MONTRÉAL - Les mises sous contrat d’Alexander Barabanov par les Maple Leafs Toronto le 7 avril dernier et l’embauche annoncée, puis refusée quelques heures plus tard par la LNH, de Mikhail Grigorenko par les Blue Jackets de Columbus lundi soulève des questions et un brin d’inquiétude du côté des partisans du Canadien.

 

Pourquoi les Leafs et les Jackets courtisent ainsi avec succès des joueurs autonomes de la KHL alors que le Tricolore tarde à le faire avec Alexander Romanov?

 

Est-ce le reflet de négociations difficiles qui pourraient se solder par la décision du défenseur repêché en deuxième ronde en 2018 de prolonger sa carrière à Moscou plutôt que de migrer vers Montréal dès l’automne prochain?

 

« Ça n’a rien à voir avec des difficultés dans les négociations. Nous sommes toujours très optimistes quant à nos chances de nous entendre avec Romanov », assure-t-on dans le camp du Tricolore.

 

En raison de la COVID-19 qui a entraîné l’annulation – et non simplement le report – de la fin de la saison dans la KHL, les équipes de la LNH peuvent négocier dès maintenant avec des joueurs de la KHL pourvu qu’ils ne soient pas sous contrat en vue de l’année prochaine. D’où les annonces effectuées par Toronto et Columbus.

 

Le Canadien pourrait donc lui aussi le faire, mais il semble que l’état-major ait décidé de jouer de prudence en raison de l’incertitude qui prévaut quant à la suite des choses dans la LNH.

 

Même si la Ligue trouve le moyen de compléter la saison régulière, les chances du Tricolore d’accéder aux séries seront pratiquement nulles. À moins, bien sûr, que le commissaire Gary Bettman opte pour un scénario avancé au début de la pause, scénario selon lequel jusqu’à 24 clubs seraient invités à prendre part à un tournoi qui tiendrait lieu de séries éliminatoires.

 

Pour le moment, les règles habituelles empêcheraient Romanov de se joindre au Tricolore dans le cadre d’un tel tournoi. Mais voilà. La COVID-19 balaye du revers de la main tout ce qui est normal depuis plus d’un mois en Amérique du Nord. Dans le sport professionnel comme dans le reste de la société.

 

Si le Canadien s’entendait immédiatement sur les paramètres d’un contrat d’entrée avec Alexander Romanov, ce contrat entrerait en vigueur la saison prochaine seulement. Comme c’est le cas avec Barabanov chez les Leafs.

 

Mais si le Canadien patiente encore un peu et qu’il conclut ses négociations alors que la LNH aura déterminé la suite des choses pour le reste de la saison, il n’est pas exclu que Romanov puisse disputer des matchs avec sa nouvelle équipe si, bien sûr, la LNH donnait son feu vert. Ce faisant, le Canadien et Romanov pourraient rapidement «brûler» la première des trois années du contrat d’entrée auquel il doit s’astreindre.

 

Il y a beaucoup de «si» dans cette équation. C’est un fait. Mais quand on considère que l’un des plus gros obstacles du Canadien dans le dossier Romanov est le fait qu’il ne peut offrir plus d’argent au jeune défenseur que les règles le permettent dans le cadre des paramètres des contrats d’entrée, la possibilité de «brûler» rapidement la première saison représenterait un incitatif de taille pour convaincre le jeune Russe de traverser l’Atlantique au lieu de demeurer en KHL où il est assuré, du moins à court terme, de faire plus d’argent que dans la LNH.

 

Quant à la décision de la LNH de refuser la mise sous contrat de Grigorenko par les Blue Jackets alors qu’elle a donné le feu vert aux Maple Leafs dans le dossier Barabanov, elle s’explique par le fait que Grigorenko – qui a été repêché par une équipe de la LNH (Buffalo), qui a disputé des matchs dans la LNH avant de retourner en Russie – ne pouvait profiter des statuts particuliers permettant à un joueur de se joindre à un club en cours de saison.

 

Ce que Barabanov a pu faire à titre de joueur autonome, ce que plusieurs joueurs émanant des rangs juniors au Canada et des rangs universitaires aux USA peuvent faire également, ce qu’Alexander Romanov pourrait faire s’il s’entendait avec le Canadien.

 

Grigorenko et les Blue Jackets pourront soumettre le contrat refusé lundi dès le premier juillet prochain conformément aux règles de la convention collective liant la LNH à ses joueurs.

 

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