LONDON, Ontario - Lorsque l’état-major du Canadien a fait ses valises et quitté Newark après le repêchage de 2013, les noms de Michael McCarron et Jérémy Grégoire se trouvaient à chaque extrémité de leur tableau de sélection.

McCarron, un colosse inscrit au programme de développement américain, était le nouveau premier de classe de l’organisation. Aussitôt, on l’a proclamé comme l’attaquant de puissance d’avenir de l’équipe. Grégoire, le 176e choix de l’encan et le dernier du Canadien cette année-là, pouvait quant à lui être considéré comme un vague projet.

Les deux joueurs de 20 ans présentent bien sûr des profils différents, mais on peut tout de même affirmer que l’écart qui les séparait il y a deux ans s’est rétréci. Au camp de développement en juillet dernier, on avait eu l’idée de les réunir sur un même trio en compagnie du Finlandais Artturi Lehkonen. Vendredi soir, pour le lancement d’un tournoi auquel participe une vingtaine d’espoirs de l’équipe à London, la paire avait été gardée intacte par l’entraîneur Sylvain Lefebvre, qui y avait cette fois ajouté le Français Tim Bozon.

« Ça fait un gros duo, constate Grégoire, qui apprécie visiblement la compagnie de son joueur de centre de 6 pieds 6 pouces. On est deux joueurs capables de bien faire des deux côtés de la patinoire. Je ne suis peut-être pas le plus gros, mais on se rejoint au niveau de l’intensité. On veut aller chercher la rondelle, on est proactifs, on n’attend pas que le jeu vienne à nous. Je trouve qu’on se complète bien. »

« Je crois que nos styles sont assez similaires, approuve McCarron. On aime sortir les épaules et se diriger vers le filet. On n’essaie pas de faire dans la dentelle. On fonce, on frappe, on dérange et j’ai l’impression qu’on s’aide mutuellement de cette façon. »

« Le repêchage, ce n’est qu’une journée et je ne m’en fais pas avec ça parce que je sais que si on le faisait de nouveau aujourd’hui, je ne sortirais pas en sixième ronde. Mais j’essaie quand même de me prouver chaque jour que je suis capable de jouer avec des gars comme lui et c’est ce que je fais en ce moment », prétend Grégoire.

Aux yeux de l’ailier répertorié à 6 pieds et 190 livres qui a inscrit 20 buts en 32 matchs à sa dernière saison avec le Drakkar de Baie-Comeau, son compagnon et lui ont encore des choses à peaufiner.

« Il va falloir qu’on continue à développer une chimie pour amener des lancers au filet et créer plus d’offensive », réalise le natif de Sherbrooke.

Les deux alliés n’auront toutefois pas la chance de solidifier leur union samedi, alors que les jeunes du Canadien, au lendemain d’une défaite de 4-3 contre les espoirs des Penguins de Pittsburgh, reprenaient le collier contre ceux des Sénateurs d’Ottawa. Lefebvre a confirmé en matinée que la paire serait séparée.

Lors d’un entraînement tenu en matinée, Grégoire patinait sur le premier trio en compagnie de Charles Hudon et Daniel Carr tandis que McCarron était flanqué de Nikita Scherbak et Connor Crisp.

« J’essaie de faire différents changements, de mettre des joueurs qu’on pense qui vont se compléter. On fait des expériences, c’est le temps de le faire », a justifié l’entraîneur du club-école du CH.

Une bataille pour se réveiller

Vendredi, pour se sortir d’un début de match qu’il a lui-même qualifié de « laborieux », Grégoire a décidé de provoquer un combat avec une connaissance de la LHJMQ, le défenseur des Remparts de Québec Matt Murphy.

« Je savais qu’il dirait oui. J’ai frappé solidement son partenaire et il n’est pas venu vers moi, alors j’ai décidé d’aller le voir à la place. Au début, il hésitait un peu, mais il m’a rapidement donné son accord », raconte le pugiliste d’un soir.

« C’était parfait. Je n’avais pas un gros début de match et l’équipe non plus, on se cherchait un peu. J’essayais de créer des étincelles et ça a marché. »

Grégoire n’est pas reconnu comme un fier-à-bras, mais il a tout de même disputé une quinzaine de combats au niveau junior.

« Ce n’était pas prémédité, mais je suis un gars d’intensité et quand ça arrive, je ne haïs pas ça non plus. Je ne me battais pas souvent dans le junior parce que les batailles sont en diminution et je devais souvent jouer contre les meilleurs trios adverses. Je n’en trouvais pas beaucoup qui étaient prêts à danser, mais à 16 ou 17 ans, je me battais un peu plus. »

Grégoire a encore une année d’admissibilité dans la LHJMQ, mais l’option ne l’intéresse pas. Que ce soit avec ses mains, ses épaules ou ses poings, il tient à trouver une niche chez les professionnels cet automne.

« Je pense que j’ai fait le tour du junior majeur. J’ai eu une bonne saison à 19 ans. Ça aurait pu être difficile avec ma blessure, mais j’ai eu la meilleure saison de ma carrière. Je pense que je suis rendu là. »