À quelques heures du premier match à domicile de la saison 2014-2015 contre ses grands rivaux venus de Boston, Marc Bergevin a surpris bien des partisans et des observateurs en refusant de placer le nom de son équipe au sein de l’élite de la LNH, voire de l’Association Est. Certains poussent même les hauts cris parce que le directeur général du Tricolore refuse d’assurer une place en séries le printemps prochain.

Je n’arrive pas à comprendre la surprise ou la déception des amateurs et des observateurs à l’endroit du manitou du Canadien.

Vous auriez voulu quoi au juste? Que Bergevin soutienne que son équipe devrait se sauver avec les grands honneurs dans l’Est pour ensuite chauffer les champions de l’Ouest en finale de la coupe Stanley.

S’il s’était permis ce genre de déclaration, là il faudrait mettre en doute le patron du Canadien. Car avec une telle déclaration, il aurait glissé une grosse corde autour du cou de son entraîneur-chef en le sommant de gagner sans quoi il ne verrait pas le début de sa prolongation de contrat. Il aurait aussi moussé les attentes déjà très élevées des partisans rendant difficile, voire impossible, les chances de les satisfaire.

Petite note historique pour appuyer mon point de vue.

À la fin des années 1990, alors que Réjean Houle était le directeur général du Canadien, le Tricolore avait mis le cap sur les Rocheuses canadiennes pour compléter son camp d’entraînement. À l’extérieur de l’aréna, dans le décor féérique de Banff, le bon Réjean, qui conversait avec les journalistes affectés à la couverture de son équipe, avait assuré une place en séries au Canadien.

La déclaration avait de quoi surprendre, car le Canadien était alors très loin de faire partie de l’élite de l’Association est. Beaucoup plus loin qu’il ne l’est aujourd’hui.

Mais parce que Réjean Houle était un homme positif à l’extrême et qu’il n’avait pas l’ombre d’une malice dans le cœur et la tête, il avait lancé cette remarque sans se méfier des conséquences.

Une fois la promesse lancée, les journalistes avaient défilé le nom des autres équipes de l’Est en demandant à Réjean si elles seraient ou non des séries. Nous étions rendus à huit ou neuf noms de clubs que Réjean Houle avait placés en séries et le Canadien n’avait pas encore été mentionné.

Comme de fait, le Canadien avait été évincé des séries…

En affichant des objectifs timides, Marc Bergevin s’est donc assuré de mettre toutes les chances de son côté.

Si le Canadien se hisse en séries, ce sera une première victoire. S’il se hisse parmi les meilleurs de sa division et de l’Association, ce sera une double victoire. Et si le Canadien effectue une belle lancée en séries éliminatoires comme il l’a fait l’an dernier, ce sera la triple couronne.

Mais si, en raison des blessures ou des raisons x, y, z le Canadien atteint difficilement les séries ou les rates, le directeur général pourra toujours rappeler ses observations lancées en début de saison alors qu’il affichait une prudence diplomatique quant aux objectifs de la saison.

Des objectifs publics ont s’entend.

Car avec ses proches amis et derrière les portes-clauses au Centre Bell, avec ses adjoints, son coach et le reste de l’état-major, il n’est pas exclu que le directeur général tienne des commentaires différents.

À mes yeux, comme aux yeux de plusieurs, le Canadien n’a pas grand-chose à envier aux équipes de tête de sa division. Les Bruins sont peut-être un peu meilleurs que le Tricolore. Le Lightning, au-delà de la dégelée de 7-1 qu’il a infligée au Canadien lundi, ne peut être considéré comme un club largement supérieur au Tricolore.

Pittsburgh? New York? Et je parle ici des Rangers et non des Islanders. Le Canadien n’est pas loin derrière. S’il est derrière.

Mais en bon directeur général qu’il est, en sachant très bien qu’il a plus à perdre qu’à gagner en attisant la passion déjà très effervescente des partisans, Bergevin n’a pas été défaitiste du tout en ajoutant le nom du Canadien à ceux des clubs qui se battront jusqu’à la fin de la saison pour assurer leur place en séries. Il a simplement été un brin prudent et deux brins intelligent!

Le Canadien avec Carey Price devant le filet, Alexei Emelin de retour à la gauche de P.K. Subban et Jarred Tinordi qui a été préféré à Nathan Beaulieu, reçoit les Bruins au Centre Bell à 19 h 30.

Ce sera le premier duel depuis l’élimination des Bruins par le Canadien en deuxième ronde des séries, le premier depuis les menaces lancées par Milan Lucic à l’endroit d’Emelin et Dale Weise.

Si je m’attends à du grabuge? Non! Pas du tout.

À moins qu’une équipe ou l’autre ne se sauve rapidement avec une avance insurmontable.

On verra.

Bon match!