BROSSARD  - Le camp des recrues est assurément terminé pour Artturi Lehkonen.

Devant les caméras, le jeune Finlandais donne l’impression d’avoir perdu cette belle candeur qui le caractérisait lors de ses premiers contacts avec les médias montréalais. Plus succinct dans ses réponses, on dira à la blague, en soupçonnant aussi un brin de timidité, qu’il montre déjà un certain potentiel à maîtriser la fameuse « cassette ».

Mais c’est surtout sur la glace, là où ça compte vraiment, que Lehkonen est passé à un autre niveau. Finies les expériences avec les autres recrues et pas question de le jumeler à de quelconques joueurs invités. Déterminé à savoir ce que ce petit ailier gauche qui n’a aucune expérience professionnelle à l’extérieur de l’Europe peut lui apporter, Michel Therrien a profité de l’absence de Max Pacioretty pour le placer à l’aile gauche d’Alex Galchenyuk et Brendan Gallagher lors des deux premiers jours du camp d’entraînement.

« Oui, au départ ça m’a étonné, a admis Lehkonen. Pour le premier jour du camp, je me retrouvais avec deux attaquants incroyables. Ça a été une agréable surprise. Je dirais que c’est très instructif de jouer avec deux joueurs aussi talentueux qui produisent déjà à un niveau élevé dans la Ligue nationale. »

Par la force des choses, Lehkonen s’est donc retrouvé confronté plus souvent qu’autrement à l’autre « gros trio » du camp d’entraînement. De sa position à l’aile gauche, il  régulièrement fait face à la rapidité d’Alexander Radulov où à la fougue d’Andrew Shaw.

« C’était un bon test, il n’y a pas de doute! », a approuvé Lehkonen en souriant.

« Dans une situation comme la sienne, on regarde surtout s’il est capable de suivre le tempo, s’il est capable de compléter les jeux. Jusqu’à maintenant, il nous démontre que oui », a jugé Therrien au terme du Jour 2 du camp.

« On arrive dans une semaine importante au cours de laquelle on va disputer cinq matchs en sept soirs, a poursuivi l’entraîneur. Comme plusieurs joueurs, il va avoir l’occasion de démontrer ce qu’il est capable de faire et on va laisser les performances dicter les décisions qu’on prendra en temps et lieu. Mais à date, une chose est certaine, il joue avec des joueurs rapides et il est capable de suivre. »

Déjà, la veille, Therrien avait indiqué que le statut particulier de Lehkonen - le Canadien sera contractuellement obligé de retourner en Suède s’il est incapable de lui faire une place au sein de sa formation - l’inciterait à lui donner un maximum de chances de se mettre en valeur.

« Ce n’est pas la situation idéale pour nous, mais c’est pour ça qu’on veut le mettre dans une position où on peut voir comment il est capable de lire le jeu avec des gars de la Ligue nationale et de s’adapter au rythme. À date, il est capable de le faire », a réitéré le coach.

Lehkonen prendra avec plaisir toute la glace qu’on lui donnera, mais il sait que les résultats devront être au rendez-vous.

« Il y a toujours de la pression, alors l’identité de mes partenaires ne change rien. Je suis ici pour un poste et je veux montrer ce que j’ai dans le ventre. Mentalement, je suis prêt à faire le saut. »

L’approbation des compagnons de trio

En attendant de pouvoir démonter son réel savoir-faire lors des matchs préparatoires, Lehkonen peut au moins se dire qu’il a réussi à faire une bonne première impression auprès de ses compagnons de trio temporaires.

« Il a du talent et il travaille fort, a tout de suite remarqué Galchenyuk. Ce qui m’impressionne le plus, c’est sa capacité à fabriquer des jeux. Le niveau de compétition est toujours élevé dans ces matchs intra-équipe et le jeu est un peu décousu parce que tout le monde tente de retrouver ses sensations, mais on peut voir qu’il n’a pas peur de ralentir le jeu et de tenter de repérer ses compagnons de trio, que ce soit moi ou Gally. C’est un joueur créatif, c’est que je préfère de lui. »

« Je le trouve bon, a approuvé Gallagher. Il est intelligent, ne triche pas offensivement et se positionne bien. [...] Il me posait beaucoup de questions sur le système de jeu. Chucky et moi ne sommes pas trop vieux, alors c’est possiblement moins intimidant pour lui. C’est sûr que je n’hésiterai pas à l’aider. »

Les deux complices ont abondé dans le même sens en spécifiant qu’il était difficile de juger un nouveau joueur après seulement deux entraînements, mais Galchenyuk ne croit pas que Lehkonen ait à rougir devant des joueurs de la Ligue nationale.

« Il n’est pas loin d’être prêt, c’est sûr », estime le jeune marqueur de 30 buts.

La prédiction de Saku

En plus de sentir l’appui des membres actuels de la Flanelle, Lehkonen peut compter sur le vote d’un ancien qui a meublé une partie de sa jeunesse. Dans une récente entrevue accordée au site Habs Eye On The Prize, Saku Koivu s’était dit confiant de voir son jeune compatriote se tailler une place dans la formation montréalaise.

« Je n’ai pas entendu ses commentaires, mais on m’en a parlé, a réagi l’attaquant de 21 ans. J’étais un peu surpris de constater qu’il avait parlé de moi, c’est un immense honneur. Saku a été l’un des plus grands capitaines de l’histoire de la Finlande et il a joué longtemps ici à Montréal. Il portait aussi le ‘C’. »

Lehkonen avait 13 ans lorsque Koivu a disputé sa dernière saison à Montréal. Ses souvenirs de l’ancien capitaine dans l’uniforme bleu-blanc-rouge sont un peu vagues, mais il est parfaitement conscient de la place qu’occupe son compatriote dans l’histoire du hockey finlandais.

« Je n’ai pas vraiment eu la chance de le voir à la télévision quand il jouait ici, je suis un peu trop jeune! À l’époque, il n’y avait pas beaucoup de rencontres de la LNH à la télévision en Finlande et de toute façon, c’était trop tard. Je ne pouvais obtenir la permission de ma mère ou de mon père! »