En déclarant qu'il sera difficile de se tailler une place dans les séries, l'entraîneur du Canadien Michel Therrien n'a fait que dire la vérité. Comme nous, il voit son équipe jouer et il a fait preuve de réalisme. S'il avait prétendu le contraire, je pense que tout le monde l'aurait regardé d'un oeil sceptique. Je le connais et je suis persuadé qu'il n'a pas lancé la serviette. Ce n'est pas son genre.

On sait que la pente sera abrupte à remonter, mais mathématiquement, c'est possible. Il faut des victoires, mais Therrien sait très bien que si ses hommes ne travaillent pas mieux, il faudra oublier ça.

La semaine actuelle s'annonçait cruciale pour le Canadien, et comme observateur, je croyais que le Tricolore avait les ressources pour aller chercher quatre victoires contre des équipes de bas de classement. Si je refais une chronique dans dix parties et que le Canadien les gagne toutes, mon discours sera différent, mais actuellement, je n'y crois plus. Auparavant, les adversaires craignaient le Canadien, mais on constate maintenant que l'équipe ne fait plus peur à personne.

Dès que l'adversaire prend l'avance, ça devient difficile. C'est le signe d'un club qui a perdu confiance. Face aux Sabres mercredi, les hommes de Michel Therrien avaient pourtant réussi à prendre l'avance après 40 minutes, mais ils ont accordé trois buts en troisième période à un club qui est derrière eux au classement. C'est difficilement explicable.

J'ai déjà été joueur et je peux vous dire qu'en aucun temps les joueurs n’ont le droit d'abandonner. Ce sont des professionnels et je leur fais confiance. Je suis toutefois déçu de voir que l'on parle beaucoup, mais qu'on n'agit pas. C'est bien beau que Therrien ou Marc Bergevin fassent des discours, mais si ça ne se traduit pas sur la glace, ça ne sert à rien. Je ne vois pas une équipe déterminée à s'en sortir. Les gars ont des soubresauts de quelques minutes où ils travaillent bien, mais leur travail n'est pas constant durant tout le match.

La chose la plus facile serait de congédier l'entraîneur. Certains seraient peut-être heureux, mais ça demeurerait la même équipe. L'arrivée d'un nouvel entraîneur donnerait sans doute une dose d'énergie pendant quelques parties, mais par la suite, le naturel reviendrait.

Quand les Penguins de Pittsburgh ont congédié Michel Therrien en 2008-2009, son successeur Dan Bylsma a pu bénéficier du retour au jeu de Sergei Gonchar qui était blessé ainsi que des acquisitions de Bill Guerin et Chris Kunitz, deux joueurs d'impact. Je me demande encore aujourd'hui pourquoi les Penguins n'avaient pas réalisé ces échanges alors que Michel était en poste.

Je persiste à croire que ça prend toujours une grosse transaction. Il y a deux semaines, Bergevin disait qu'il ne voulait pas toucher à son noyau et que réaliser des échanges était devenu plus difficile. Aujourd'hui, je ne suis pas convaincu qu'il tiendrait le même discours. Il ne voit peut-être plus son noyau du même oeil. Bergevin est un bon homme de hockey et il n'a déçu personne depuis son arrivée. Il a fait du Canadien une équipe compétitive et c'est à lui à trouver les réponses.

Je suis convaincu qu'il peut bouger pour le bien de l'équipe d'ici la date limite des échanges. Il est bien entouré et il doit agir. L'absence de Carey Price donne le vrai portrait de la nature de l'équipe. On sait que Price peut transporter le club jusqu'en séries, mais ce n'est pas lui qui marque des buts. Le Canadien doit donc trouver une façon d'avancer. Bergevin va peut-être choisir de ne bouger que cet été. Qui sait? Mais actuellement, Michel Therrien va à l'abattoir après chaque partie devant les journalistes et c'est triste à voir.

Je veux bien essayer de croire aux chances du Canadien de participer aux séries, car l'équipe n'est pas encore éliminée. Si le club subissait la défaite en se défonçant match après match, je me dirais que les choses pourraient se replacer, mais je ne vois pas Max Pacioretty très déterminé. Même chose pour Tomas Plekanec et David Desharnais. Brendan Gallagher travaille fort, mais sa production est en baisse.

Je me pose de sérieuses questions sur les leaders de ce club, notamment le capitaine. J'ai été capitaine dans les rangs juniors ainsi qu'en Europe et je peux vous assurer qu'un capitaine est celui qui doit donner l'exemple. Il doit être le premier à donner l'exemple, mais je ne vois pas Pacioretty le faire.

*Propos recueillis par Robert Latendresse