MANHATTAN - Dale Weise brillait par son absence lors de l’entraînement matinal du Tricolore jeudi au Madison Square Garden. Il ne jouera pas ce soir et sera remplacé par Brandon Prust qui a purgé sa suspension de deux rencontres pour sa mise en échec illégale assénée à Derek Stepan des Rangers.

En point de presse ce midi, Michel Therrien a indiqué que Dale Weise était blessé au corps. L’entraîneur-chef du Tricolore n’a pas précisé s’il s’agissait du haut ou du bas du corps.

Bon! Le fait que Weise ait perdu son casque sous l’impact de la mise en échec de John Moore, que le défenseur des Rangers ait été suspendu deux matchs pour un coup illégal à la tête et que sans l’aide de P.K. Subban, l’attaquant du Canadien se serait écroulé sur la patinoire tant il avait perdu ses esprits indiquent clairement que Weise n’a pas été blessé à une cheville lors du jeu en question.

Pourquoi alors le Canadien joue-t-il ainsi sur les mots en refusant de confirmer qu’il s’agit bel et bien d’une commotion cérébrale?

Parce qu’en reconnaissant cette blessure, le Canadien perdrait les services de son attaquant de soutien pour une période minimale de sept jours comme l’exige le protocole imposé par la Ligue nationale. Le Tricolore se placerait aussi dans une position très inconfortable alors que Weise est revenu au jeu mardi soir en fin de match après avoir effectué un très court (trop court) séjour dans la salle de repos où doivent être confinés les joueurs affichant des symptômes de commotion cérébrale.

Cette situation démontre le manque de sérieux évident affiché autour de la LNH dans la quête ô combien nécessaire, voire primordiale, de contrer les commotions cérébrales et les contrecoups qu’elles entraînent.

Je ne vise pas ici spécifiquement la LNH, les 30 équipes et les membres de leur équipe médicale, les joueurs et l’Association qui les représente. Je les vise tous.

Il est temps, grand temps, que les procédures soient mieux définies et surtout mieux appliquées. Pour ne pas dire appliquées point, car on se demande vraiment si elles le sont toujours.

Dale Weise, comme tout joueur qui évolue en séries éliminatoires avec la chance de se rendre jusqu’à la coupe Stanley, est prêt à tout pour aider son club à se rendre au précieux trophée. Il est prêt à courir des risques, comme ceux qu’il a pris en revenant dans l’action mardi soir.

C’est normal. C’est humain.

C’est là où les membres de l’équipe médicale du Canadien dans ce cas-ci, mais des 29 autres équipes également, doivent s’interposer et protéger le joueur contre lui-même. C’est là que les membres des équipes médicales doivent faire passer la santé du joueur avant le bien de l’équipe. Ce qui n’est pas toujours évident.

Pas question de mettre en doute la compétence des membres de l’équipe médicale du Canadien. Jamais au grand jamais. Pas question non plus de mettre en doute l’intégrité du Canadien qui ferait passer le bien de l’équipe avant celui d’un de ses joueurs. Jamais!

Mais quand avec toutes les conséquences néfastes et documentées des commotions cérébrales, avec les poursuites faramineuses déjà déposées et les autres qui s’en viennent opposant les anciens joueurs aux équipes et ligues pour lesquelles ils ont joué, il serait grand temps que des médecins indépendants assistent aux matchs et s’assurent que les protocoles en place soient respectés. On parle d’ailleurs dans les coulisses de la NFL d’implanter un système de ce genre.

Ça éviterait le genre de situation ridicule dans laquelle le Canadien se retrouve dans le dossier Dale Weise aujourd’hui.

Remarquez que Weise est peut-être blessé ailleurs sur son corps. Ce qui serait normal. Il encaisse des coups par dizaines lors des matchs. Il a même encaissé tout un choc plus tôt dans la partie de mardi lorsqu’il a frappé la portion arrondie de la baie vitrée au bout du banc des Rangers.

Mais en quittant la patinoire du Centre Bell comme il l’a fait après la mise en échec illégale et à la tête de John Moore, en étant soutenu pour ne pas s’effondrer, Weise était clairement dans les bonbons mélangés. Il n’aurait jamais dû en sortir si vite pour ensuite y replonger.

Avec la finale d’association qui pourrait prendre fin ce soir dans l’Est. Avec la finale d’association qui se prolonge dans l’Ouest. Avec surtout la grande finale qui se mettra en branle mercredi prochain à Montréal, Los Angeles ou Chicago, les migraines que provoquent les commotions cérébrales et surtout l’application ou non application des protocoles visant à les contrer passent loin dans la liste des priorités autour de la LNH.

Et c’est bien dommage. C’est dommage oui, mais c’est surtout inquiétant. Car au-delà la frénésie des séries et de la finale de la coupe Stanley qui se pointe, la santé des joueurs et le respect, ou le contournement, des mesures mises en de l’avant – même si ces mesures sont encore incomplètes – pour assurer la sécurité de ces joueurs devraient primer sur tout le reste.

Ce qui ne semble vraiment pas être le cas…