Le Canadien de Montréal est un club un brin énigmatique. Un club capable de coller deux, trois, cinq, sept victoires et de faire mentir ceux qui prévoient son effondrement imminent.

Le Tricolore est aussi un club capable du pire. Capable de miner la confiance de ses partisans en disputant un match affreux au lendemain d’une rencontre spectaculaire.

Remarquez que le Canadien est loin d’être le seul club capable du meilleur un soir donné et du pire le lendemain. Ou l’inverse…

Le Canadien nous a toutefois habitués au fil des dernières années à souvent disputer ses meilleurs matchs contre des adversaires plus forts pour se sauver avec des victoires ô combien inattendues. Il nous a aussi habitués à gaspiller des points faciles contre des adversaires considérés, parfois injustement, battus d’avance.

Quatre gains seulement

Cette croyance populaire tient toutefois plus de mythes que de la réalité.

Surtout cette année.

À l’aube de son retour sur la patinoire mardi alors que les Sabres de Buffalo feront à nouveau escale au Centre Bell, le Canadien affiche un dossier de quatre victoires seulement (4-10-1) en 15 rencontres face à des adversaires occupant l’une ou l’autre des 10 premières places au classement (à la pause du Match des étoiles) général.

C’est peu.

Inversement, le Canadien a été très solide contre les clubs occupant les 20 dernières positions comme le confirment ses 25 victoires (25-4-6) en 35 parties.

Bien que ces tableaux changeront d’allure selon les fluctuations du classement au fil des prochaines semaines, il n’en demeure pas moins que les 50 premières parties de la saison indiquent que le Canadien est solide comme les «petits» clubs et qu’il en arrache contre les équipes de premier plan.

Une source d’inquiétude en vue des 32 dernières parties de la saison, alors que le Tricolore croisera sept fois des équipes occupant le top-10 – à la pause du Match des étoiles – du classement. Sans oublier qu’une fois en séries le Canadien devra composer avec ces clubs de premier plan s’il veut s’offrir des chances de se rendre à la coupe Stanley.

Entraîneur-chef du Canadien, Michel Therrien est bien conscient de cette statistique qui n’avantage pas son équipe. Sans la balayer du revers de la main, il ne la laisse pas miner sa confiance à l’endroit de ses joueurs.

« Je constate la même chose. C’est un fait, mais ça ne représente pas une grande source d’inquiétude pour l’instant. Quand je regarde les matchs qu’on a disputés contre les grosses équipes, nous étions souvent privés de plusieurs de nos meilleurs joueurs en raison des blessures. Ce n’est pas une excuse, mais c’est une réalité qui a joué un rôle dans tout ça », a indiqué Therrien croisé lors de la pause du Match des étoiles.

« Cela dit, il est clair qu’on devra profiter du dernier droit du calendrier pour améliorer nos performances. Pas seulement contre les gros clubs, mais contre tous nos adversaires. Car s’il est vrai qu’il y a des matchs plus difficiles que d’autres, il n’y a pas de matchs faciles pour autant. Il faudra améliorer la constance de nos efforts et de nos performances. Ces améliorations combinées au retour des blessés devraient nous aider contre toutes les équipes, pas seulement celles qui sont dans le haut du classement », a ajouté l’entraîneur-chef du Tricolore.

Quand on consulte le bilan des 50 premiers matchs du Tricolore, les blessures ont effectivement joué un rôle dans les résultats négatifs. Le Canadien était privé des Galchenyuk, Gallagher, Desharnais, Shaw, Markov et Pateryn lorsqu’il a encaissé ses deux défaites contre le Wild du Minnesota. Il était aussi mal en point lorsqu’il a perdu contre San Jose (deux fois) et lors de sa deuxième défaite aux mains des Blue Jackets de Columbus.

Il était toutefois bien nanti lors du revers de 10-1 encaissé à Columbus et il a battu Anaheim avec un alignement décimé alors qu’il a perdu au domicile des Ducks plus tôt cette saison avec un club en santé.

Vrai aussi que le Canadien était en santé lorsqu’il a battu les Penguins lors du match d’ouverture au Centre Bell, mais il a quand même trouvé un moyen de battre Washington et les Rangers de New York avec des joueurs clefs sur la touche. Comme quoi les blessures et la fatigue ne peuvent tout expliquer : que ce soit positivement ou négativement.

Il est toutefois très clair qu’avec un alignement complet et des joueurs à qui il peut confier des rôles qu’ils sont davantage en mesure d’occuper, Michel Therrien a de meilleures chances de conduire son équipe à la victoire.

Renversements positifs

Si les statistiques du Canadien face aux «grosses» équipes cette saison peuvent soulever des doutes quant aux chances du Tricolore de s’imposer le printemps prochain, la récente histoire du Tricolore en séries éliminatoires est de nature à les apaiser un brin, voire à mousser la confiance de ses partisans.

Au printemps 2015, après une saison régulière solide contre des clubs du top-10 (11-9-4) et du reste de la LNH (39-13-6) le Canadien a perdu en deuxième ronde aux mains du Lightning de Tampa Bay.

Au printemps 2014, le Canadien s’est rendu en finale d’association contre les Rangers de New York après une saison régulière tout juste gagnante contre le top-10 (10-9-2) et le reste de la Ligue (36-19-6)

En 2010-2011, après une saison de 14 victoires contre des clubs du top-10 (14-12-2) et un brin de difficultés contre le reste de la Ligue (30-18-6), le Tricolore s’est effondré dès la première ronde face aux Bruins de Boston qu’il avait pourtant battus lors des deux premiers matchs. Cette remontée des Bruins les avait propulsés jusqu’à la coupe Stanley.

Ce qui nous amène à la saison 2009-2010. Une saison à l’image des 50 premiers matchs de la saison en cours. Le Canadien avait alors maintenu un dossier négatif (7-10-3) contre les clubs du top-10 (32-23-7 face au reste de la Ligue). Au terme de cette saison sans grands éclats, la première de Jacques Martin à la barre du Canadien et des Mike Cammalleri, Scott Gomez et compagnie à Montréal, le Tricolore s’était non seulement rendu en finale de l’Est contre les Flyers de Philadelphie, mais il avait sorti et surpris les puissances qu’étaient les Capitals de Washington et les Penguins de Pittsburgh en première et deuxième ronde.

L’excellence du jeu défensif du Tricolore et les performances étincelantes que Jaroslav Halak n’a jamais depuis été en mesure d’égaler avaient joué un grand rôle dans ces victoires surprenantes en séries.

C’est vrai.

Mais cette performance mémorable du printemps 2010 donne raison à Michel Therrien qui constate les statistiques négatives actuelles sans pour autant les laisser miner sa confiance.

Le Canadien disputera 7 de ses 32 derniers matchs contre des clubs de premier plan et 16 de ses 32 parties sur la route.

Duels contre des clubs du top-10 :

4 février : contre Washington

5 février : contre Edmonton

21 février : à New York

28 février : contre Columbus

4 mars : à New York

12 mars : à Edmonton

14 mars : contre Chicago