Un an plus tard, le Canadien se réveille au lendemain de son 26e match de la saison au même endroit où il s’est réveillé après 26 parties disputées l’an dernier : au premier rang du classement général.

Pas mal! C’est même excellent!

Le 2 décembre dernier, au lendemain d’une victoire de 2-1 aux dépens des Blue Jackets de Columbus, le Canadien affichait un dossier retentissant de 19 victoires, 4 revers et 3 défaites en prolongation ou tirs de barrage. Ses 41 points le plaçaient tout en haut du classement.

En dépit de la blessure qui avait chassé Carey Price du match disputé à New York face aux Rangers, Mike Condon venait d’offrir une deuxième victoire à ses coéquipiers en trois parties (2-0-1).

On connaît la suite. Fort de ses 19 victoires lors des 26 premiers matchs, le Canadien s’est écroulé en se contentant de 19 victoires (19-34-3) à ses 56 dernières parties.

Après 26 matchs cette année, le Canadien accuse un recul de quatre points sur sa récolte de l’an dernier. Il affiche deux victoires de moins; deux revers en temps réglementaire de plus.

Mais de la façon dont il s’y est pris pour pallier la perte d’Alex Galchenyuk et le congé offert à Carey Price, le Canadien méritait un point de plus au classement mardi soir à St Louis. Il méritait la victoire au lieu d’avoir à se contenter du point obtenu dans le cadre du revers de 3-2 encaissé en prolongation aux mains des Blues.

Vrai qu’il a laissé fondre une avance de deux buts en troisième période avant de se faire prendre en prolongation. Mais contre des Blues redoutables à la maison, des Blues redoutables point, le Canadien a vraiment pris les moyens pour gagner.

Desharnais tombe à son tour

Peut-être l’aurait-il fait si David Desharnais, très solide dans son rôle de substitut à Galchenyuk au centre du premier trio, n’avait pas dû retraiter au vestiaire au dernier tiers alors qu’il a été victime de ce qui semble être une blessure au genou.

Déjà que le défi de combler la perte de Galchenyuk s’annonçait difficile pour cette équipe très vulnérable au centre, il deviendra périlleux si le Tricolore doit se passer aussi de Desharnais. Ce défi serait d’ailleurs si imposant que même les détracteurs de Desharnais devraient confirmer que son absence – combinée à cette de Galchenyuk bien sûr – fait très mal à leur club favori.

ContentId(3.1209593):Canadiens : David Desharnais quitte pour le vestiaire, visiblement ennuyé par une blessure à la jambe gauche (LNH)
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Ce n’est pas rien.

Desharnais a très bien relevé le mandat qu’il a reçu. C’était d’ailleurs prévisible, car avec sa vision, ses mains et sa capacité de distribuer de belles passes et d’offrir des occasions de marquer, on sait tous – quand on se donne la peine d’être objectif – qu’il est en mesure d’y arriver.

La question est de savoir combien de temps il peut le faire.

Si la blessure qu’il a subie n’est pas trop grave et que l’absence de Galchenyuk se prolonge, on le saura bien assez vite. Mais ce qui est clair, c’est que Desharnais représente la solution logique pour remplacer Galchenyuk.

Le Canadien méritait un meilleur sort

Si le petit centre québécois et mal aimé est au rancart? Tomas Plekanec aura l’occasion de faire oublier son affreux début de saison. Derrière lui, les Mitchell, Danault, Shaw et qui encore – si Charles Hudon ne s’était pas blessé bêtement, il aurait une chance en or de se tailler une place avec le grand club – devront occuper des patins deux points plus grands que ceux qu’ils portent normalement.

Et Radulov?

Je continue à croire qu’il représenterait une bonne alternative. L’entraîneur-chef Michel Therrien a toutefois balayé cette possibilité du revers de la main lorsqu’elle lui a été proposée mardi matin à St Louis. Si les mauvaises nouvelles s’accumulent sur le front des blessures, peut-être devra-t-il s’y résigner. On ne lui souhaite pas…

Revenons à Plekanec un instant. S’il avait mille et une choses à se faire pardonner – surtout son inertie offensive – après les 25 premiers matchs de la saison, Plekanec a enfin donné signe de vie à St Louis mardi.

Il a marqué un très beau but et il aurait été crédité d’un deuxième – le premier du match – n’eut été que la rondelle a effleuré Paul Byron – Ti-Paul est rendu à huit buts en passant – avant d’être poussée derrière Jake Allen par son défenseur Carl Gunnarsson.

Plekanec était plus impliqué mardi. Plus rapide. Plus incisif. Est-ce l’effet Byron qui l’a ainsi survolté? Peut-être. Si tel est le cas, il faudra les garder ensemble, car cette combinaison a soulevé de l’espoir à St Louis. À moins que les diagnostics des médecins obligent Michel Therrien à démembrer ce duo intéressant.

Montoya secoué

Dans l’ensemble, tous les joueurs du Canadien ont bien joué à St Louis mardi.

De fait, ils ont majoritairement très bien joué depuis le début de ce voyage de cinq matchs. Son plus long de la saison exception faite du traditionnel exode du temps des Fêtes alors que le Tricolore jouera sept matchs de suite sur la route pour amorcer une séquence de 11 matchs en 14 loin du Centre Bell.

Dans la victoire (à Detroit et Los Angeles où il a gagné en prolongation et tirs de barrage) comme dans la défaite, le Canadien a disputé des matchs qui se sont décidés par un seul but. De fait, cette séquence de matchs décidés par un seul but s’étire maintenant à 11 parties. C’est long!

Parce que tous les matchs sont aussi serrés, plusieurs amateurs et observateurs ont contesté avec passion la décision de Michel Therrien de faire confiance à l’auxiliaire Al Montoya plutôt que d’y aller avec Carey Price.

Malgré la défaite, Montoya a donné raison à son coach. Peut-être un brin généreux sur le premier but des Blues – un but important qui a fait tourner le vent en poupe pour St Louis qui l’avait jusque-là en proue en raison du jeu efficace du Canadien qui ne lui donnait rien, ou pas grand-chose – Montoya a réalisé plusieurs arrêts qui ont facilement fait oublier ce but.

Et de la façon dont les Blues ont convergé sur son filet, de la façon dont les gros attaquants l’ont bardassé du début à la fin de la rencontre, on a compris pourquoi le Canadien a décidé de soustraire son gardien numéro un à ce type de pression.

Et la victoire? N’était-elle pas cruciale et plus accessible avec Price devant le filet plutôt qu’avec Montoya?

La réponse facile est oui.

Mais dans les faits, les deux points qui seront à l’enjeu jeudi au Centre Bell face aux Devils, le seront plus encore puisqu’ils sont des rivaux d’association. Et comme on sait qu’une équipe patine souvent dans le sable lorsqu’elle dispute un premier match à la maison après un long séjour sur la route, Michel Therrien sera bien mieux de compter sur un Carey Price bien reposé en sans le moindre petit bobo jeudi soir. Surtout devant ses partisans.

Des partisans qui ont toutes les raisons d’être fier que leur équipe rentre à la maison avec une fiche de ,500 dans le cadre d’un voyage qui s’annonçait difficile en raison des imposants clubs qui se dressaient sur son chemin.

Le Canadien a bien, voire très bien joué lors de ces cinq matchs. L’effort était au rendez-vous même si les résultats ne l’ont pas toujours été.

Des cinq matchs, c’est celui à Anaheim qui m’a semblé le moins solide alors que les statistiques associées à cette partie moussaient selon moi d’une façon exagérée la qualité des tirs obtenus et des occasions générées par le Canadien.

Mais les quatre autres matchs ont été de grande qualité. Surtout celui de mardi à St Louis, un match disputé dans des conditions très difficiles et certainement non gagnantes. Un match que le Canadien aurait pu facilement gagner.

Un match dont l’issue ne devrait pas atténuer la conclusion fort positive du voyage du Canadien qui a disputé un gros match pour compléter un gros voyage.

Un voyage qui aurait dû rassurer les partisans angoissés par la possibilité de voir le spectre de l’an dernier venir hanter à nouveau cette année leurs favoris. Mais voilà : la blessure qui minait déjà Galchenyuk et celle subie mardi par Desharnais n’aident en rien la cause de ces partisans inquiets. Des partisans qui auront d’ailleurs pleinement raison d’être inquiets, et très inquiets même, si les diagnostics reliés aux blessures subies par Galchenyuk et Desharnais confirment des absences prolongées.