Lars Eller a connu une saison difficile. On en conviendra tous. Mais dans le dernier droit du calendrier régulier et depuis le début des séries, le joueur de centre du troisième trio se débrouille plus que bien. Et il le fait en dépit de compagnons de trio qu’il doit remorquer bien plus souvent qu’ils lui poussent dans le dos

Mercredi à Ottawa, il a été le meilleur attaquant du Canadien dans le cadre de sa première défaite de la série. Vendredi, encore dans une cause perdante, Eller a une nouvelle fois été le meilleur attaquant du Tricolore. D’ailleurs, Eller aurait bien davantage mérité la troisième étoile accordée au Tricolore dans sa cause perdante qu’Alex Galchenyuk qui a obtenu cette distinction.

Surtout qu’Eller s’est ainsi signalé en dépit d’un temps d’utilisation timide de 13 min 50 s. Une utilisation gonflée par la décision – très normale à mes yeux – de donner plus de corde à Eller au cours de la troisième période. Période au cours de laquelle le joueur de centre a pratiquement doublé sa soirée de travail si l’on considère qu’il n’avait joué que 7 min 22 s après 40 minutes.

Non seulement Eller a finalement été utilisé avec régularité au dernier tiers, mais on l’a aussi vu pour une première fois depuis des lustres au sein de l’attaque massive.

«J’étais content de me retrouver là», a convenu Eller après s’être offert quelques secondes de réflexion avant de répondre – avec prudence – à la question associée à sa réaction face à cette rare promotion.

Lorsque j’ai demandé à Eller ce qu’il devait faire pour obtenir davantage de temps d’utilisation et une utilisation plus axée sur l’offensive, il s’est une fois encore accordé un brin de réflexion. «Je crois honnêtement que cette question devrait être posée au coach et non à moi», a sagement répliqué le joueur de centre Danois.

Pourquoi mousser un peu le temps d’utilisation de Lars Eller? Parce que David Desharnais, malgré les efforts déployés, peine à se défaire de l’emprise de Mika Zibanejad et des autres centres des Sénateurs contre qui il évolue. Parce que Tomas Plekanec n’arrive pas lui non plus à générer de l’attaque au sein de son trio. Parce que l’attaque à cinq avec un petit but en 19 occasions pourrait peut-être bénéficier d’un brassage d’idées et d’effectifs. À commencer par l’inclusion de Lars Eller.

Michel Therrien, qui a plusieurs fois cette saison relancé son équipe avec des ajustements multipliés entre les matchs et lors des parties, pourrait certainement profiter des signes encourageants offerts par Eller pour fouetter son club, son attaque.

Quand j’ai posé la question à Michel Therrien à savoir si, au-delà de la simple production, il était satisfait du rendement de David Desharnais et Max Pacioretty, il a simplement indiqué que tous ses joueurs pouvaient contribuer davantage.

Je veux bien, mais encore….

Quand j’ai demandé à Michel Therrien ce qu’Eller devait faire pour obtenir une utilisation plus généreuse et surtout moins défensive – la majorité de ses présences débute en territoire du Canadien et non en zone ennemie – il m’a répondu qu’il faisait appel à ses quatre trios.

Encore là, je veux bien. Mais ce n’était pas ma question.

Si Lars Eller maximise ses présences en générant un brin ou deux d’offensive, pourquoi se contenter de le faire jouer 2 :49 en première période, soit moins que les trois membres du quatrième trio?

Pourquoi après 40 minutes de jeu, Eller affichait 7 :22 d’utilisation seulement?

Je n’ai pas obtenu de réponse.

Après une deuxième défaite consécutive, un deuxième revers qui fait grimper la pression de quelques kilopascals, l’entraîneur-chef du Tricolore était peu loquace après le match. Il a répondu à un total de neuf questions dans un minimum de mots (145). Michel Therrien a le droit de jouer au John Tortorella ou Dustin Byfuglien en minimisant ses réponses. Mais cela n’aide en rien la compréhension des partisans face aux décisions qui sont prises et qui ne sont pas toujours faciles à comprendre.

Comprenez-moi bien : l’objectif ici n’est pas de remettre en question ces décisions du Canadien, les motifs qui mènent à ces décisions, pas plus que les stratégies du Tricolore.

L’objectif est de simplement demander pourquoi, dans un club qui se targue de récompenser en temps d’utilisation les joueurs les plus méritants, le Canadien ne profite pas plus du fait que Lars Eller traverse une bonne séquence pour le faire jouer davantage et dans un rôle qui pourrait rapporter des dividendes à l’attaque. D’obtenir une réponse. De la transmettre aux partisans.

Rien de plus, rien de moins.

Surtout qu’en le faisant jouer plus souvent et dans un rôle plus offensif en troisième période, Michel Therrien a lui-même ouvert la porte à ce genre de question. Une question normale à laquelle Therrien répondra peut-être lui-même en offrant plus de temps d’utilisation à Lars Eller dimanche à Ottawa.

On verra.

Peut-être que Michel Therrien décidera également de miser sur les aptitudes offensives de Pierre-Alexandre Parenteau qui est confiné à la galerie de presse. De miser sur l’expérience et le calme des Manny Malhotra et Sergei Gonchar qui pourraient peut-être aider à stabiliser l’équipe alors que la pression montera d’un cran.

Là aussi on verra dimanche.

Ce qui est clair, c’est qu’après avoir fait confiance à son alignement des deux derniers matchs, des alignements qui ont généré de l’attaque c’est tout à fait exact, mais qui malgré tout encaissé des revers, il sera intéressant de voir si Michel Therrien qui a multiplié les changements judicieux apportés à sa formation depuis octobre aura la main heureuse une fois encore ou s’il patientera un match de plus avec ses effectifs en place et les mandats spécifiques qu’il leur confie.

On attend les réponses.