PHILADELPHIE - Je ne sais pas grand-chose de plus que vous sur Nikita Scherbak. Je vous invite d’ailleurs à lire le texte de mon collègue Éric Leblanc et de consulter les commentaires de notre spécialiste du hockey junior Stéphane Leroux qui sauront vous le présenter bien mieux que moi.

Je sais toutefois que le Canadien tenait vraiment à mettre la main sur ce jeune Russe de 18 ans que l’on dit plein de talent. Car après avoir négocié avec ses homologues des Ducks d’Anaheim, des Kings de Los Angeles et des Blues de St.Louis pour ne nommer que ceux-là, Marc Bergevin a décidé de mettre de côté une transaction qui lui aurait permis d’obtenir deux choix de deuxième ronde en retour de sa 26e sélection. « J’avais un deal sur la table, mais nous tenions à mettre la main sur lui », a assuré le directeur général du Canadien.

Pourquoi Scherbak plus que Joshua Oh-Sang que les Islanders ont repêché deux rangs plus loin après avoir complété une transaction avec le Lightning de Tampa Bay pour obtenir leur 28e sélection ?

Pourquoi Scherbak plus qu’Ivan Barbaschev, un autre Russe de 18 ans, qui évolue à Moncton dans la LHJMQ?

Parce que Scherbak a convaincu la direction de l’équipe qu’il pourra, un jour, si son développement suit son cours et qu’il ne décide pas de retourner dans son pays natal pour profiter des millions $ de la KHL, occuper une place au sein des deux premiers trios du Canadien. Que ses chances d’y arriver sont meilleures qu’elles ne le seraient pour Ho-Sang, Barbaschev et tous les autres qui étaient disponibles au 26e rang.

Avec les succès répétés de Trevor Timmins au cours des dernières années, ce n’est certainement pas moi qui mettrai la sélection de Scherbak en doute. Je vais laisser le temps donner raison au Tricolore… ou le rabrouer.

Mais ce qui est clair, c’est que la sélection de ce jeune joueur de 18 ans – on lui en donnerait 15 – aidera la cause du Tricolore dans deux, trois ou quatre ans. Il faudra donc être patient. Et ce sera sans doute la même chose avec les autres joueurs sélectionnés samedi.

Neal aurait fait l’affaire à Montréal

Ça veut dire que si Marc Bergevin tient à améliorer son club, comme il a convenu vouloir le faire lors de sa rencontre avec la presse jeudi, à Philadelphie, il devra se tourner vers le marché des joueurs autonomes ou vers celui des transactions.

Des transactions qu’on a attendues hier et qui ne sont pas vraiment venues.

En fait non! Il y en a eu quelques-unes. Dont une qui a dû faire saliver le Canadien et ses partisans. Car lorsque j’ai entendu Gary Bettman confirmer que James Neal quittait les Penguins de Pittsburgh pour mettre le cap sur Nashville en retour de Patric Hornqvist et Nick Spaling, je me suis dit que Neal aurait fait le bonheur des fans du Tricolore.

Marqueur naturel, il aurait facilement remplacé Thomas Vanek sur qui le Canadien a fait une croix au même titre que George Paros et Douglas Murray.

À 5 millions $ par saison pour encore quatre ans, il me semble que Neal aurait représenté une très belle acquisition pour le Tricolore qui avait certainement autant à offrir aux Penguins que les Predators leur ont donné.

Oui! Patric Hornqvist a beaucoup de talent. Marqueur de 20 à 30 buts à Nashville il pourra flirter avec les 40 une fois à Pittsburgh où il remplacera Neal qui coûte 800 000 $ de plus par année. En Spaling, les Penguins ont obtenu un attaquant de soutien qui est solide en désavantage numérique. Un gars de profondeur comme on dit…

Il me semble que le Canadien aurait pu donner des gars comme Lars Eller, Rene Bourque, voire Dale Weise pour obtenir Neal.

Nouveau d.-g. des Penguins, Jim Rutherford a indiqué qu’une quinzaine d’équipes l’avaient contacté au cours des derniers jours, mais que les offres concrètes ne s’étaient pas multipliées.

Dommage! Car James Neal aurait certainement fait l’affaire à Montréal…

À Nashville, David Poile était bien heureux en tout cas. « C’était un secret pour personne que nous avions besoin de renflouer notre attaque afin de pallier le manque à gagner en matière de buts marqués par notre équipe. James Neal représente donc une très bonne acquisition pour nous et nous devrons maintenant poursuivre notre travail pour lui trouver un premier centre », a indiqué le d.g. des Predators.

Est-ce que Joe Thornton ou Jason Spezza feraient l’affaire?

Reconstruction à Vancouver

Après des semaines de spéculations quant à l’avenir des joueurs de centre Joe Thornton, Jason Spezza et Ryan Kesler avec leur club respectif, c’est finalement Kesler qui a quitté le premier. L’américain a mis le cap sur le sud de la Californie alors que les Ducks d’Anaheim ont sacrifié les jeunes Nick Bonino – troisième marqueur des Ducks avec 22 buts et 49 points en 77 matchs – et Luca Sbisa – un défenseur sélectionné en première ronde par les Flyers en 2008 (19e sélection) mais qui tarde à s’imposer – et un choix de première ronde pour obtenir Kesler.

En plus d’avoir laissé partir Kesler, les Canucks se sont débarrassés du défenseur Jason Garrison qui se retrouve à Tampa.

Les Canucks amorcent leur reconstruction. C’est clair. Ils ont perdu un gros morceau en Kesler. Mais il était clair que l’attaquant américain tenait à gagner maintenant et ne voulait pas traverser les années difficiles qui attendent les Canucks.

En se libérant des 5 millions associés au contrat de Kesler et des 4,6 millions – encore valides pour quatre ans – de Garrison, Jim Benning et Trevor Linden, les deux nouveaux manitous des opérations hockey à Vancouver ont libéré près de 5 millions $ sous le plafond.

Une économie qui devrait leur permettre de courtiser les gardiens Ryan Miller ou Jonas Hiller afin de venir en aide au duo actuel composé de Jacob Markstrom et Eddie Lack. Un duo plein de potentiel, mais qui ne semble pas à la hauteur. Du moins à court terme.

Mon collègue Pierre McGuire de NBC soulignait que ces économies pourraient aussi permettre de mettre la main sur Tyler Myers, le défenseur géant des Sabres de Buffalo qui a perdu beaucoup de son lustre depuis sa première saison remarquable qui lui a valu le titre de recrue de l’année en 2010.

On verra ce qui arrivera à Vancouver, mais il est clair qu’on est prêt à faire quelques pas vers l’arrière à court terme pour en faire de plus grands en avant dans deux ou trois ans…

Lecavalier et Ribeiro à l’index

Deux centres québécois sont maintenant disponibles autour de la LNH : Vincent Lecavalier pourrait passer à une autre formation si son agent présente une offre de transaction intéressante aux Flyers qui seraient très heureux de se sortir du contrat de 22,5 millions $ pour cinq ans offert l’été dernier pour l’attirer à Philadelphie. Avec quatre autres saisons à une moyenne de 4,5 millions sous le plafond, Lecavalier ne sera pas facile à échanger. Vrai que le Québécois qui a gagné la coupe Stanley à Tampa en 2004 a ralenti et n’a pas offert aux Flyers les résultats espérés. Mais il jouit toujours d’une bonne réputation autour de la LNH. Ça pourrait inciter des équipes qui devront atteindre le plancher salarial de 51 millions $ à s’intéresser à lui.

On ne peut pas dire la même chose de Mike Ribeiro.

Loin de là. Après avoir racheté son contrat (22 millions $ pour quatre ans) après une saison et avoir convenu qu’il avait commis une grave erreur l’été dernier, le directeur général des Coyotes de Phoenix Don Maloney a fustigé le centre québécois de critiques.

Il a insisté sur les nombreux ennuis de comportement de Ribeiro pour justifier sa décision. S’il a convenu que ce rachat ne ferait pas des Coyotes un meilleur club dès l’an prochain, il a assuré que c’était la seule avenue possible à long terme. En guise de réponse à des collègues qui lui indiquaient que son équipe se retrouvait sans réel premier centre en vue de la prochaine saison, Maloney a répliqué que les Coyotes n’avaient plus de premier centre depuis la mi-saison l’an dernier.

Des réactions qui goûtent le règlement de compte.

Il faut dire qu’après lui avoir versé 4,5 millions l’an dernier, Maloney devra payer Ribeiro près de 12 millions sur les six prochaines années (1,94 million par an) en guise de rachat de contrat.

C’est du fric en simonac!

Après autant de critiques sévères essuyées par Ribeiro, il sera intéressant de voir si un club serait prêt à lui offrir une autre chance…

En commençant par la fin…

Les amateurs de hockey qui se complaisent à l’idée que le Canada est encore le berceau du hockey dans la LNH devront commencer à accepter le contraire. Non seulement la Californie est la terre d’asile de la coupe Stanley pour une deuxième fois en trois ans et une troisième en huit saisons, que le précieux trophée n’a pas défilé au Canada depuis la conquête du Canadien en 1993, mais cinq des sept clubs canadiens parlaient parmi les 10 premiers, vendredi soir, dans le cadre de la première ronde du repêchage : les Oilers troisièmes, leurs rivaux de Calgary quatrièmes, les Canucks sixièmes, les Maple Leafs huitièmes et les Jets 10e.

Si les Sénateurs d’Ottawa n’avaient pas cédé leur premier choix aux Ducks d’Anaheim l’an dernier pour obtenir Bobby Ryan, le Tricolore aurait été le seul club canadien à sélectionner après les 10 premières sélections…

Comme quoi les clubs canadiens devront trimer dur au cours des prochaines années pour redonner au Canada sa place de leader au sein de la LNH…