Le duel Canadien-Canucks de jeudi au Centre Bell était bien plus qu’un face à face opposant Carey Price et Roberto Luongo avec, comme prix au gagnant, le poste de gardien numéro  un pour le Canada aux Jeux olympiques de Sotchi.

C’était beaucoup plus aussi qu’une confrontation Raphael Diaz – Dale Weise qui se croisaient dans l’uniforme de leur nouveau club respectif deux matchs seulement après la transaction qui en a envoyé un à Montréal, l’autre à Vancouver.

Cette rencontre était le duel entre un club qui a un genou au sol et qui ne semble pas avoir la force, voire la conviction, de pouvoir se relever contre un autre qui se devait d’en profiter.

Et le Canadien a su en profiter.

Contre des Canucks décimés par les blessures, des Canucks qui semblent avoir perdu leur identité de club offensif capable de rivaliser avec n’importe qui dans la LNH, le Canadien l’a emporté facilement 5-2 dans un match bizarre.

Bizarre parce que Max Pacioretty, devenu le premier joueur de l’histoire du Canadien à obtenir pas un, mais bien deux tirs de pénalité au cours d’une seule et même période – la deuxième – les a ratés tous les deux.

Malgré ces deux affreux jeux qui ne mousseront pas ses chances de se retrouver sur la patinoire la prochaine fois qu’une rencontre du Canadien se décidera en prolongation – il faudrait quand même l’envoyer avant Douglas Murray – Pacioretty a signé un tour du chapeau. Eh oui. Après avoir tiré trois pieds trop haut et à droite de Roberto Luongo à son premier tir de pénalité et s’être presque barré les patins en multipliant les feintes inutiles à sa deuxième tentative Pacioretty a marqué son 25e but de l’année en complétant un jeu magnifique de David Desharnais et ajouté son 26e dans un filet désert. En fin de première période, Pacioretty avait inscrit son 24e alors qu’un tir des poignets de P.K. Subban a dévié sur la culotte de l’attaquant américain avant de se faufiler derrière Luongo sur le tout premier but de la rencontre.

Outre Pacioretty et ses compagnons de trio – Desharnais et Brendan Gallagher – le quatrième trio composé de Michaël Bournival, Ryan White et Dale Weise a disputé un autre très solide match. Ça en fait deux de suite. Non seulement White a marqué son premier de la saison en profitant d’un cadeau de Luongo sur un rebond que le gardien de St-Léonard ne croyait pas avoir accordé. Mais ce trio s’est imposé par sa vitesse et sa fougue. Au lieu de confiner son 4e trio au banc en attendant une occasion pas trop périlleuse pour l’envoyer dans la mêlée, Michel Therrien a eu recours à ses hommes de soutien aussi souvent qu’il a pu. Avec des résultats probants pour le Tricolore. Car un quatrième trio efficace en défensive et capable de générer des occasions de marquer offre du temps de récupération aux joueurs les plus sollicités tout en forçant la main de l’entraîneur adversaire de se préoccuper d’un trio qui devrait rarement l’obliger à le faire.

Un gros plus pour le Canadien qui attend de connaître le diagnostic dans le cas de Bournival qui a quitté le match après avoir reçu le bâton à la mâchoire de son coéquipier Weise qui l’a atteint en tombant.

Bournival pourrait souffrir d’une fracture de la mâchoire, d’une commotion, voire des deux. On verra !

Un gros moins pour George Parros qui, parce qu’il ne peut rivaliser avec Weise ou White sur le plan de la vitesse et des capacités à simplement jouer au hockey, pourrait devoir patienter longtemps et attendre des blessures à ses coéquipiers avant d’avoir l’occasion de rejouer. Mais même s’il devait obtenir la chance d’endosser le chandail, Parros ne pourrait d’aucune façon donner la chance aux deux autres membres du 4e trio d’être aussi efficaces, impliqués et sollicités qu’ils ne l’ont été lors des deux dernières rencontres.

Et à ceux qui seraient tentés de lire dans ces derniers commentaires des reproches adressés à Parros, il n’en est rien. Il s’agit simplement de constatations bien banales qui confirment ce que plusieurs disaient – et oui je m’inclus dans le groupe – lorsque le Canadien a embauché le moustachu colosse à l’effet que Parros ne peut pas vraiment aider une équipe de la LNH sur le plan hockey. D’autres ajouteront qu’il ne peut plus vraiment le faire en matière de robustesse non plus. Mais j’éviterai ce pan des discussions.

Luongo-Price

Revenons aux gardiens un instant.

En son et images : Canucks-Canadiens

Histoire de satisfaire ceux, et celles, qui tenaient mordicus jeudi et tiennent encore peut-être vendredi matin à faire une projection sur les Jeux de Sotchi dans le cadre du duel Luongo-Price, disons que la première manche est allée au gardien du Canadien.

Carey Price a réalisé 42 arrêts. Plusieurs solides et pas commodes. Il s’est fait déjouer par un ricochet involontaire – rondelle qui a dévié sur la jambière de Christopher Higgins – et un tir parfait d’Alexander Edler, les deux fois en désavantage numérique. Sa performance aurait pu – et peut-être dû – lui valoir une étoile. On aurait facilement pu lui décerner la 2e à la place de David Desharnais. J’en conviens. Mais comme Price reçoit souvent des étoiles parce que les joueurs devant lui ne font rien pour le devancer dans la course à la coupe Molson et que le Canadien a marqué cinq buts pour la première fois en 10 matchs et la quatrième seulement – dont un match de six buts le 19 novembre dernier – l’occasion était belle de distribuer les étoiles différemment.

À l’autre bout, Roberto Luongo n’a pas connu une soirée facile. Non ! Il n’a pas accordé de sapin. Quoiqu’on pourrait qualifier de très mauvais but celui accordé à White qui a tiré dans une cage déserte en fin de première alors que Luongo croyait avoir immobilisé la rondelle.
Mais le gardien de St-Léonard a été tellement abandonné par sa défensive poreuse qu’il est difficile de lui imputer quelque responsabilité que ce soit dans la défaite.

Malgré son cadeau à White, Luongo s’est bien repris en volant un but certain à Brandon Prust en début de deuxième période. Alors que le Canadien écoulait une pénalité, Prust a profité d’une descente à deux contre un pour décocher un tir parfait qui lui aurait permis de célébrer son 6e but de l’année n’eût été des prouesses de Luongo sur ce jeu.

Malgré les cinq buts marqués à ses dépens par le Canadien, malgré les 42 arrêts de Price, il est acquis que le gardien des Canucks sera devant le filet du Canada lors du premier match du tournoi olympique à Sotchi.

Il est acquis aussi – du moins c’est ce qu’on croit tous en se fiant au passé de Mike Babcock – que Price obtiendra le deuxième.

Après coup, le poste sera ouvert. En fait non, il sera à Luongo qui le perdra au moindre signe de fatigue. Et qui ne le reverra pas jusqu’à la toute fin du tournoi si Carey Price garde les buts à Sotchi comme il l'a fait jeudi.

Et on fait quoi de Mike Smith, le troisième gardien. On le garde pour les entraînements et en cas d’extrême urgence…

Chiffres du match

2 : c’était la première fois de l’histoire du Canadien qu’un joueur du Tricolore obtenait deux tirs de pénalité dans un même match. C’était aussi la première fois que les Canucks en accordaient deux…

3 : Max Pacioretty a obtenu trois tirs de pénalité depuis qu’il a fait le saut dans la LNH avec le Canadien. Les trois face à Roberto Luongo – le troisième le 12 octobre dernier à Vancouver – qui a stoppé l’attaquant du Canadien à chaque fois…

5 : Roberto a maintenant affronté cinq tirs de pénalité en carrière. Chaque fois il a réalisé l’arrêt…

7 : David Booth qui n’a offert que cinq buts et 12 points aux Canucks cette saison a dominé son équipe avec sept mises en échec hier. Un rôle de composition pour le rapide patineur…

8 : Alexander Edler a obtenu huit des 44 tirs des Canucks jeudi. C’est quatre de moins que son sommet personnel cette saison alors qu’il en avait obtenu 12 le 2 novembre dernier contre Toronto. Les Canucks avaient obtenu 47 tirs dans une victoire de 4-0…

10 : le Canadien a écopé cinq pénalités mineures. De ces 10 minutes passées au cachot, huit l’ont été de façon bien inutile en raison de mauvaises pénalités écopées par Plekanec, Emelin, Prust sans oublier la pénalité décernée parce que trop de joueurs du Canadien étaient sur la patinoire en même temps…

12 : les Canucks de Vancouver forment le pire club canadien de la LNH depuis le premier janvier et l’un des pires de la LNH au grand complet comme le confirment leurs quatre maigres victoires (4-14-2) lors des 18 derniers matchs…

32 : le Canadien sera en quête de sa 32e victoire de la saison (31-21-6) samedi en Caroline dans le cadre du dernier match avant la trêve olympique…

74 : En plus de 44 tirs cadrés sur le filet défendu par Carey Price, les Canucks en ont ajouté 30 qui ont soient été bloqués ou on raté la cible. C’est beaucoup…