Bien que le capitaine du Canadien de Montréal, Max Pacioretty, commence finalement à marquer des buts au rythme auquel il nous a toujours habitués, menant par l’exemple et essayant de créer une étincelle chez le Tricolore, le CH accumule toujours les défaites.

Alors que le Match des étoiles approche, il est clair que le Canadien ne saura pas sauver sa saison. À ce stade, emprunter cette voie serait l’équivalent de soigner un membre amputé avec un diachylon.

Si le Canadien souhaite être de nouveau compétitif la saison prochaine, comme l’a sous-entendu Marc Bergevin, la première étape est de mettre le doigt le plus rapidement possible sur ce qui est allé de travers. Il est facile de dire que Carey Price a connu des ennuis, mais au rythme auquel le Tricolore encaisse les buts, cela suggère que la question est plus complexe.

Shea Weber a manqué plus de parties cette saison que lors des 10 années précédentes. C’est assurément un autre facteur important. Sa prochaine partie manquée sera sa 24e cette saison, c’est le même total que pour les 10 années précédentes combinées. Cependant, même avec Weber, l’équipe présentait une fiche de 10-13-3, ce qui n’est pas si différent de leur fiche de 10-10-3 en son absence.

Ce qui m’intéresse, ce sont les facettes du jeu où le Canadien fait moins bien que la moyenne de la ligue et expliquant qu’une équipe moyenne quant à la possession (le Corsi ajusté de 51,1 % du Canadien lui confère le 13e rang de la ligue) soit la quatrième pire formation de la LNH quant au différentiel de buts.

Alors, dans quelles facettes du jeu le Canadien est-il horrible? Décortiquons le tout avec les statistiques.

Les faiblesses du CanadienNous allons procéder de deux façons. Premièrement, en observant à quelle fréquence les jeux sont ou ne sont pas réalisés comparativement à la moyenne de la ligue. Deuxièmement, en observant les taux de réussite et d’échec. Les seules facettes du jeu qui nous intéressent ici sont celles où le Canadien se classe parmi les cinq pires équipes de la LNH.

Une chose qui saute aux yeux est que les défenseurs sont surreprésentés sur le graphique, essentiellement en raison de leur manque de créativité à l’attaque et de leur incapacité à quitter leur territoire avec efficacité.

Parmi toutes les équipes de la LNH, les défenseurs du Canadien sont ceux qui s’impliquent le moins au moment de créer de l’attaque à égalité numérique. Ils sont ceux générant le moins de chances de marquer et viennent au 27e rang pour les passes complétées en zone offensive. Ce manque d’implication à l’attaque de la brigade défensive du Canadien n’a rien de surprenant compte tenu de son effectif. Seuls Jeff Petry et Shea Weber génèrent plus d’attaque que la moyenne de la ligue.

Ce manque d’implication à l’attaque de la brigade défensive pourrait être acceptable si le groupe était mobile et en mesure de donner rapidement la rondelle aux attaquants pour orchestrer le jeu de transition. Cependant, seules trois autres brigades défensives sont plus souvent battues que celle du Canadien lors des rejets de l’adversaire en zone offensive. Les défenseurs du CH sont également ceux récupérant le moins de retours dans leur territoire parmi toutes les équipes de la LNH.

Vous avez peut-être remarqué que beaucoup de buts marqués contre Carey Price surviennent directement après qu’il ait réalisé un arrêt spectaculaire. C’est probablement attribuable à cette faiblesse.

En ce qui concerne les attaquants, leur principale faiblesse est leur capacité à passer la rondelle lors des sorties de zone. Ils ont plus de difficultés dans cette facette que n’importe quel autre noyau d’attaquants de la LNH. Ceci se traduit en des revirements extrêmement coûteux faisant en sorte que les joueurs du CH sont pris hors position.

Le rendement des attaquants est aussi teinté par l’un des principaux problèmes frappant le Canadien, mais dont tout le monde doit porter le blâme. Après une mise au jeu perdue en zone défensive, le Canadien accorde 2,16 chances de marquer par tranche de 60 minutes de jeu. La moyenne de la ligue est d’à peine 0,8. Tyler Dellow avait souligné ce point dans The Athletic en novembre. La situation n’a pas changé.

Les attaquants ont de la difficulté à compléter leurs passes en sorties de zone. Les défenseurs ont de la difficulté à récupérer les rondelles et à organiser efficacement les sorties de zone. L’équipe est globalement incapable de se défendre après avoir perdu une mise au jeu. Tout cela crée beaucoup de panique en zone défensive et de nombreuses équipes se moquent du Canadien à l’aide de passes, en raison de cette même panique.

Les faiblesses du CanadienPour ce qui est des taux de réussite, la situation est complètement différente, alors que ce sont plutôt les attaquants qui sont moins bons. Généralement, les défenseurs du Tricolore sont parvenus à éviter de se classer parmi les pires brigades de la LNH. La seule exception est qu’ils perdent beaucoup de batailles à un contre un en zone neutre. Ils y perdent plus de batailles que n’importe quelle autre brigade défensive de la LNH, ce qui engendre beaucoup de surnombres à la faveur de l’adversaire.

Il pourrait paraître étrange que la moyenne de la ligue pour les batailles à un contre un remportées soit en deçà de 50 %, mais il y a trois résultantes possibles lors d’une bataille. Une équipe peut la remporter, la perdre ou le disque peut demeurer libre.

Pour ce qui est des attaquants, encore une fois, il y a beaucoup de problèmes à l’attaque. Les avants de Montréal présentent le pire taux de passes complétées en zone offensive de toute la LNH. Leur taux de passes complétées dans l’enclave est bon pour l’avant-dernier rang. Le Canadien n’a que deux attaquants au sein de son alignement complétant des passes à un rythme supérieur à la moyenne de la ligue : Jonathan Drouin et Charles Hudon. Tous les autres attaquants font moins bien que la moyenne.

En vous fiant à ces chiffres catastrophiques, vous penseriez que les attaquants du Tricolore commettent beaucoup de revirements en zone offensive. C’est le cas. Ils viennent au 28e rang de la LNH dans cette facette. Malheureusement pour le Canadien, son groupe d’attaquants se classe également au 28e rang quant aux batailles à un contre un remportées en zone offensive.

Tout cela signifie que le Canadien ne parvient pas à ce que son temps de possession en zone offensive se transforme en de longues séquences, ce qui mène souvent à des buts. Quand ils pénètrent en zone offensive, les attaquants du Canadien sont avant-derniers pour les entrées de zone en contrôle menant à une chance de marquer.

Les choses ne sont pas bien mieux quant à l’échec avant. Le Canadien vient au 29e rang quant aux rejets en zone offensive menant à une chance de marquer.

Si vous n’êtes pas efficace en échec avant ou en pénétrant en zone offensive avec le contrôle du disque, et que vous ne parvenez pas à établir de longues séquences de temps de possession en faisant circuler la rondelle, est-il surprenant que vous ayez de la difficulté à inscrire des buts?

Ensemble, ces données nous révèlent ce qui cloche chez cette équipe. Tout ceci était assez prévisible lors de la dernière saison morte.

Les défenseurs de Montréal ne sont pas très bons tout simplement, ou impliqués offensivement. Cela met plus de pression sur les attaquants de briller, sans qu’ils aient de support pour faire circuler le disque. Pour certaines équipes, cette faiblesse à la ligne bleue peut ne pas être tragique. Ce n’est cependant pas le cas du Canadien, comme ce groupe d’attaquants manque déjà de fabricants de jeux, surtout au centre.

À mon avis, les attaquants du Canadien sont bien meilleurs que ce qu’ils ont montré cette saison. Toutefois, en exposant leur manque de talent à fabriquer des jeux en raison de la présence d’un groupe de défenseurs assez faible au moment de faire circuler la rondelle, vous créez un cercle vicieux.

Bien que Marc Bergevin a indiqué plus tôt cette saison que la solution se trouvait à l’interne, il s’est trompé royalement dans ses calculs, une erreur qui fut fatale.