On a souvent prétendu cette année que le Canadien est solide face aux puissances de la Ligue et qu’il trouve souvent le moyen de gaspiller des points face aux petits clubs.

C’était vrai en début de saison. En milieu aussi. Mais ce ne l’est plus depuis la fin du mois de février.

Oui! Le Canadien trouve encore le moyen de perdre la face contre des équipes ordinaires, bien ordinaires, voire carrément mauvaises. Il en a fait une belle démonstration vendredi au New Jersey face aux Devils qui ont battu le Tricolore 3-2 en tirs de barrage. Des Devils qui n’avaient pas gagné à leurs six derniers matchs (0-4-2) et qui, pis encore, s’étaient contenté de sept petits buts lors de cette séquence de six revers.

Mais le Canadien ne gagne pas souvent contre les gros clubs non plus.

Depuis sa victoire de 5-2 aux dépens des Blues lors de sa seule escale de la saison à St Louis, le 24 février dernier, le Canadien n’affiche qu’une victoire contre un club qui prendra part aux séries. Une seule! Il l’a célébrée à Uniondale, le 14 mars, où il a battu les Islanders 3-1.

Depuis le 26 février, le Tricolore a aussi battu les Blue Jackets, les Maple Leafs, les Coyotes, les Panthers, les Hurricanes, les Sharks et les Panthers une autre fois.

Mais il a perdu – parfois en prolongation ou en tirs de barrage, mais il a perdu quand même – contre les Ducks, le Lightning à trois reprises, les Predators et les Capitals. Il a aussi perdu contre Ottawa, Los Angeles et Winnipeg ce qui lui donne une fiche de huit victoires seulement (8-6-5) à ses 19 derniers matchs.

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Voilà ce qui m’inquiète le plus dans cette glissade. Une glissade qu’il pourra freiner dès dimanche alors que le Tricolore aura la chance de jouer à domicile sur la route puisqu’il croisera une fois encore les Panthers de la Floride dans un amphithéâtre que les Québécois en exil pour l’hiver prendront une dernière fois d’assaut avant de migrer vers le Nord pour la période estivale.

Le Canadien saura-t-il en profiter?

Il le faudrait. Car de la façon dont son équipe joue présentement, Michel Therrien doit maximiser les trois derniers matchs – Panthers, Red Wings jeudi au Centre Bell et Maple Leafs samedi à Toronto – pour fouetter son club, le sortir de la vase dans laquelle il s’enlise et lui permettre de retrouver confiance – et de propager cette confiance aux partisans qui s’impatientent – à l’aube des séries.

Perdre contre les Devils!

Se faire planter par le Lightning comme ce fut le cas lundi au Centre Bell passe toujours. Tampa a un club redoutable en attaque et le Canadien a disputé un de ses pires matchs défensifs de la saison.

Gâcher une excellente partie à cinq contre cinq par une indiscipline crasse qui a permis à Alexander Ovechkin et les Capitals de Washington de marquer trois fois lors d’attaques massives peut passer aussi. Surtout qu’en dépit de ce revers contre le meilleur marqueur de la LNH et la meilleure attaque massive du circuit le Canadien a soutiré un point en poussant le match jusqu’à la séance de tirs de barrage.

Mais les Devils! Là ça ne peut pas passer.

Et ce n’est pas le score final qui m’indispose le plus dans le cadre de cette deuxième défaite de suite en tirs de barrage. Cette cinquième de la saison pour le Canadien qui affiche six gains en fusillade. Six gains en tirs de barrage amassés lors des 55 premiers matchs de l’année alors qu’il vient d’en encaisser quatre en 28 matchs.

C’est le fait que le Canadien, contre un adversaire qui n’aurait jamais dû lui causer autant d’ennuis, n’a pas su s’imposer. Il n’a pas su retrouver ses repères. Améliorer la qualité de son exécution. Imiter les Kings de Los Angeles qui ont su profiter des largesses des Oilers d’Edmonton pour marquer huit buts dans le cadre d’une victoire explosive qui les propulsera peut-être jusqu’en séries.

Contrairement aux Kings, le Canadien a non seulement été incapable de dissiper les doutes qui s’installent, il leur a donné plus d’ampleur encore en cafouillant lamentablement en attaque massive.

L’attaque à cinq allait pourtant bien. Avec quatre buts en 11 occasions lors des trois derniers matchs, le Canadien surfait sur l’une de ses meilleures séquences de la saison. Ça vous donne une idée du reste de la saison.

Vrai que le Canadien a marqué en avantage numérique, portant à quatre sa série de matchs consécutifs avec au moins un but de cette façon. Sa plus longue séquence du genre cette année en passant.

Mais le Canadien a aussi bousillé cinq autres avantages numériques, dont un de cinq minutes gracieuseté du coup de coude vicieux, sournois et dangereux asséné par Scott Gomez au visage d’Alexei Emelin. En passant, Gomez pourrait recevoir un avertissement ou être mis à l’amende pour son geste à l’endroit d’Emelin, mais selon des informations dignes de foi, il semble bien qu’il ne sera pas suspendu.

Lors de ces cinq minutes, le Canadien n’a obtenu qu’un tir. Un seul, décoché par P.K. Subban de la ligne bleue. Il n’a rien fait d’autre. Rien. Non seulement n’a-t-il pas obtenu de tir, encore moins d’occasions de marquer, mais il n’a pas été fichu s’installer une seule fois en zone ennemie histoire de donner l’impression qu’il pourrait finir par marquer.

Et en fin de match, alors que les Devils ont écopé une pénalité sur une descente à trois contre un alors que c’est le Tricolore qui était en avantage numérique – il faut le faire – le Canadien n’a pas su profiter de ses 33 secondes à cinq contre trois pour briser l’égalité et s’offrir une vraie victoire.

Que non!

Michel Therrien a reconnu que l’attaque massive de son club en avait arraché au cours du match. Qu’elle avait sans doute coûté la victoire. Ce qui est vrai.

« L'histoire du match, c'est le jeu de puissance »

D’un même souffle, l'entraîneur du Canadien a défendu son équipe en soulignant que les Devils n’avaient tiré que 18 fois sur Dustin Tokarski. Une note positive selon lui quant au respect du système et de l’efficacité du jeu en défense.

Je suis souvent d’accord avec Michel Therrien. Mais sur ce dernier point, je ne peux l’être. Vrai que les Devils ont obtenu 18 tirs seulement, mais ce n’est pas tant à cause de la qualité du jeu défensif du Canadien qu’en raison du fait qu’il a passé 12 min 34 s en attaque massive, soit 10 min 34 s de plus que les Devils. Des Devils qui sont loin de former un club redoutable en attaque en passant.

Alors cette source de consolation en marge de la défaite en tirs de barrage du Canadien n’étanche pas ma soif d’explications.

Loin de là.

Depuis une semaine, le Canadien se réfugie trop souvent dans un concert d’excuses. Un concert qui commence à sonner faux tant les excuses sont disproportionnées en comparaison aux actions de l’équipe.

Bien jouer à cinq contre cinq, c’est bien. Mais si tu gaspilles ce bon travail en étant atroce sur les unités spéciales et indiscipliné en plus, tu ne gagnes pas souvent. Et surtout pas assez pour semer de la crainte chez des adversaires potentiels et la confiance dans ton vestiaire et dans les gradins.

Pour l’instant, c’est dans le camp ennemi que le Canadien sème la confiance. Et c’est dans les gradins du Centre Bell qu’il sème le doute.

Une bien vilaine façon de se préparer en vue des séries.

Price en Markov en congé

Vrai que le Canadien n’est pas la seule formation de tête qui traverse une séquence difficile en ce moment. Mais ce n’est pas parce que cela arrive aux autres qu’il faille les imiter. Surtout quand on parle de séquence négative.

Cela dit, Michel Therrien doit s’en faire beaucoup moins que moi et mes collègues qui voyons trop souvent le négatif au détriment du positif et les partisans de son équipe qui commencent à craindre une sortie rapide en première ronde.

Car s’il avait vraiment tenu à ce que son équipe profite de l’escale au New Jersey pour se raplomber, il n’aurait sans doute pas donné congé à Carey Price et Andrei Markov.

Ordinaire face aux Capitals il est vrai, Price même s’il avait été moins bon que la veille aurait quand même été meilleur que Dustin Tokarski.

Peut-être vaudrait-il mieux permettre à Carey Price d’égaler le record d’équipe de 42 victoires avant de lui offrir des congés. Ça éliminerait les distractions dans le vestiaire et aiderait Michel Therrien à reprendre le plein contrôle sur son groupe.

Ce n'est pas convaincant pour Tokarski

En remplacement de Price, Tokarski a été mauvais hier. Il a accordé de vilains rebonds. C’est d’ailleurs ce qui a conduit au premier but du match marqué par Stefan Matteau. Il a une fois encore été approximatif dans ses déplacements. On l’a vu plus souvent en déséquilibre qu’en plein contrôle devant son but. Sans oublier qu’il s’est très souvent fait prendre hors position en effectuant des arrêts sans faire face à ses adversaires. Il faut le faire.

Une fois encore en tirs de barrage, Tokarski a été dépassé par les événements. Complètement. Totalement.

Si l’état-major avait perdu confiance en Peter Budaj l’an dernier au point de décider d’avance de donner le filet à Tokarski dans l’éventualité d’une blessure à Carey Price en séries – ce qui est d’ailleurs arrivé face aux Rangers en finale de l’Est – on peut se demander comment la direction du Tricolore – sans oublier les joueurs – peut encore afficher quelque forme de confiance que ce soit à l’endroit de ce gardien auxiliaire. Un gardien qui donne raison à ceux qui le considèrent de calibre de la Ligue américaine.

Il ne faudrait pas que Carey Price se blesse. Vraiment pas!

Et Markov?

C’est tout à fait normal de vouloir reposer Markov avant les séries. Il complète une saison phénoménale et il doit recharger les piles avant l’autre saison.

Et bien que l’attaque massive ait fait patate trop souvent vendredi au New Jersey, Sergei Gonchar, qui remplaçait Markov comme quart-arrière à la pointe, est loin d’avoir été mauvais.

C’est devant lui que ça n’allait pas. Les joueurs du Tricolore ne profitent pas assez de leur vitesse pour entrer en zone ennemie et y prendre le contrôle de la rondelle d’abord, du jeu ensuite. Ils s’agglutinent à la ligne bleue et bousillent entrée de zone après entrée de zone. Et quand ils réussissent à s’installer, les joueurs du Canadien demeurent bien trop loin de l’action alors que seul Brendan Gallagher trouve le moyen de se rendre au gardien et de compliquer leur travail.

Quand ça commencera à être difficile pour vrai en séries – remarquez que ce l’est déjà pas mal même contre des petits clubs comme les Devils – les buts seront plus difficiles encore à aller chercher. C’est là que l’avantage numérique deviendra un atout précieux pour le Canadien comme pour ses adversaires.

Mais pour l’instant, c’est un boulet.