BROSSARD – Peter Budaj n’est pas rancunier. Désireux de tourner la page sur une fin de saison contrariante, il souhaite néanmoins écrire le prochain chapitre de sa carrière à Montréal.

L’auxiliaire déchu du Canadien n’a pas caché que sa récente dégradation au sein de la hiérarchie du club l’avait amèrement déçu, mais pas au point, assure-t-il, d’exiger un changement de décor.

« Il reste une année à mon contrat et j’aimerais la passer ici. On verra bien ce qui va arriver, mais j’ai l’intention d’honorer mes engagements », a annoncé Budaj, qui touchera un salaire de 1,4 M$ pour la deuxième et dernière année de l’entente qui l’unit au Tricolore.

Comme la plupart des observateurs, Budaj croyait bien que Michel Therrien lui confierait le filet lorsque Carey Price est tombé au combat dans le premier match de la finale de l’Est. Mais deux jours après qu’il eut accordé trois buts en 20 minutes en relève immédiate à son coéquipier tombé au combat, on lui a appris qu’il n’aurait pas l’occasion de se reprendre. La mission de relancer l’équipe reviendrait plutôt au jeune Dustin Tokarski, un gardien de la Ligue américaine avec à peine une dizaine de matchs d’expérience dans la LNH.

« Ça a été décevant. Tout le monde veut jouer et je pensais que ma chance était arrivée, mais il y a certaines situations sur lesquelles on n’a aucun contrôle. C’en est une », a-t-il répété lors de son passage dans le vestiaire du complexe d’entraînement du Canadien pour se prêter au bilan de fin de saison de l’équipe.

Budaj a été mis au courant des intentions de son patron le jour du deuxième match de la série contre les Rangers de New York, avant de sauter sur la glace pour l’entraînement matinal.

« La conversation a été brève. Le coach n’avait pas vraiment à se justifier en long et en large, mais il a néanmoins pris la peine de le faire. Il a suivi son instinct en faisant ce qu’il croyait être bon pour l’équipe. Je n’étais pas d’accord, mais je ne pouvais que respecter son choix. »

« C’est la nature du métier qu’on exerce. Il n’y a qu’un filet et il ne peut y avoir qu’un seul gardien. »
La réaction de Budaj face à son sort lui a valu des éloges aux quatre coins du vestiaire. On l’a qualifié de coéquipier exemplaire, une réputation à laquelle il s’est efforcé de faire honneur.

« La situation n’était pas facile, mais je voulais jouer du mieux que je pouvais les cartes qui m’avaient été distribuées. Je voulais être à la place de Dustin, mais il porte le même logo que moi sur son chandail et je devais être là pour lui. Je me suis concentré sur mon éthique de travail et sur les petites choses que je pouvais faire pour donner mon appui au reste de l’équipe. Sans oublier que si une autre malchance devait survenir, je devais être prêt. Je ne pouvais pas me permettre de me laisser distraire par ce qui m’arrivait. »

Et Budaj sent que ses coéquipiers lui ont bien retourné l’ascenseur.

« Pour eux, la meilleure façon de me remonter le moral était de gagner. Tout le reste, ça n’aurait rien changé. Et les gars ont travaillé très fort. Tout le monde s’est rallié autour de Dustin, qui a bien répondu à l’appel. Il nous a donné une chance de gagner, il a connu une grosse série. »

Toujours en confiance

Budaj promet que les récents événements n’ont pas ébranlé sa confiance. « Si c’était le cas, je ne travaillerais vraiment pas dans le bon domaine! », a-t-il rigolé.

Malgré tout, le rejet dont il a été victime soulève des questions quant aux plans à court terme de l’organisation. Budaj, qui a obtenu 48 départs en trois saisons avec le Canadien, a-t-il toujours un avenir à Montréal?

« J’ai prouvé que je peux aider l’équipe à gagner contre n’importe quel adversaire et je crois qu’on a encore confiance en mes capacités de le faire. Mais dans le monde du sport, nos accomplissements passés ne veulent rien dire. Ça n’a rien à voir avec ce que je mérite ou non. J’essaie toujours de mériter mon temps de jeu en travaillant fort et en obtenant de bons résultats. Le reste, c’est hors de mon contrôle. »

Tokarski : une préférence évidente

La décision de tourner le dos à son vétéran n’est jamais revenue hanter Therrien.

En cinq départs contre les Rangers, Tokarski s’est assez bien tiré d’affaire pour offrir l’immunité à son entraîneur. Il a maintenu une moyenne de buts alloués de 2,60 et un taux d’efficacité de ,916.

« L’expérience a été incroyable. C’est toute une opportunité qu’on m’a donnée. J’ai pris mon pied en jouant dans les séries et ce fut un honneur de représenter cette équipe », a exprimé le jeune cerbère.

Tokarski préfère attendre un peu avant de penser à son avenir. S’attend-il à pouvoir batailler pour un poste avec le grand club au prochain camp d’entraînement? C’est un pont qu’il ne traversera que lorsqu’il y aura une rivière à franchir.

Mais si on lui donnait le choix : un rôle de dauphin dans la Ligue nationale ou une charge de travail plus corsée dans la Ligue américaine?

« C’est une question assez facile », a répondu l’athlète de 24 ans, sourire en coin, avant de partir en vacances.