La semaine dernière, j’ai décortiqué l’apport de Max Pacioretty au-delà de son simple nombre de buts marqués. J’ai suggéré, malgré que ses chiffres en termes de chances de marquer étaient en baisse, qu’il était pour retrouver sa touche en raison de l’excellence de son jeu et de sa confiance retrouvée. Que Pacioretty inscrive cinq buts dans les trois rencontres suivantes fut le fruit du hasard, coïncidant avec la publication de l’article. Cette semaine, je veux m’attarder à un autre joueur vedette du Canadien qui connait des difficultés.

Pendant quatre saisons, la détermination obstinée de Brendan Gallagher, avec ou sans la rondelle, autour du filet et sur l’échec-avant, l’a relativement épargné des critiques. Cependant, sa pire disette en carrière a fait sortir les vautours.

À l’image de Pacioretty, Gallagher génère d’excellents chiffres quant à la possession de rondelle et il est un marqueur. De même, à l’image de Pacioretty, ces chiffres sont demeurés excellents, malgré ses ennuis à noircir la feuille de pointage. En termes de capacité à générer des buts, Gallagher fut-il aussi mauvais que ne le suggère son seul but inscrit en 23 parties? Comparons ses chiffres à ceux de la saison dernière.

Une chose que j’ai remarquée en observant les joueurs connaissant des passages à vide, c’est que l’on peut identifier la différence entre les mauvaises performances et le manque de confiance en se référant aux chances de marquer. Gallagher est un joueur élite à forces égales pour générer des chances de marquer. Cette saison, il en génère pratiquement autant que lors de la précédente campagne, où il avait cumulé ses meilleurs chiffres en carrière à ce chapitre, mais il touche moins souvent la cible.

À l’instar de la situation que connaissait Pacioretty avant sa récente éclosion offensive, Gallagher agrippe trop fermement son bâton et il rate la cible quand il vise les coins du filet. Il manque également la plupart de ses tirs les plus menaçants, frappant les poteaux ou ratant la cible. Ce sont des problèmes temporaires, comme si s’agit d’un joueur provoquant constamment des erreurs chez les défensives adverses, ce qui est nécessaire pour marquer.

Même que Gallagher génère plus de tentatives de tir à égalité numérique qu’à tout autre moment de sa carrière, ce qui suggère qu’il devrait bientôt marquer. Il produit un peu moins de chances de marquer que l’an passé, mais ceci est davantage attribuable au fait qu’il manque la cible qu’autre chose.

Ce qu’il faut garder en tête dans le cas de Gallagher, c’est qu’il est placé dans une nouvelle situation cette saison. En effet, Michel Therrien compte sur lui pour faire produire offensivement une ligne entière. Gallagher a joué 3690.95 minutes à cinq contre cinq dans sa carrière et seulement 446.67 de celles-ci furent sans Alex Galchenyuk et Max Pacioretty. 115.23 de ces minutes survinrent cette saison.

Pour la première fois de sa carrière, Gallagher doit relever le défi de jouer d’importantes minutes, sans la présence d’un autre joueur offensif élite à ses côtés. Ses résultats sont meilleurs que ce que vous pourriez croire, alors que Gallagher se classe au quatrième rang chez les avants du Tricolore, ex aequo avec Galchenyuk, pour les points récoltés pour 60 minutes de jeu avec 2.22. Son Corsi est de 53% sans la présence des tireurs Galchenyuk et Pacioretty (et 54% globalement).

Comme dans le cas de Pacioretty, la seule facette du jeu où Gallagher connait des ennuis, c’est au moment d’enfiler l’aiguille. Pendant ce temps, il mène le Canadien, avec Alexander Radulov, pour les passes décisives récoltés à égalité numérique avec sept.

Ainsi, si la production de Gallagher est bonne dans l’ensemble, pourquoi n’a-t-il récolté que 17 points en 29 parties, soit un rythme de 48 pour cette saison? La réponse comprend deux volets.

Premièrement, le temps de jeu de Gallagher fut réduit comparativement à la saison passée, passant de 16:34 par partie (2:56 sur l’avantage numérique) à 15:11 (2:22 sur l’avantage numérique). Cela peut ne pas paraître énorme, mais Gallagher est passé de l’attaquant le plus utilisé sur l’avantage numérique au cinquième rang à ce chapitre. Cette baisse fut encore plus marquée ces dernières semaines.

Si un joueur a mérité le droit de recevoir des minutes de qualité avec constance pour se tirer d’affaires, c’est Gallagher, mais ce ne fut pas long avant qu’il ne fut placé sur la sellette par son entraîneur.

L’autre raison voulant que Gallagher ne marque pas de buts à son rythme habituel est la façon dont est organisée l’attaque à cinq du Canadien. Mis à part Andrew Shaw qui empiète sur son temps d’utilisation, l’avantage numérique du Canadien continue de souffrir du même mal qui l’afflige ces dernières années : elle compte trop sur les tirs décochés de la pointe.

Des 210 tentatives de tir du Canadien décochées sur l’avantage numérique, 58 furent de Shea Weber. Des 94 tentatives cadrées, 31 le furent par Weber. Weber possède le meilleur tir de la LNH depuis la ligne bleue donc, la stratégie s’avéra plus efficace qu’avec P.K. Subban pendant un moment. Cependant, les résultats sont que l’avantage numérique du CH se classe 25e pour les chances de marquer à haut risque, 30e pour les chances de marquer touchant la cible et 29e pour les chances de marquer générées.

Il est plus facile de décocher des tirs depuis la ligne bleue que depuis les endroits à haut risque de succès, mais ce ne devrait pas être la première option. Regardons simplement les meilleurs marqueurs du Canadien sur l’avantage numérique ces quatre dernières saisons.

Ce qui saute aux yeux, c’est que Weber est une aberration en tant que défenseur. P.K. Subban, qui est un excellent tireur sur l’avantage numérique, n’a marqué que sur un peu moins 7% de ses tirs touchant la cible, pendant que Weber faisait de même sur 15.74% des siens pendant le même intervalle.

Cette habileté à marquer depuis la ligne bleue change la donne sur l’avantage numérique. En regardant toutes les tentatives de tir, Weber a environ la même efficacité que Tomas Plekanec. C’est encore très impressionnant de la part d’un défenseur, mais Pacioretty et Gallagher sont des tireurs bien plus dangereux, s’ils en ont la chance.

Compter sur un joueur pouvant lancer comme Weber force l’équipe adverse à apporter des modifications à sa couverture, comme aucun autre défenseur ne peut le faire. Le Canadien n’a pas fait un bon travail au moment de prendre avantage de cet espace supplémentaire, se contentant de laisser Weber tirer, espérant qu’il marque ou remporter une bataille à un contre un suite à un retour de lancer ou à un tir bloqué.

La meilleure chose que le personnel d’entraîneurs pourrait faire pour l’avantage numérique serait d’utiliser Weber comme appât pour distribuer le disque à ses meilleurs attaquants. Weber pourrait faire payer les équipes ayant anticipé cette stratégie. Le Canadien a les éléments pour avoir un des meilleurs avantages numériques, même sans Galchenyuk.