Dominique Ducharme arrive en poste avec le Canadien avec une pression de devoir gagner immédiatement à la suite du congédiement de Claude Julien. Je pense toutefois qu’il a les outils pour faire face à cette réalité à Montréal.

J’ai côtoyé Ducharme pendant deux saisons à Drummondville alors que j’étais entraîneur adjoint des Voltigeurs lors de son passage qui a été de son côté de 2016 à 2018.

Je vous dirais que c’est l’entraîneur avec qui le non verbal veut tout dire. Il n’a pas besoin d’élever la voix et de crier, et il ne le fait pas d’ailleurs. Lorsqu’il te parle cependant, que son regard te perce, tu sais que tu dois l’écouter.

Je sais aussi que lorsqu’il est arrivé avec le Canadien, il a déjà amené sa touche avec l’équipe. Claude Julien l’a écouté à ce moment et des joueurs ont apprécié aussi sa vision, car Ducharme est un adepte si on veut du nouveau hockey. Il aime le jeu rapide, de bonnes transitions et de la vitesse, ce qui convient à plusieurs joueurs.

Je suis persuadé aujourd’hui que les joueurs sont évidemment tristes pour Claude Julien, mais ils sont aussi heureux de voir Ducharme arriver. C’est un homme juste, qui n’est pas trop près des joueurs, ni trop loin. C’est le mélange parfait.

Est-ce que ce sont les conditions idéales pour lui afin d’effectuer ses débuts comme entraîneur-chef avec cette pression de gagner immédiatement? Le temps va nous le dire, mais je sais qu’il va faire le travail. Je sais qu’il a l’étoffe pour endosser cette pression.

Il reste à savoir les termes de l’étiquette « par intérim » qui viennent avec le poste actuel de Ducharme, mais je suis convaincu sur un plan personnel que les joueurs vont bien répondre.

Ce congédiement de Julien arrive mercredi alors que Marc Bergevin a mis la barre très haute en début de saison en expliquant qu’il avait mis sur papier une équipe qui, selon lui, pouvait faire non seulement les séries éliminatoires, mais aussi un bout de chemin en séries. Il a donc mis cette pression sur ses épaules, mais aussi à son entraîneur afin de connaître du succès.

Je suis d’accord avec Bergevin alors que son groupe a bien plus de profondeur que par les années passées et l’équipe est plus talentueuse. Malheureusement, un homme a perdu son emploi aujourd’hui du côté de Claude Julien, mais peut-être qu’il était arrivé au bout du fil.

Comme joueur dans le vestiaire, ça met un terme aux excuses. On regarde de la manière que certains jouaient ou s’exprimaient dans les médias, et je ne suis pas persuadé que tous les joueurs étaient heureux de la situation avec les jeunes qui arrivent et des vétérans perdent des responsabilités. C’est parfois difficile de garder tout le monde heureux.

Bergevin va sûrement tenir un discours avec ses joueurs, si ce n’est déjà fait, afin que la responsabilité leur revienne pour gagner des matchs.

Un électro-choc positif, pas toujours...

J’ai déjà vécu des congédiements alors que j’étais joueur et, en général, la décision est prise parce que l’équipe n’est pas sur une bonne lancée.

D’un côté, c’est un petit soulagement, car on espère que ça met la table pour de meilleurs jours. Un joueur veut gagner et c’est un geste qui va dans ce sens. On a une pensée pour l’entraîneur qui perd son emploi et pour sa famille, mais la jungle de la LNH est ce qu’elle est : tu es engagé pour être congédié.

C’est un choc dans le vestiaire, parfois pour le mieux et d’autres fois pour le pire.

Je me souviens à Calgary avec Darryl Sutter, nous sommes devenus en un peu moins de deux ans une équipe qui n’a pas participé aux séries à une équipe qui a participé au septième match de la finale de la Coupe Stanley.

Avec les Flyers, lorsque Ken Hitchcock a été congédié, John Stevens a pris la relève, mais nous avons tout de même terminé au dernier rang.

Les deux scénarios se peuvent, mais la réponse des joueurs dépend des leaders dans ton vestiaire. 

Propos recueillis par Maxime Tousignant