagher n’avait autant de matchs printaniers au compteur que les 17 qu’ils ont ajoutés à leur fiche au cours des dernières semaines. Lars Eller, Alex Galchenyuk, Rene Bourque et Mike Weaver n’avaient jamais joué au hockey à la fin mai. Même chose pour Alexei Emelin et Dale Weise, dont le parcours a pris fin à l’infirmerie.

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Pour Michaël Bournival, Nathan Beaulieu et Dustin Tokarski, le baptême fut complet. Il y a aussi Jarred Tinordi qui n’était pas très loin.

Ce constat permettait d’alléger quelque peu le poids de la défaite dans le vestiaire du Canadien après l’élimination de l’équipe jeudi soir.

« On a beaucoup de jeunes au sein de notre équipe, des gars qui n’ont qu’une année ou deux d’expérience dans la Ligue nationale, et ils ont beaucoup appris au cours de ces séries éliminatoires. C’est une bonne façon d’apprendre pour l’avenir. Il ne fait pas de doute qu’ils vont grandir dans l’épreuve qu’on vient de vivre », se consolait Michel Therrien sous les gradins du Madison Square Garden.

« Il y a tant d’éléments positifs à retenir, insistait P.K. Subban. Au début de l’année, personne ne s’attendait à ce qu’on se qualifie pour les séries, encore moins à ce qu’on accède au carré d’as. Nous avons accompli de grandes choses. Nous avons un groupe solide et un brillant avenir. »

« Vous l’avez vu l’an dernier, cette équipe-là a appris beaucoup. On était déjà meilleur en séries ce printemps. C’est sûr qu’avec le noyau de joueurs qui devrait revenir, on devrait être en bonne position l’an prochain », chuchotait Daniel Brière, qui est encore sous contrat pour une autre saison avec le Canadien.

Brière vivait néanmoins difficilement le moment présent. Malgré ses 124 matchs éliminatoires en carrière, il rêve toujours de sa première coupe Stanley. « Quand tu arrives si près du but, ça fait mal. On va prendre quelques jours pour y penser et laisser les choses se cicatriser un peu. »

« On va tirer des leçons de cette épreuve », promettait aussi Josh Gorges qui, au fil de ses réponses, tentait encore d’assimiler le sentiment de détresse qui l’habitait.

« Il faut vraiment s’approcher à ce point du but pour comprendre à quel point ça fait mal. En neuf ou dix ans dans la Ligue, je ne sais plus trop, j’ai vécu deux fois la finale d’association. C’est logique de penser que la moitié de ma carrière est passée et je n’ai pas encore réussi à atteindre l’étape suivante. C’est difficile. Je suis un peu sous le choc présentement. »

Pacioretty a l’avenir devant lui, mais l’impression d’avoir laissé tomber ses coéquipiers plus âgés semblait lui donner la nausée alors qu’il sombrait dans l’incompréhension devant son casier.

« Danny Brière nous a mentionné à quelques reprises au cours des séries que ces chances comme celle-là ne se présentaient pas très souvent et qu’il fallait en profiter au maximum. C’est pour un gars comme lui que je voulais donner tout ce que j’avais, pour l’aider à gagner. C’est ce qui rend tout ça encore plus frustrant présentement. »

Un avenir prometteur

Pendant que son corps relâchait la pression d’un parcours éreintant au coin de la 8e avenue et de la 33e rue, au cœur de Manhattan, la tête de Pacioretty s’est évadée l’instant d’une minute à Boston. C’est peut-être là, a-t-il avoué, que tout s’est gâté.

« On a eu tellement de plaisir durant la série contre les Bruins. Peut-être qu’on se croyait un peu trop forts après cette victoire. C’est difficile de mettre le doigt sur la cause exacte de notre descente, mais ça pourrait être une raison, parce qu’on avait l’impression d’être faits sur mesure pour battre les Rangers. Mais il est aujourd’hui bien évident qu’on n’a pas fourni un effort nécessaire. »