Après une période mardi soir au Centre Bell, le Canadien donnait l’impression d’être fatigué. Non! Il semblait épuisé. Dominés 15-3 au chapitre des tirs au but, les joueurs du Tricolore étaient encore dans le coup malgré la nette et outrageuse domination des Coyotes venus de Phoenix grâce à leur gardien Carey Price et aux arrêts qu’il venait de multiplier.

Ça rouspétait déjà dans les gradins. Sur la galerie de presse, on se demandait quel qualificatif utiliserait l’entraîneur-chef Michel Therrien dans son analyse d’après-match pour justifier pareille déconfiture. Après avoir plaidé la fatigue dimanche au terme du revers de 2-1 encaissé aux mains des Panthers de la Floride, il irait jusqu’où pour expliquer une autre performance décevante de son club.

On ne le saura jamais.

Car d’épuisés qu’ils étaient au premier tiers, les joueurs de Michel Therrien ont profité d’un survoltage au cours de la période médiane. Un survoltage qui leur a permis d’inverser les rôles avec leurs adversaires. De dominés qu’ils étaient après 20 minutes, les joueurs du Tricolore se sont mis à dominer. De chahutés qu’ils étaient en première, les joueurs de Michel Therrien ont finalement été ovationnés après qu’ils eurent offert à leurs partisans devant qui ils évoluaient une dernière fois avant la pause des Fêtes une victoire de 3-1 en cadeau.

Trois buts pour le CH? Dans un même match?

Yes sir!

Deux de ces trois buts sont venus lors d’attaques massives. C’est vrai. Et le troisième a été marqué dans un filet désert. C’est vrai.

Mais parce que c’était la première fois en quatre matchs que le Tricolore y allait d’une telle performance offensive, que ces trois buts sont venus au troisième tiers, donc après une séquence de 15 périodes (en temps réglementaire) au cours desquelles il s’était contenté de deux petits buts, on ne s’empêchera pas de célébrer pour si peu.

Unités très spéciales

Le Canadien a donc marqué ses deux buts en attaque massive. Après une disette d’un but en 19 avantages numériques, le Canadien a fait mouche deux fois en quatre tentatives hier.

C’est très bien.

S’il est indéniable que l’attaque massive a joué un rôle de premier plan dans la première remontée gagnante du Tricolore au dernier tiers – le Canadien était 0-10-1 lorsqu’il tirait de l’arrière après 40 minutes de jeu après ses 35 premières parties – c’est à l’efficacité de ses spécialistes en désavantage numérique que Michel Therrien doit sa 21e victoire de la saison.

Menés par Douglas Murray à qui il est nécessaire de rendre hommage pour la qualité de son travail à court d’un homme, les spécialistes du travail à quatre contre cinq ont été parfaits encore hier.

Avec la complicité de Carey Price bien sûr, ces spécialistes ont écoulé les quatre désavantages numériques qu’ils ont affrontés.

lls ont empêché les Coyotes de prendre une avance démesurée au premier tiers en écoulant une pénalité bête écopée par Daniel Brière en zone offensive dès la quatrième minute de jeu.

Ils ont fait de même lorsque Max Pacioretty, pas plus fin que Brière ne l’avait été en début de rencontre, a donné une jambette au gardien Mike Smith qui était sorti de son demi-cercle pour relancer l’attaque de son équipe.

Ils l’ont surtout fait en début de période médiane lorsque Brandon Prust, l’un des rares qui affichaient un brin ou deux de conviction jusque-là dans la rencontre, a écopé deux minutes pour un débordement de rudesse et deux minutes de plus pour un débordement verbal que l’arbitre Paul Devorski n’a vraiment pas aimé.

À voir avec quelle vigueur le vétéran arbitre a signalé cette deuxième infraction, il était clair que Prust ne venait pas de lui demander s’il croyait au père Noël…

Ces quatre minutes auraient pu couler le Canadien. Le noyer même si les Coyotes avaient marqué ne serait qu’une fois.

C’est tout le contraire qui est arrivé. Non seulement les Coyotes n’ont pas marqué, ils ont été limités à un seul petit tir au but.

Cette performance a changé le cours du match. Car une fois Prust revenu au jeu, les deux équipes ont inversé les rôles et le Canadien a finalement gagné.

Plus le match avançait, moins le Canadien semblait fatigué.

Comme quoi la victoire est un bien meilleur remède que le sommeil pour aider les joueurs du Canadien à composer avec la fatigue.

La victoire a aussi permis à Michel Therrien de concentrer ses commentaires aux aspects positifs du match. Il a même prétendu que son club avait été meilleur qu’on lui en donnait le crédit au cours du premier tiers.

Pas sûr que ces commentaires auraient été aussi positifs si son club avait perdu. Mais bon…

En passant, le Canadien a modifié ses duos de défenseurs au cours du match de mardi face aux Coyotes. P.K. Subban s’est retrouvé avec Josh Gorges et Andrei Markov a renoué avec Alexei Emelin.

Comme je l’écrivais hier, ces permutations aideront la cause du Canadien. J’en suis convaincu. Autant dans l’aspect offensif que l’aspect défensif du jeu.

On va se donner le temps avant de juger, mais Josh Gorges, avec un plongeon extraordinaire, a mis un terme à une descente à 4 contre 1 des Coyotes, une descente obtenue après un revirement coûteux dont P.K. Subban venait de se rendre coupable.

Carey Price, l’entraîneur-chef Michel Therrien, mais surtout P.K. lui-même ont apprécié le jeu défensif de la rencontre réalisé par Gorges.

Smith se fait connaître

S’il est vrai que Carey Price a permis au Canadien de demeurer dans la rencontre au premier tiers, son vis-à-vis Mike Smith a privé le Tricolore de quelques buts à l’autre bout de la patinoire. Contre Alex Galchenyuk en fin de deuxième et plusieurs fois en troisième, Smith a effectué des arrêts du tonnerre. Des arrêts qui ont permis aux amateurs qui ne le comprenaient pas encore de réaliser pourquoi son nom est associé à ceux de Carey Price et Roberto Luongo dans la course aux postes des gardiens qui défendront les couleurs du Canada dans moins de deux mois aux Jeux olympiques de Sotchi.

Smith s’est aussi attiré les huées des fans du Canadien qui lui ont imputé la responsabilité de la pénalité écopée par Max Pacioretty qui a fait trébucher le gardien des Coyotes en première.

Réglons une chose tout de suite : Max Pacioretty méritait la pénalité qu’il a écopée. Sans même donner l’impression de vouloir s’occuper de la rondelle que Smith contrôlait, Pacioretty a clairement glissé son patin derrière la jambe droite du gardien.

Est-ce que Smith en a mis un peu, pas mal, beaucoup pour convaincre les arbitres de sévir aux dépens du meilleur marqueur du Canadien?

Peut-être. Peut-être même qu’il aurait mérité une pénalité pour s’être transformé en joueur de soccer en feignant l’agonie alors qu’il souffrait à peine d’une petite grippe.

Mais ça n’enlève pas la responsabilité du meilleur marqueur du Canadien sur le jeu.

En passant, est-ce que vous trouvez que Pacioretty exagère en transformant son hockey en épée qu’il replace dans son fourreau lorsqu’il célèbre ses buts?

Je n’aime pas ces célébrations un brin ou deux fanfaronnes. Surtout après un but marqué dans un filet désert. Mais bon! C’est une question de goût.

J’aimerais savoir si c’est à votre goût, ou de mauvais goût…

Chiffres du match

1- Le Canadien a infligé aux Coyotes un premier revers encaissé cette saison (10-1-2) alors qu’ils profitaient d’une avance après 40 minutes de jeu…

2 – Depuis que les anciens Jets de Winnipeg sont devenus les Coyotes de Phoenix (96-97), le Canadien n’a encaissé que deux revers (13-2-4-0) contre le club de l’Arizona…

3 – Avant de marquer ses 13e et 14e buts de la saison, Max Pacioretty a vu trois de ses tirs – d’excellents à part ça – frapper le poteau et la barre horizontale à deux reprises…

6 – Outre ses trois tirs qui ont frappé le poteau – et qui ne comptent pas comme des tirs au but – Max Pacioretty a cadré six rondelles au cours du match de mardi. Bien qu’il ait raté neuf rencontres cette saison, Pacioretty domine le Tricolore avec 104 tirs au but…

7 – Daniel Brière et Michaël Bournival n’ont effectué que sept présences sur la patinoire mardi soir et ils se sont contentés de moins de 5 minutes d’utilisation. Un traitement plus facile à accepter pour la recrue Bournival que pour le vétéran Brière qui a été embauché pour deux ans et huit millions $. Ça fait cher de la présence…

14 – L’excellent défenseur Oliver Ekman-Larsson a décoché 14 tirs au but hier soir. L’arrière suédois a toutefois touché la cible à cinq reprises seulement…

17  - Les Coyotes n’ont pas gagné à Montréal depuis le 28 octobre 1996 alors qu’ils l’avaient emporté 5-4 en prolongation. Si je sais bien compter, ça fait donc 17 ans…

29 – Principale victime de Martin Hanzal, Tomas Plekanec a dû se contenter de quatre mises en jeu gagnées sur les 14 disputées face aux Coyotes. Habituellement dominant au cercle, Plekanec s’est contenté d’une efficacité de 29 % mardi…