Toronto 3 - Montréal 2 : Une bête noire, mais de l'espoir

MONTRÉAL – Le constat s'était faufilé dans une longue réponse de Kori Cheverie après la victoire de ses troupes jeudi soir. Contemplant déjà le match contre Toronto qui apparaissait à l'horizon, l'entraîneuse-chef montréalaise avait suggéré que ses joueuses souffraient peut-être d'un « blocage mental » contre leurs rivales de la Ville Reine.

À l'origine de cette hypothèse : les mauvais résultats accumulés depuis le début de la saison contre les détentrices du premier rang du classement de la LPHF.

Avant de se retrouver au Centre Bell, Montréal et Toronto étaient entrées en collision à quatre reprises. Chaque fois, les Québécoises étaient ressorties plus amochées du choc. Aucune victoire, deux défaites par blanchissage, seulement quatre buts marqués. Un bien triste bilan. En quatre départs contre Montréal, la gardienne Kristen Campbell affichait une moyenne de buts alloués de 0,98 et un taux d'efficacité de ,957.

« Toronto a notre numéro cette saison », n'a pu que constater Marie-Philip Poulin en entrevue avant de se mettre à l'écriture du cinquième chapitre.

Les frustrations des Montréalaises n'ont pas nécessairement été apaisées samedi. Un doublé de Sarah Nurse et une prestation de 37 arrêts de Campbell ont prolongé la domination des dames en bleu. À deux reprises, un but en fin de période a permis aux favorites locales de combler un déficit, seulement pour être achevées de façon expéditive en prolongation.

Malgré tout, Cheverie était encouragée par ce qu'elle avait vu.

« Notre équipe est généralement plutôt silencieuse après une défaite et je sais que ce match avait une signification particulière pour de nombreuses raisons, mais il y a tant d'éléments positifs à en soutirer. Ce résultat nous laisse avec des sensations différentes de nos autres matchs contre Toronto, je le crois sincèrement. Nos filles ont travaillé fort pour trouver des façons de créer plus de chances de marquer, pour être plus efficaces défensivement et pour faire débloquer notre avantage numérique, qui a produit un autre but aujourd'hui. »

« Je suis fière de cette équipe aujourd'hui, a renchéri Cheverie. Ce match est un autre tremplin pour nous dans notre préparation pour les séries. »

Troy Ryan, son homologue torontois, s'est dit « un peu surpris, pour être honnête », des succès répétés de ses filles contre Montréal.

« Je peux vous assurer que je ne m'attends jamais à un match facile contre elles. Je crois que la qualité de nos performances s'explique en partie par la qualité des adversaires de l'autre côté. C'est facile pour nos joueuses de se motiver pour cette affiche. C'est une rivalité naturelle, tout le monde attend impatiemment ces matchs. Il y a un petit quelque chose de différent quand on les affronte. »

Pas d'huile sur le feu

Les deux points soutirés en temps supplémentaire samedi ont permis à Toronto de devenir la première équipe à assurer sa qualification pour les séries éliminatoires. Avec 38 points en 21 matchs, l'équipe de la métropole ontarienne devance Montréal par deux points. L'équipe du Minnesota, qui a autant de points que Montréal, mais qui a joué un match de moins, est coincée entre les deux géants canadiens.

Un règlement de la LPHF permettra aux détenteurs du premier rang au classement de choisir, entre les équipes classées troisième et quatrième, son adversaire pour le premier tour des séries. Si l'ordre actuel des choses devait rester inchangé, Toronto aurait donc l'option de choisir d'affronter Montréal plutôt que de favoriser le candidat mathématiquement plus faible.

Un coquin confrère a demandé à Ryan s'il choisirait Montréal dans de telles circonstances.

« Tu penses vraiment que je vais répondre à ça! », a répondu du tac au tac l'entraîneur d'expérience, provoquant un éclat de rire généralisé dans la salle. « Si je devais répondre tout de suite, en me basant sur la performance qu'elles ont donnée ce soir, je dirais que non. Mais on parlera en temps et lieu. »

À la lumière de son résultat du jour, Montréal aurait aussi pu confirmer sa place en séries avec une défaite de Boston un peu plus tard. Les filles du Massachussetts ont toutefois vaincu New York 2-1, maintenant un écart de sept points avec Montréal avec trois matchs à jouer.

Une victoire en temps réglementaire mercredi prochain à Verdun, contre New York, officialiserait la qualification montréalaise.

« Il faut continuer à aller de l'avant, il reste trois matchs à la saison, insistait Poulin samedi. On va profiter du moment, mais il reste trois matchs très importants. Ça va être important de prendre un peu de repos et de revenir au travail. »