Bien que ce ne soit probablement pas la priorité de la direction du Canadien présentement, alors qu’ils tentent de sauver une saison qui semble perdue depuis trois mois, la situation contractuelle la plus intéressante à l’interne est celle de Phillip Danault qui deviendra joueur autonome avec compensation le 1^er juillet.

À l’attaque, la majorité des joueurs du Canadien de Montréal déçoivent cette saison, mais Danault est l’une des exceptions à cet égard. Quant aux points récoltés, Danault vient au quatrième rang chez le Canadien, avec 22 points en 42 parties. C’est un point de moins que les trois meneurs du club qui sont sur un pied d’égalité : Brendan Gallagher, Alex Galchenyuk et Max Pacioretty.

Au niveau du temps de jeu, Danault vient au troisième rang chez les avants du Canadien. Il joue environ 30 secondes de plus que Tomas Plekanec et 30 secondes de moins que Jonathan Drouin, ce qui sous-entend qu’il est le deuxième centre du Canadien, même s’il n’évolue pas souvent en avantage numérique (seulement 1:11 par partie). Malgré tout, il amasse des points à un rythme intéressant comparativement à ses coéquipiers chez le Tricolore.

Cela n’a rien de surprenant. La saison dernière, Danault s'est classé troisième chez le Canadien pour les points récoltés pour chaque tranche de 60 minutes jouées à égalité numérique. Seuls Pacioretty et Byron avaient fait mieux. Cette saison, parmi les joueurs utilisés régulièrement, seul Gallagher a récolté plus de points que Danault à cinq contre cinq.

À 24 ans, Danault est un joueur de centre envers qui nous pouvons avoir confiance dans les deux sens de la patinoire. Il peut être employé dans toutes les situations et nous pouvons nous attendre à des saisons de 40 points de sa part alors qu’il sera à son meilleur. Il sera probablement l’héritier de Tomas Plekanec lorsque le contrat du vétéran arrivera à son terme cet été. Quelle est la valeur d’un joueur de centre de 40 points? Ce même 40 points est-il son plafond?

Une chose que nous savons de Danault par rapport à ces deux dernières années est qu’il s’avère efficace à égalité numérique. Il n’est peut-être pas un franc-tireur ou un fabricant de jeux à tout casser, mais il remporte des mises au jeu, il mène le Canadien quant au Corsi et il vient au deuxième rang pour le pourcentage de buts attendus (seul Gallagher le devance) depuis une saison et demie. Son différentiel de buts actuel lorsqu’il est sur la glace n’est pas représentatif de ses tentatives de tirs et de ses statistiques permettant de prédire son rendement. Cela pourrait changer dans le futur.

Danault est quelque peu indiscipliné, présentant un différentiel négatif de pénalités. Cependant, ceci est majoritairement attribuable à la saison dernière pendant laquelle il évoluait avec Alexander Radulov, qui était également assez indiscipliné et présentait le pire différentiel de pénalités chez les attaquants. Cette saison, Danault a plutôt provoqué plus de pénalités à cinq contre cinq qu’il en a écopées. C’est un facteur à prendre en considération au moment de l’évaluer.

Plus précisément, observons comment Danault se compare au reste de la ligue dans quelques facettes importantes du jeu.

Offensivement, Danault fait un peu mieux que la moyenne de la ligue en raison de ses talents de fabricant de jeux, bien que sa sélection et son volume de tirs laissent un peu à désirer. Il n’est probablement pas un joueur qui va inscrire 20 buts sur une base régulière, mais il peut atteindre la marque des 15 buts sans avoir besoin de jouer beaucoup en avantage numérique. C’est quelque chose qui est aujourd’hui recherché dans la LNH.

Danault n’est pas spécialement créatif et l’attaquant moyen de la LNH n’amasse pas 40 points. Alors d’où provient la récolte offensive de Danault? De son jeu en échec avant.

Danault est rapide et il pourchasse toujours la rondelle. Bien que son style de jeu ne génère pas une tonne de chances de marquer de grande qualité en sa faveur, Danault permet à ses coéquipiers de prendre possession de la rondelle en zone offensive et il récupère le disque pour créer des deuxièmes chances de marquer. Ainsi, il prolonge le temps passé par son club en zone offensive alors que la rondelle se serait normalement retrouvée en zone neutre. C’est la principale force de Danault et une grande part de l’explication de son succès avec Max Pacioretty qui est aussi efficace en échec avant.

En ce qui concerne le jeu de transition, Danault ne brille pas au moment de transporter lui-même le disque, présentant un rendement similaire à la moyenne de l’équipe et de la ligue pour les sorties et entrées de zone en contrôle. Toutefois, en zone neutre, il est très efficace, complétant un grand nombre de passes comparativement à ses coéquipiers et à la moyenne de la ligue. Ceci permet à ses compagnons de trio d’assaillir la zone adversaire en contre-attaque depuis un nouvel angle. C’est une autre justification au fait qu’il soit capable de jouer avec des joueurs talentueux sans être nécessairement lui-même extrêmement talentueux.

La combinaison de tout ceci vous procure un joueur de centre vorace en échec avant, efficace défensivement et pouvant percer le top-140 de la LNH chez les attaquants pour les points récoltés, sans qu’il n’ait besoin de jouer beaucoup sur l’avantage numérique.

Le plafond salarial est de 75 millions de dollars cette saison. Puisqu’une équipe aligne 23 joueurs, le salaire moyen d’un hockeyeur devrait être d’environ 3,2 millions de dollars par saison. C’est d’ailleurs le salaire le moins élevé que Danault devrait toucher si les deux clans s’entendent sur un contrat à court terme. Cependant, considérant son âge et sa constance, le Canadien devrait tenter de s’entendre à plus long terme, alors qu’il a présentement plus d’arguments, afin d’acheter les meilleures années de Danault.

Un pacte de six ans similaire à ceux de Brendan Gallagher ou Andrew Shaw serait incroyable. Comme Danault évolue au centre et que le Canadien y est assez faible, le mettre sous contrat à long terme à un salaire inférieur à 5 millions de dollars par saison serait aussi très bien.

Dans un monde idéal, Danault pivoterait un troisième trio au sein d’une équipe aspirant à la coupe. Son habileté à occuper un rôle plus important depuis un an et demi a fait augmenter sa valeur et a même probablement surpris ses plus grands partisans au sein de l’organisation du Canadien. Il n’est peut-être pas un joueur étoile, mais il est un joueur solide.