Malgré la défaite crève-cœur encaissée jeudi et en dépit de la haine viscérale qu’ils vouent à leurs adversaires du Canadien, les Bruins ont unanimement et vigoureusement condamné les propos racistes qui ont déferlé à l’endroit de P.K. Subban après que le défenseur du Tricolore eut marqué le but gagnant en début de deuxième période de prolongation.

Par le biais de Twitter et d’autres médias sociaux, des fans en colère des Bruins ont multiplié les messages racistes par le biais desquels ils traitaient le défenseur du Canadien de nègre.

Des propos non seulement injurieux, mais qui démontrent le haut niveau d’insignifiance de leurs auteurs quand on considère que Jarome Iginla, l’un des piliers de l’édition actuelle des Bruins, est noir. Que Malcolm Subban, le frère du défenseur du Canadien qui était d’ailleurs dans les gradins en compagnie de ses parents, est considéré comme le gardien d’avenir des Bruins qui en ont fait leur premier choix au repêchage de 2012. Sans oublier que les Bruins ont fait une place dans leur vestiaire à Willie O’Ree qui, en 1957-1958, est devenu le premier joueur de couleur à atteindre la Ligue nationale.

Mais bon ! Quand j’entends les fans des Bruins scander des USA ! USA ! USA ! pour encourager une équipe dont le capitaine est Slovaque, ses adjoints Québécois et Tchèque, le gardien est Finlandais et qui ne compte que quatre Américains au sein de son vestiaire, je me dis qu’on doit s’attendre à tout.

«Ceux qui ont tenu ces propos inacceptables se considèrent peut-être des partisans des Bruins, mais ils ne le sont pas. Ils ne représentent en rien ce qu’est l’organisation des Bruins et nous ne voulons pas d’eux», a tranché Claude Julien.

L’entraîneur-chef des Bruins a été le dernier membre de son organisation à prendre la parole pour décrier les commentaires racistes qui ont terni la réputation des Bruins et de la ville de Boston. D’ailleurs, Marty Walsh, le maire de cette ville qui est le berceau de la démocratie aux USA, a tenu à condamner les propos haineux en invitant les partisans des Bruins à faire preuve de respect et de fair-play.

« Je suis extrêmement déçu de la situation »

S’il est tout à fait normal de voir le Canadien au grand complet se porter à la défense de Subban, il était bon de voir le sérieux que les Bruins ont accordé à leurs réactions vives pour se dissocier des propos haineux à l’endroit du défenseur du Canadien. Le président Cam Neely, par le biais d’un communiqué, a donné le ton vendredi matin. Les joueurs présents dans le vestiaire ont ensuite emboîté le pas.

«C’est déplorable, c’est inacceptable, c’est inexcusable», a plusieurs fois répété Patrice Bergeron autant en français qu’en anglais alors que la majorité des questions posées aux joueurs des Bruins était reliée aux propos injurieux tenus à l’endroit de Subban plutôt qu’à sa performance de deux buts et à la victoire que lui et son coéquipier gardien Carey Price ont soutirée dans le cadre du premier match de la série.

«Ces remarques sont inappropriées et n’ont pas leur place dans notre sport, dans n’importe quel autre sport ou dans n’importe quelle sphère de la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Je me sens mal ce matin», a poursuivi son capitaine Zdeno Chara.

«C’est désolant. P.K. Subban est un adversaire coriace. Je ferais tout pour le neutraliser et battre le Canadien, mais jamais je ne pourrais dire une chose semblable. Ce qui me désole le plus dans tout ça c’est que les propos de quelques imbéciles ternissent l’image de notre équipe, de notre organisation et de notre ville. C’est aussi insensé quand on considère la présence de Jarome et celles de tous les grands athlètes noirs qui ont défendu, ou défendent encore, les couleurs des Red Sox, des Celtics et des Patriots», a indiqué Milan Lucic.

Procès des médias sociaux

Après ces réactions normales des Bruins face aux propos racistes à l’endroit de Subban, Milan Lucic, qui a lui-même plusieurs fois fait l’objet de propos haineux, s’est ensuite attaqué à une autre facette du problème.

Une facette encore plus importante.

«On m’indique que ces commentaires se sont propagés par l’entremise de Twitter et des médias sociaux. Voilà l’exemple parfait qui explique pourquoi je me tiens très loin de ça. Une poignée d’ignorants peuvent créer une situation comme celle dans laquelle nous nous trouvons ce matin sans même à devoir en payer les conséquences», a martelé Lucic.

Le gros attaquant a bien raison.

Du racisme ... en 2014

Plus tôt cette semaine, Adam Silver, le nouveau commissaire de la NBA, a banni à vie le propriétaire de Clippers de Los Angeles Donald Sterling pour des propos racistes. Il lui a aussi imposé une amende de 2,5 millions $.

Donald Sterling est un milliardaire qui n’a sans doute rien à voir avec les imbéciles qui s’en sont pris à P.K. Subban sous le couvert de l’anonymat des médias sociaux. En plus, il traine une longue liste d’antécédents témoignant d’un racisme bien ancré en lui. Il était donc facile à identifier, à sanctionner, à clouer au pilori.

Dans le cas qui nous occupe, c’est bien différent.

Qui sont les auteurs de ces remarques qui sont ensuite devenues virales alors qu’elles étaient propagées par d’autres pas plus brillants et beaucoup d’autres qui tenaient eux à la condamner ?

On ne le sait pas.

Et même si on arrivait à remonter jusqu’à eux, on pourrait se trouver dans un cul-de-sac puisque ces fauteurs de trouble, ces pleutres toujours prêts à critiquer, à insulter, à injurier, le font sous des pseudonymes qui rendent difficiles, voire impossibles, les opérations visant à la retrouver. À les condamner.

Ce matin autour de la patinoire du centre d’entraînement des Bruins, à Wilmington en banlieue nord de Boston, les journalistes de Boston, de Montréal et de Toronto étaient impliqués dans un débat intéressant.

Non ! On ne parlait pas des chances des Bruins de revenir dans la série ou de Carey Price de museler Boston en donnant trois autres victoires au Canadien.

On parlait de l’importance qu’il fallait accorder aux auteurs de ces propos qui ont fait tache d’huile dans les heures qui ont suivi le but victorieux de P.K. Subban.

Est-ce que le fait d’en parler, de donner de l’importance à des propos qui ne devraient pas en obtenir, ne sert pas justement la cause de ces auteurs qui sont sans doute très fiers d’eux aujourd’hui alors qu’ils devraient avoir honte, ou se terrer afin d’éviter d’être retrouver et museler comme ils devraient l’être ?

Peut-être.

Est-ce que le fait que 17 000 messages aient été relevés par Influence Communication qui se spécialise justement dans ce genre d’analyse sur la portée d’une nouvelle ou de commentaires autant sur les plates-formes traditionnelles d’informations ou sur les médias sociaux justifie une attention comme celle accordée ce matin à Boston ?

Je n’ai pas de réponse à offrir à cette question.

Je sais toutefois une chose : c’est que si j’arrive – et non sans peine parfois, même trop souvent – à rester indifférent à l’endroit des commentaires idiots et injurieux qui me sont adressés quotidiennement simplement parce que je n’ai pas le CH tatoué sur le cœur et que je ne me gêne pas de critiquer le Canadiens quand je juge qu’il doit l’être, il m’est impossible de fermer les yeux, les oreilles et la raison devant des propos racistes comme ceux reprochés à Donald Sterling, comme ceux dirigés à l’endroit de P.K. Subban.

Oui, en dénonçant de tels commentaires, on leur donne de la visibilité, de l’importance. Et c’est déplorable, j’en conviens.

Mais en les ignorant, on fait pire. On donne l’impression qu’on les endosse sans toutefois les endosser.

À deux maux, j’aime autant aller au front pour me battre contre la bêtise humaine, même si je sais que la guerre est inégale et que j’ai plus de chance de la perdre que de la gagner, que de me taire et de m’avouer vaincu sans rien dire, sans rien écrire.

Voilà !

Bruins-CH : on se prépare pour samedi

Et le hockey dans tout ça ?

Les Bruins avaient relative bonne mine vendredi matin. Tuukka Rask qui s’était flagellé devant les journalistes après une sortie bien ordinaire avait repris du poil de la bête. Selon ce que Claude Julien et ses coéquipiers ont dit.

«C’est Tuukka qui était Tuukka. Ça démontre son niveau de compétition», ont plaidé Julien et les joueurs des Bruins afin de défendre leur gardien que plusieurs croient au tapis devant la prestation de Carey Price jeudi.

«Price a très bien joué, mais nous ne sommes pas abattus. Nous avons disputé un bon match, mais il y a encore place à amélioration» a mentionné Zdeno Chara.

La plus grande amélioration que les Bruins pourraient apporter serait de cesser de multiplier les passes de trop en territoire du Canadien. Car à ce jeu, ils se sont privés de plusieurs bonnes occasions de marquer. Sans oublier qu’ils en ont gaspillé plusieurs.

«Nous avons gaspillé plusieurs occasions en or de marquer. Et je ne parle pas ici de deux ou trois. Je parle de plusieurs. Malgré tout, nous avons été en mesure de marquer trois buts contre Carey», a commenté l’entraîneur-chef Claude Julien.

«On doit marquer davantage. C’est évident. Pour y arriver, il faudra cesser de chercher le jeu parfait, car rien n’a besoin d’être parfait. Il faudra aller au filet, tirer profit des retours et peut-être de quelques bonds favorables de notre côté. Il faut prendre les moyens pour maximiser nos chances de marquer. Ce que nous n’avons pas fait lors du premier match», a conclu Chara.

Dans le camp du Canadien ?

Il faudra bien sûr que Carey Price soit égal à lui-même pour donner une chance à son équipe de gagner. Mais parce qu’il lui sera difficile d’être aussi bon, voire meilleur, que jeudi, il me semble que Michel Therrien devrait modifier sa formation.

Je ne sais pas pour vous, mais je peine de voir Brandon Prust tenter d’aider son club alors qu’il semble physiquement incapable de le faire. Je veux bien croire qu’il est un guerrier et que le simple fait qu’il joue en dépit de ce qui semble être une sérieuse blessure à une épaule et/ou aux côtes représente une source de motivation pour ses coéquipiers.

Mais quand même ! Il ne peut se faire justice et résister aux assauts des Bruins. Encore moins aller les frapper avec la vigueur qu’il est normalement en mesure d’afficher.

Tant qu’à voir Prust dans cet état, il me semble que Ryan White pourrait faire mieux.

Et que dire de Travis Moen ?

J’étais de ceux qui croyaient nécessaire la présence de Moen face aux Bruins. En raison de son physique et de son expérience, j’étais convaincu qu’il donnerait de meilleurs services au Canadien que le jeune Michael Bournival.

À la lumière du premier match, je n’en suis plus sûr du tout.

Moen n’a pas joué depuis longtemps. C’est vrai. Mais il est tellement plus lent que Bournival que sa présence au sein du quatrième trio a enlevé à Daniel Brière et Dale Weise la vitesse d’exécution qui permettait à ce 4e trio de contribuer.

Alors Bournival de retour à la place de Moen et White à la place de Prust – même si cela entraîne des changements au sein des trios – je serais en faveur d’être pour.

On le saura samedi midi.