BOSTON - Maintenant qu’ils affrontent Claude Julien, Tuukka Rask et les gros méchants Bruins de Boston, Michel Therrien, Carey Price et le Canadien se sont débarrassés de la pression qui les menaçait en première ronde.

Oui! Le Canadien a des chances de battre les Bruins. C’est possible en effet. Ça deviendra même probable si Zdeno Chara, Milan Lucic et autres Brad Marchand sombrent dans la violence au lieu de se contenter d’afficher le jeu physique qu’ils sont en mesure d’imposer sur la patinoire. Un jeu physique avec lequel le Canadien compose moins bien qu’il a su composer avec la vitesse et le talent brut des jeunes adversaires qu’il a croisés en première ronde face au Lightning de Tampa Bay. Un jeu physique dont il pourra se sortir si, en sombrant dans la violence, les Bruins offrent au Canadien une cascade d’attaques massives dont P.K. Subban et sa bande devraient être en mesure de se mettre à profiter à un moment donné.

Mais peu importe ce qui arrivera dans la série qui opposera ces deux grands rivaux pour la 34e fois de leur histoire, le Canadien ne devrait pas en sortir perdant. À moins bien sûr qu’il soit balayé par les Bruins comme il a balayé le Lightning. À moins qu’il soit dominé dans chacun de ces quatre matchs comme il a dominé Tampa Bay.

« Les Bruins n'ont pas peur du Canadien »

Mais vous savez quoi? Ça n’arrivera pas. Du moins, je ne crois pas.

Même si je crois que les Bruins l’emporteront, Carey Price évitera au Canadien le traitement que le Tricolore a infligé au Lightning. Sans oublier que la hargne qui oppose ces deux clubs devrait permettre aux attaquants et défenseurs de faire leur part un brin ou deux. Et si jamais leurs jeunes émules lancent des SOS, les fantômes pourraient même venir se mettre de la partie de temps en temps.

Ne riez pas! Les Bruins et leurs partisans, surtout les plus vieux, ont une peur bleue des fantômes du Canadien…

Déjà assuré d’une place au sein de l’élite des gardiens de la LNH, Price aura une source de motivation supplémentaire dès le premier match. En fait, il l’a déjà. Écarté du trio de finalistes dans la course au trophée Vézina, Price qui n’a pu livrer un duel à Ben Bishop en première ronde, pourra maintenant se reprendre devant Tuukka Rask.

Rask a une bien meilleure équipe devant lui que Price avec le Canadien. Prétendre le contraire serait ridicule.

Mais Price a démontré plusieurs fois qu’il est en mesure de rendre le Canadien meilleur qu’il ne l’est. Il l’a même rendu imbattable par moment.

Même les plus ardents partisans du Tricolore savent que Price devra exceller en deuxième ronde si le Canadien veut passer les Bruins. De fait, l’as gardien du Canadien devra être bien meilleur qu’il ne l’a été contre Tampa pour mousser les chances de son équipe d’y arriver.

Et il est bien capable de le faire. Surtout qu’il jouera sans pression. En fait non! Il aura la pression normale de gagner, de battre une équipe redoutable.

Mais la grosse pression, celle qui repose sur les épaules du gardien et de l’équipe qui devrait gagner, c’est Rask qui se la paiera. Et ça, c’est l’une des bonnes nouvelles du Canadien à l’aube de cette série.

Un contrat pour Therrien

Ce qui est vrai pour Carey Price l’est aussi pour son entraîneur-chef Michel Therrien.

Malgré ses succès indéniables lors de ses deux premières saisons régulières, des succès qu’il faut souligner en gras lorsque vient le temps d’analyser objectivement le travail de l’entraîneur-chef du Canadien, je demeure convaincu qu’il devait franchir la première ronde pour dissiper tous les doutes quant au bien fondé de lui offrir une prolongation de contrat avant le début de la prochaine saison.

Therrien l’a fait. Et il l’a fait de brillante façon.

Beaucoup plus calme, posé, en contrôle de la situation qu’il ne l’était l’an dernier dans la série qui opposait son équipe aux Sénateurs d’Ottawa en première ronde, Michel Therrien n’a pas seulement permis à son équipe de battre le Lightning. Il a gagné le duel qui l’opposait à son vis-à-vis Jon Cooper. Un jeune entraîneur-chef brillant qui impressionne par son franc-parler et ses points de presse qui regorgent de nouvelles intéressantes, de déclarations qui le sont plus encore. Un jeune entraîneur-chef qui pourrait se retrouver avec Patrick Roy au sein des finalistes dans la course au trophée Jack-Adams. Une course au titre d’entraîneur-chef de l’année dont Michel Therrien pourrait bien être écarté.

L’an dernier contre Ottawa, Therrien n’a pas su contenir ses émotions face aux Sénateurs et à leur entraîneur-chef Paul MacLean. En déstabilisant son rival avec quelques déclarations stratégiques et un temps d’arrêt qui ajoutait l’insulte à l’injure puisqu’il n’était d’aucune utilité en toute fin d’une rencontre dont l’issue favorisant les Sénateurs était déjà réglée, MacLean a aussi déstabilisé le Canadien au grand complet.

Cette année, ce sont Cooper et le Lightning qui ont été déstabilisés par la discipline du Canadien sur la patinoire et derrière le banc. Par l’efficacité du jeu défensif imposé par Michel Therrien. Par l’uniformité affichée par l’ensemble de l’équipe dans sa façon de le respecter.

Le Canadien ne forme sans doute pas la meilleure des 16 équipes qui luttent pour leur survie en ce moment aux quatre coins de la LNH. Il n’était peut-être pas meilleur que le Lightning… avec Bishop devant le filet.

Mais le Canadien a joué beaucoup mieux que Tampa. Il a joué aussi bien que les meilleures équipes en lice ont joué en première ronde. Il a offert son plein rendement et peut-être même un brin davantage.

Il est donc normal, et nécessaire, de donner tout le crédit qui lui revient de plein droit à Michel Therrien qui a su obtenir ce plein rendement de son équipe. Un plein rendement qui a confirmé l’excellent travail de préparation élaboré par l’état-major et une préparation bien imposée par l’entraîneur-chef Michel Therrien dont le message est non seulement entendu, mais écouté et respecté depuis le début des séries.

Comme Carey Price dans son duel face à Tuukka Rask, Michel Therrien voudra certainement battre Claude Julien dont la présence au sein de l’élite des entraîneurs-chefs de la LNH ne fait pas l’ombre d’un doute.

Et à l’image du duel opposant les deux gardiens, c’est Claude Julien et non Michel Therrien qui devra composer avec le plus de pression dans cette série.

Aux yeux de 90 % des observateurs objectifs répartis aux quatre coins de la LNH, les Bruins devraient battre le Canadien. Plusieurs ont même déjà placé Boston en grande finale. Certains se sont même permis de leur offrir la coupe Stanley en prétendant qu’ils arriveraient en finale moins amochés que n’importe lequel de ses adversaires potentiels de l’Association Ouest.

C’est vous dire à quel point une défaite des Bruins aux mains du Canadien serait considérée comme un échec retentissant alors qu’une victoire du Canadien serait accueillie comme une surprise. Une belle surprise pour le Tricolore et ses fans. Une surprise qui sera sans doute bien méritée si elle se réalise. Mais une surprise quand même.

Et c’est pour cette raison que Michel Therrien n’a rien à craindre, ou presque, de cette deuxième ronde.

Oui! Le coach, ses joueurs et leurs partisans seront déçus si la logique est respectée et que les champions dans l’Est passent en finale d’association. Mais le coach comme ses joueurs n’auront pas à craindre un été de remises en question quotidiennes de la part des fans quant à leur talent et leurs qualités réelles. À moins que le coach ne perde les pédales face aux Bruins et que son gardien ne perde ses repères.

Il serait surprenant que ça arrive.

En affichant le sérieux qu’il a affiché en fin de saison et en première ronde – ça donne des points de presse ennuyeux, mais ça permet de garder un sain équilibre au sein de l’équipe – Michel Therrien a prouvé qu’il a tiré des leçons importantes de la série perdue aux mains des Sénateurs le printemps dernier. Qu’il a aussi tiré des leçons des quelques périodes de turbulence qui ont marqué la dernière saison. Des turbulences dont il est sorti sans abimer sa crédibilité, sans mettre en péril le respect nécessaire de la part de ses joueurs pour bien asseoir son autorité.

Et ça, c’est une autre très bonne nouvelle pour le Canadien et ses fans.

Quant à son prochain contrat, Marc Bergevin avait déjà donné une bonne indication de ses intentions lorsqu’il m’a déclaré à la mi-saison que l’instabilité du Canadien derrière le banc au fil des dernières années n’avait rien donné de bon. Je serais très surpris que le DG du Canadien ne fasse une annonce en ce sens en pleine série, surtout face aux Bruins, mais je ne serai pas le moindrement surpris si on annonce avant le prochain repêchage que Michel Therrien a obtenu une prolongation de contrat de trois ans à son contrat actuel qui prendra fin au terme de la saison 2014-2015.

Ça n’assurera pas Therrien d’être l’objet de critiques, de remises en question, voire d’un éventuel congédiement. Mais ça l’assurera d’une sécurité financière jusqu’à la fin de ses jours.

Ça l’assurera aussi de maximiser ses chances d’amener la jeune équipe dont il a hérité l’an dernier jusqu’à son plein potentiel. Une chance qui lui a filé entre les mains à Pittsburgh. Une chance qui semble enfin vouloir lui sourire à son deuxième séjour derrière le banc du Canadien. Une chance qu’il mérite.