Brendan Gallagher veut gagner d’abord et avant tout
Canadiens jeudi, 23 avr. 2020. 17:11 dimanche, 15 déc. 2024. 02:52MONTRÉAL - Brendan Gallagher l’admet candidement : gagner des millions de dollars revêt une importance certaine pour tout athlète professionnel. Mais gagner tout court a plus de valeur encore que le salaire qu’il touchera lorsqu’il apposera sa signature au bas de son prochain contrat.
« Je ne commencerai pas à prétendre que l’argent n’a pas d’importance. Mais ma principale priorité, ce qui me motive d’abord et avant tout c’est la victoire. J’ai toujours été un gagnant et je tiens à avoir des chances réelles de gagner. D’attendre les séries éliminatoires. D’avoir une chance de me rendre aux grands honneurs », a lancé Gallagher au cours d’une conférence téléphonique tenue en après-midi jeudi.
Considérant que le Canadien était sur le point de rater les séries pour une troisième saison consécutive lorsque la LNH a stoppé la saison le 12 mars dernier, qu’il était sur le point de les rater pour la quatrième fois en cinq ans et que Gallagher n’a disputé que 40 matchs éliminatoires (10 buts, 21 points) depuis son entrée dans la LNH en 2012-2013, est-ce que la bougie d’allumage du Tricolore croit qu’il est possible de gagner autre chose que des millions $ à Montréal?
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« Bien sûr que je crois que c’est possible », a-t-il répliqué. Une réponse qui permettra aux partisans de souffler un brin. Car il est clair que le Canadien sans Brendan Gallagher ne serait pas la même équipe.
« Nous avons de très bons joueurs en place. J’aime ce que Marc Bergevin a ajouté au cours des dernières années en fait de jeunes joueurs. Quand tu regardes ce que Nick Suzuki a apporté cette année, tu dois regarder l’avenir avec optimisme. Je suis de nature optimiste et j’entreprends chaque saison en me disant que nous avons des chances de gagner. Nous avons eu notre part de malchances au cours des dernières années. C’est difficile et c’est très frustrant de ne pas atteindre les séries. Pas juste pour moi, mais pour tout joueur de hockey », a indiqué Gallagher.
C’est au printemps 2014 que Gallagher s’est approché le plus de la coupe Stanley alors que le Canadien s’est rendu en finale d’association dans l’Est. Une finale qu’il a perdue aux mains des Rangers de New York en six matchs après que Carey Price eut été blessé au genou lors de la première rencontre.
Qui a oublié la glissade de Chris Kreider? Une glissade qui a miné les chances de Gallagher et du Tricolore de se rendre en finale contre les Kings de Los Angeles qui ont finalement soulevé la coupe sous le nez de Kreider et des Rangers.
« Quand Carey a été blessé, nous avons encaissé un gros coup. C’est vrai. Mais si vous vous rappelez bien, il a terminé le match. On s’est d’abord dit : on est correct. Il est le meilleur de la Ligue. Il est solide. Il sera capable de composer avec la douleur. Puis, le lendemain, on s’est rendu compte qu’il ne pouvait revenir. Son absence a certainement dégonflé notre ardeur. Mais on doit souligner que Dustin Tokarski a fait du bon boulot en relève. Nous n’avons pas perdu cette série parce que Tocker a donné trop de buts. Nous avons perdu cette finale parce que nous avons été incapables de marquer assez de buts contre Lundqvist », a plaidé Gallagher qui a ajouté que le Canadien était sur le point de pouvoir compter sur un retour de Price lorsqu’il s’est fait éliminer en six matchs.
« Vous lui poserez la question pour qu’il confirme, mais si je me souviens bien, Carey nous laissait entendre qu’il serait en mesure de reprendre sa place dans le cadre d’un septième match ou d’une première partie en grande finale. On ne le saura jamais », a ajouté Gallagher qui, avec ses coéquipiers, avait encaissé un revers de 1-0 lors du sixième et dernier match de la série. Au total, les Rangers avaient inscrit 20 buts lors de cette finale. Cinq de plus que le Canadien.
Autour de 8 millions $ annuellement
À l’image de ses compagnons de trio Tomas Tatar et Phillip Danault, à l’image de Jeff Petry et de Joel Armia qui s’est hissé parmi les attaquants importants du Canadien cette année, Brendan Gallagher pourra profiter de son autonomie complète en juillet 2021 s’il ne s’entend pas avec le Canadien d’ici là.
S’il est clair que le fait d’avoir autant de joueurs importants susceptibles de quitter l’équipe au profit d’autres clubs qui offriront des ponts d’or pourrait représenter un gros nuage noir flottant au-dessus du Tricolore l’an prochain, Brendan Gallagher assure qu’il n’en sera rien.
Du moins pour lui.
« J’ai signé un contrat de six ans la dernière fois parce que j’étais jeune et que ce contrat me permettait de me concentrer uniquement sur le hockey. Pendant que nous sommes en pause, il est certain que je réalise que les négociations s’en viennent – le Canadien pourra négocier avec ses futurs joueurs autonomes sans restriction dès le premier juillet prochain – mais dès que le hockey reprendra, que ce soit cette année ou l’an prochain, je n’y penserai plus tout et je me concentrerai sur ce qui est le plus important à mes yeux : jouer au hockey et gagner. »
Brendan Gallagher touchera un salaire de 2,75 millions $ l’an prochain. Une aubaine pour un joueur de son envergure au sein de n’importe quelle équipe de la LNH. Son salaire moyen de 3,75 millions $ représente une tout aussi importante aubaine dans la quête du respect du plafond salarial.
Quand on regarde les salaires que touchent des joueurs aussi importants que Gallagher autour de la LNH, il est clair que le fougueux attaquant fera banco en signant son prochain contrat. Un contrat qui oscillera sans doute autour de 8 millions $ annuellement.
Bien qu’il ait tout le temps au monde pour établir l’échelle salariale de son prochain contrat, Gallagher assure qu’il se tiendra le plus loin possible des négociations.
« Le Canadien aura des chiffres en tête. Mon agent – Gerry Johannson, qui est aussi l’agent de Carey Price – aura des chiffres en tête. Et c’est lui qui aura à s’entendre avec le Canadien. Il est bien sûr que je serai informé, mais je prendrai simplement les moyens pour faciliter son travail en jouant le mieux possible sur la patinoire. Me donner une chance de gagner la coupe Stanley est ma priorité. Je ne veux pas avoir de regrets en regardant derrière moi une fois ma carrière terminée. Je veux me placer dans une situation gagnante. Nous avons les moyens d’y arriver à Montréal. On ne sait jamais quelles seront les conclusions des négociations, mais gagner avec le Canadien demeure mon objectif. »
Une croix sur l’année en cours
Brendan Gallagher s’entraîne quotidiennement avec son père dans la région de Vancouver. Il est en forme et sera prêt à sauter sur la glace si le Canadien est appelé à compléter la saison ou à prendre part à un éventuel tournoi qui pourrait remplacer les séries éliminatoires.
Mais s’il n’en tenait qu’à lui, Gallagher ferait une croix sur la saison 2019-2020 afin de se concentrer sur un retour en force l’automne prochain.
« Mon point de vue est très égoïste en raison de notre place au classement. Je suis convaincu que les gars évoluant au sein d’équipes qui avaient des chances de se rendre jusqu’au bout pensent tout le contraire. Mais personnellement, je ne voudrais pas perdre de l’énergie en jouant en juillet et en août. Je voudrais plutôt que notre équipe se concentre sur les moyens à prendre pour être plus forts et plus compétitifs l’an prochain. »
À titre de représentant des joueurs du Canadien, un poste qu’il partage avec Paul Byron, Gallagher croit toutefois que la Ligue fera tout ce qu’il est possible de faire pour compléter la saison.
« Gary Bettman tient à terminer l’année et je suis convaincu qu’il prendra tous les moyens pour y arriver. Mais il faudra aussi respecter les directives des responsables médicaux, des maires et des dirigeants des villes et des États – ou provinces – où nous pourrions disputer des matchs. La Ligue doit obtenir l’accord des joueurs avant de disputer des matchs après la date du premier juillet. Nous n’avons pas encore débattu des scénarios possibles entre nous à l’association (NHLPA). Mais il est clair que la sécurité des joueurs devra être assurée. Prenez le cas de notre club, Max Domi compose avec un problème de diabète depuis qu’il est jeune. On ne peut pas l’exposer à des problèmes supplémentaires en revenant au jeu si ce n’est pas totalement sécuritaire de le faire. La Ligue et les propriétaires veulent revenir. Plusieurs joueurs le voudront aussi. Je n’ai pas toutes les informations en main, mais je crois que pour le moment, nous sommes encore dans une situation de 50-50 quant aux chances que le hockey reprenne », a indiqué Gallagher.
Et si la coupe Stanley est soulevée dans le cadre d’une saison régulière non terminée et/ou d’un tournoi qui n’a rien à voir avec les paramètres normaux des séries : les champions éventuels verraient-ils leur titre perdre de la valeur en raison des contrecoups de la COVID-19?
«Quand tu as la chance de soulever ce trophée, tu mérites le titre de champion et personne ne peut te l’enlever ou en diminuer la valeur.»
Un défi : combler l’ennui
En plus de s’entraîner, Brendan Gallagher joue au « Cribbage » contre son père pour passer le temps.
« Je me sens bien seul à l’autre bout du pays. Mes coéquipiers me manquent. Je m’ennuie de l’équipe, de la bonne humeur du groupe. Je parle avec Paul (Byron) tous les jours parce que nous aimons débattre de tous les sujets. Je parle à Lehkonen et Tatar parce que nous avons des pools sur des équipes de soccer. En fait, nous avons beaucoup de contacts entre nous tous. C’est important. Avant de quitter Montréal, je jouais beaucoup à des jeux vidéo avec les gars (Call of Duty), mais je me faisais ramasser royalement. On garde tous contact comme on le peut, mais le temps est long quand même. Je limite mes rencontres directes à mes parents. Je m’entraîne avec mon père, on joue au « cribbage» tous les soirs et je suis passé maître dans ce jeu », a lancé Gallagher en riant.
Gallagher fait aussi rire bien du monde avec ses vidéos diffusés sur les médias sociaux par le biais desquels il se livre à des imitations diverses. «Je crois que je fais davantage rire de moi qu’autre chose, mais j’ai toujours été très ouvert à ce qu’on se moque de moi.»
Pour le reste, Gallagher se tient très au courant des derniers développements sur les ravages imputables à la COVID-19 et sur les gains effectués à ses dépens au Canada et aux États-Unis.
« Je regarde tous les bulletins de nouvelles. Je suis de près ce qui se passe ici où nous avons été quand même épargnés. Je regarde ce qui se passe au Canada et particulièrement au Québec qui est très touché. Comme tout le monde, j’attends des bonnes nouvelles et j’espère qu’elles viendront le plus vite possible pour permettre à tout le monde de retourner au travail. D’ici là, on doit demeurer les plus prudents possible. »