Marc Bergevin a réglé un problème en larguant Rene Bourque en fin de semaine. Il vient d’en régler deux autres en concluant la transaction qui envoie Travis Moen aux Stars de Dallas en retour du vétéran défenseur Sergei Gonchar.

Oui, Gonchar est vieux à 40 ans. Oui, il est usé alors qu’il vient d’amorcer sa 20e saison dans la LNH. Vingt saisons au cours desquelles il a accumulé des blessures. Mais au-delà de son âge et des blessures qui l’ont ralenti un brin ou deux, Gonchar demeure un défenseur de talent, capable de bien jouer avec la rondelle et surtout en mesure d’aider à relancer – certains diront lancer – une attaque massive qui a bien besoin d’aide.

Avec trois petits buts en 39 occasions – dont un dans un filet désert – le Canadien affiche une efficacité de 7,7 % qui le place au 28e rang dans la LNH.

Je ne tente pas ici de vous convaincre que Gonchar peut rivaliser d’adresse avec P.K. Subban ou Andrei Markov. Ça non! Subban avait trois ans quand Gonchar a été sélectionné en première ronde par les Capitals de Washington. Il jouait dans la rue devant chez lui alors que Gonchar était au faîte de sa carrière. Et si Gonchar était toujours aussi solide qu’il l’a été au cours des meilleurs moments de sa carrière qui lui a permis de marquer 219 buts et de récolter 798 points en 1256 rencontres, le Canadien ne l’aurait pas obtenu en retour de Travis Moen… et de Travis Moen seulement.

Mais avec son expérience, Gonchar devient un atout pour le Canadien. Pas une pièce maîtresse. Un atout. Il pourra bien appuyer le premier duo de défenseurs et comme il peut jouer à droite, bien qu’il soit gaucher, il sera en mesure de remplir différents rôles.

On pourrait le voir à la droite de Markov. On pourrait le voir à la gauche de Subban. On pourrait le voir à la droite d’Emelin, voire à la gauche de Gilbert même si un tel duo serait ô combien dangereux en défensive. On pourrait le voir à la droite de Tinordi et Beaulieu aussi alors que le vieux Russe pourrait servir de parrain.

Michel Therrien, qui l’a d’ailleurs déjà dirigé avec les Penguins de Pittsburgh, connaît bien le joueur et l’homme qui se cache sous l’équipement. Il sait ce qu’il pouvait lui donner dans le temps. Il verra rapidement ce qu’il sera maintenant en mesure de lui offrir. Et on doit accorder à Michel Therrien le talent et l’expérience pour bien déterminer ce que sera l’utilisation optimale de Gonchar.

Tinordi et Beaulieu

Parlant de Tinordi et Beaulieu : que leur arrivera-t-il maintenant qu’un autre défenseur s’amène?

À moins d’une blessure, d’une transaction impliquant l’un ou l’autre ou d’un renvoi dans la Ligue américaine, Tinordi et Beaulieu joueront de toute évidence un peu moins. Peut-être même pas mal moins.

ContentId(3.1103084):« On cherchait à stabiliser la défensive »
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Est-ce que ça retardera leur développement?

Sans doute un peu. Mais Beaulieu et Tinordi n’ont qu’eux à blâmer. À l’aube du camp d’entraînement, l’état-major avait de grandes visées pour eux. Il leur réservait d’ailleurs des places. Des places que ni Beaulieu, ni Tinordi, n’ont été en mesure d’accaparer en offrant du hockey d’une qualité inférieure à ce que la direction était en droit de s’attendre.

Si Tinordi s’était imposé physiquement, si Beaulieu s’était assuré de démontrer plus de constance et non de se contenter de beaux flashs offensifs, je suis loin d’être convaincu que Marc Bergevin se serait senti dans l’obligation d’obtenir du renfort à la ligne bleue.

Mais le fait que les deux jeunes n’aient pas offert le rendement attendu, le fait que Tom Gilbert n’ait pas encore affiché l’efficacité avec la rondelle qui l’a poussé à lui offrir un contrat de deux ans, Bergevin devait bouger. Il l’a fait. Et c’est tant mieux pour le bien de son équipe.

Moen aussi a vieilli

Bien que le Canadien n’ait pas obtenu le Sergei Gonchar de la grande époque, il n’a pas donné non plus aux Stars de Dallas le Travis Moen qui a rempli un rôle de premier plan – il a éteint les Sénateurs d’Ottawa en finale de la coupe Stanley en 2007 avec ses compagnons de trio Samuel Pahlsson et Rob Niedermayer – dans la première conquête de l’histoire des Ducks d’Anaheim.

Moen campait un rôle banal au sein du quatrième trio. Son expérience lui permettait de maintenir sa place. Mais il était un joueur en sursis. Il ne figurait plus dans les plans de l’équipe.

Sans faire de vague, sans miner l’esprit d’équipe, Moen encaissait un salaire de 1,85 million $ cette année. Il aurait touché une somme équivalente l’an prochain avec le Tricolore.

Gonchar coûte plus cher : 5 millions $. Mais les Stars conservent 8 % de son salaire sous le plafond salarial. Un salaire que le Canadien peut éponger sans problème pour le moment. Et comme le contrat du vétéran défenseur arrive à échéance, le Canadien libèrera 1,85 million $ l’an prochain pour l’aider à payer Gallagher et/ou Galchenyuk ou encore pour bonifier une offre à verser à un joueur autonome. Ce n’est pas le gros lot, mais c’est mieux de l’avoir dans ses poches que de l’avoir déjà dépensé.

Dans la LNH d’aujourd’hui, ce motif économique pèse plus lourd dans l’équation que les simples considérations hockey.

Est-ce que le Canadien peut remplacer Moen?

Bien sûr que oui.

S’il n’était pas blessé – sa blessure à l’épaule le gardera à l’écart du jeu pour une période encore indéterminée – Bournival pourrait camper ce rôle au sein du quatrième trio. Il pourrait même chasser Prust du troisième.

Mais comme il est blessé, le Canadien fera confiance à Drayson Bowman pour le moment. Et s’il ne fait pas le travail, d’autres jeunes, et moins jeunes, des Bulldogs pourraient défiler pour obtenir la chance de remplir ce rôle au sein du quatrième trio.

Le Canadien a eu raison de larguer Bourque comme le confirme le fait que les 29 autres clubs aient levé le nez sur lui alors qu’il était au ballottage en fin de semaine.

Le Canadien aura-t-il eu raison en échangeant Moen aux Stars pour obtenir Gonchar?

Seul le temps le dira.

Mais à première vue, Marc Bergevin a pris une bonne décision. Les prochains mois permettront de le confirmer… ou non.