Le Canadien a étourdi les Islanders avec les 85 tirs qu’il a décochés, dont 56 ont atteint la cage défendue par Thomas Greiss. Remarquez que c’est Greiss avec ses 52 arrêts dont plusieurs approximatifs qui a finalement étourdi le Canadien puisqu’il a permis aux Islanders de l’emporter 5-4 en prolongation.

 

Claude Julien a indiqué que son équipe avait assez bien joué pour gagner. C’est vrai. Les 56 tirs cadrés en sont une preuve, tout comme le fait que le Canadien a trouvé une façon de combler deux fois plutôt qu’une des reculs de deux buts.

 

Ce qui n’est pas rien.
 

Mais attention : défensivement, le Canadien doit aussi porter le blâme pour s’être retrouvé en arrière 0-2 et 2-4. Sans compter qu’offensivement, le Canadien doit aussi être en partie blâmé, car il n’a pas su maximiser les occasions de marquer qu’il a créées.

 

Greiss a-t-il été très bon ou très chanceux? Il a été les deux. Mais si les attaquants du Canadien avaient su être aussi incisifs dans les tirs obtenus que leurs adversaires des Islanders l’ont été aux dépens de Carey Price, le Canadien aurait doublé le nombre de buts marqués par ses adversaires et il se serait envolé vers une victoire facile au lieu d’avoir à se consoler du point obtenu dans la défaite.

 

Mais bon! Un point c’est mieux que pas du tout. Et avec une récolte de six points sur les huit à l’enjeu lors des quatre derniers matchs, le Canadien a donné des signes encourageants.

 

Est-ce que ce sera suffisant pour revenir dans la course aux séries? Pas sûr. Mais cela aidera à sauver le spectacle lors des 17 matchs encore à disputer au Centre Bell.

 

Mes observations...

  1. Barzal : ou de Matthews à Mathew
  2. Le retour de Beauvillier
  3. Price : au-delà des quatre buts sur dix tirs
  4. Des fleurs pour Deslauriers
  5. But refusé... avec raison

Chiffre du match : les 56 tirs obtenus par le Canadien lundi aux dépens des Islanders représentent bien sûr un sommet jusqu’ici cette saison. Ironiquement, le Tricolore avait aussi perdu (6-2) le 20 octobre dernier lorsqu’il avait obtenu 51 tirs aux dépens des Ducks à Anaheim. Les 52 arrêts réalisés par Thomas Greiss représentent le 2e total dans la LNH cette saison. Semyon Varlamov en a réalisé 57 le 2 novembre dernier dans une victoire de 5-3 de l’Avalanche du Colorado aux dépens des Hurricanes de la Caroline.

 

Barzal : ou de Matthews à Mathew

 

Si le Canadien a étourdi Thomas Greiss avec ses 56 tirs et que le gardien des Islanders a étourdi le Tricolore avec ses 52 arrêts, Mathew Barzal est le joueur qui m’a le plus étourdi lundi soir.

 

Avec sa vitesse, sa vision, son talent qui lui permet de contrôler la rondelle alors qu’il file à vive allure et dans toutes les directions sur la patinoire et la qualité de son tir, Barzal m’a carrément ébloui.

 

C’était la première fois que je le voyais de mes yeux. C’était aussi la première fois que les joueurs du Canadien le croisaient. Et cela a paru.

 

Dès sa première présence, Barzal a hypnotisé Jakub Jerabek qui s’est laissé attirer par le centre de 20 ans qui a ensuite refilé la rondelle au Québécois Anthony Beauvillier qui a ensuite eu la voix libre jusqu’à Carey Price qu’il a déjoué d’un tir vif et précis.

 

Deux présences plus tard, Barzal a une fois encore haché finement la défensive du Tricolore en patinant avec une vitesse éblouissante pour se présenter à son tour seul devant Carey Price qu’il a déjoué dans la lucarne au-dessus de son épaule gauche.

 

De présence en présence, Barzal a mystifié la défensive du Canadien avec sa vitesse. Avec son talent. Il a fait plaisir aux partisans des Islanders et sa certainement poussé ceux du Canadien à se demander : comment-ça qu’on n’en a pas un centre comme lui au sein de notre organisation?

 

Parce que des centres de cette trempe : c’est rare. Remarquez qu’il est sorti 16e de la cuvée 2015.

 

Mais bon. Quand j’ai dit à son capitaine John Tavares, qui est lui aussi assez bon au centre, à quel point j’avais été impressionné par son jeune dauphin que je voyais pour la première fois, il m’a répondu que Barzal faisait souvent cette impression autour de la LNH. Et que bien des clubs, comme ce fut le cas lundi avec le Canadien, ont payé chèrement depuis le début de la saison les erreurs de ne pas suffisamment respecter sa vitesse et son talent. «C’est un joueur spécial. Il est rare de pouvoir allier vitesse et talent comme il le fait», a ajouté Tavares.

 

Parlant de vitesse, j’ai demandé à Jordan Eberle si la vitesse de son nouveau centre pouvait rivaliser avec celle de son ancien centre à Edmonton : Connor McDavid? «Il n’y a personne d’aussi rapide sur patins que Connor. Surtout en ligne droite. Mais Barzal est très rapide dans ses déplacements latéraux. Et il m’impressionne toujours avec cette capacité qu’il a de bien contrôler la rondelle pour déjouer des adversaires, pour effectuer des passes ou pour tirer alors qu’il patine à fond.»

 

Je ne sais pas pour vous, mais je sais qu’après avoir été ébloui comme je l’ai été par Barzal, il est assuré – à moins d’un grand renversement de situation – de mon premier vote dans la course au titre de recrue de l’année.

 

Après Matthews l’an dernier, je ne serais pas le moindrement surpris que Mathew soulève le trophée Calder.

 

On verra.

 

Comment un entraîneur-chef comme Doug Weight – qui a été lui-même un excellent centre au cours de sa carrière dans la LNH – compose avec un joueur au talent démesuré comme celui de Barzal?

 

« Je peux te dire que je lui ai crié par la tête entre les deuxième et troisième périodes. Oui il est bon. Oui il est rapide. Mais il doit aussi apprendre à jouer au hockey de la bonne façon. Mathew et son trio ont très bien amorcé la partie avec les deux buts marqués. Mais ensuite, ils ont pris bien trop de chances. C’est certainement beau de voir Barzal aller sur la glace, mais en période médiane, il a offert trois ou quatre poussées en surnombre au Canadien. On ne peut pas accepter ça. Et c’est pour cette saison que je l’ai rappelé à l’ordre », a lancé Doug Weight.

 

Weight demeure un fan de son jeune centre. Mais il lui livre chaque jour le même message :

 

« Je veux que Mathew comprenne ce qu’il doit faire sur une patinoire pour être un champion plutôt que de se contenter d’être une étoile. Chaque matin, je m’assois avec lui pour revoir le dernier match. Ce qu’il a fait de bien et de moins bon. Ce qui doit être fait pour jouer du hockey de qualité. Il a marqué un but et récolté deux passes ce soir, c’est bien. Mais demain matin (mardi) on va encore s’asseoir pour qu’il soit meilleur encore lors de notre prochain match. La bonne nouvelle c’est qu’il est très réceptif. Il accepte la critique et comprends qu’elle est nécessaire pour mousser la qualité de son développement. Nous sommes une organisation jeune. En plus, nous devons composer avec des tas de blessures. Mathew n’a pas le luxe d’évoluer au sein d’un troisième trio, dans des circonstances optimales pour lui permettre d’apprendre lentement ce que représente évoluer dans la LNH. Il doit déjà remplir des rôles de premier plan derrière Tavares. Ça demande beaucoup de sa part, mais je m’attends justement à beaucoup de lui », a défilé Doug Weight.

 

Je ne sais pas si le coach des Islanders est trop sévère avec son jeune prodige. Mais avec ses 16 buts et 47 points récoltés en 45 matchs jusqu’ici cette année, la technique de Doug Weight semble vraiment rapporter de gros dividendes.

 

Le retour de Beauvillier

 

Anthony Beauvillier a profité de son retour au Centre Bell pour accentuer sa contribution offensive depuis son retour avec les Islanders.

 

Car oui, après avoir été laissé de côté à huit reprises cette saison, le jeune Québécois s’est retrouvé dans les mineures. Beauvillier a disputé trois matchs avec le club-école. N’eût été blessures, son séjour aurait été plus long. « Il était perdu avant d’être renvoyé. Il paraît qu’il a très bien joué en bas et il est revenu avec un nouveau regard. Une nouvelle attitude », a indiqué Doug Weight après le match.
 

Anthony Beauvillier a marqué le premier but des siens aux dépens du Canadien lundi. C’était son deuxième but contre Montréal, à Montréal. « Jouer au Centre Bell, c’est spécial. Je crois que j’étais plus nerveux que lors de ma première visite l’an dernier. Tu soupes avec ta famille la veille du match. Tu sais qu’il y a beaucoup de monde présent pour te voir jouer. C’est vraiment spécial », a indiqué le Québécois âgé de 20 ans.

 

Vrai qu’il est spécial de jouer au Centre Bell, devant parents et amis, mais il est tout aussi spécial d’évoluer avec un centre comme Mathew Barzal et un vétéran comme Jordan Eberle. D’ailleurs, Beauvillier revendique quatre buts et une passe depuis que Doug Weight l’a placé au sein de ce trio au lendemain de son rappel. Un trio qui a amassé rien de moins que 22 points lors des trois dernières rencontres.

 

« C’est tellement un bon joueur. Il a le respect de tout le monde dans la chambre. On a une bonne chimie sur la glace, mais on est aussi bien ami à l’extérieur de la patinoire. C’est clair que ça me rend la tâche plus facile », a commenté le Québécois.

 

Price : au-delà des quatre buts sur dix tirs

 

Carey Price a été victime de cinq buts dans la défaite aux mains des Islanders. Cinq buts, c’est beaucoup. Cinq buts accordés sur un total de 24 tirs, ça soulève des questions. Ça soulève même des critiques comme on l’a vu sur les médias sociaux après que «le meilleur gardien au monde» eut accordé les quatre premiers buts sur 10 tirs seulement.

 

Il est important de revoir ces buts avant de conclure à la générosité d’un gardien.

 

Amputé de Phillip Danault qui est en mesure de remplir avec brio des mandats défensifs et d’Andrew Shaw qui a de l’expérience en toute situation, le Canadien a eu recours à Max Pacioretty, Paul Byron et Charles Hudon pour contrer le trio de Barzal, Eberle et Beauvilliers.

 

Le trio du Canadien n’a pas fait le poids.

 

Pendant que Tomas Plekanec, Artturi Lekhonen et Brendan Gallagher muselaient le trio de John Tavares comme il l’a fait lors des derniers matchs avec les trios des Patrice Bergeron et autres Steven Stamkos, le trio de Byron – et les défenseurs présents – a été pulvérisé par celui de Barzal.

 

Vrai que les Islanders ont décoché moins de tirs que le Canadien, mais ces tirs étaient de qualité. Autant celui de Beauvillier que celui de Barzal qui a fait 2-0.

 

Est-ce que Price a été faible sur l’échappée accordée à John Tavares alors que le Canadien était en avantage numérique et qu’Alex Galchenyuk a mis Jeff Petry dans le pétrin avec une vilaine passe à la ligne bleue?

 

Je ne vois pas comment.

 

Est-ce que Price a été faible sur le tir à bout portant décoché dans le milieu de l’enclave Adam Pelech qui s’est moqué de Jonathan Drouin qui n’a pas même compliqué le travail du défenseur des Islanders?

 

Pas plus.

 

Et sur le but de la victoire, Price a réalisé deux arrêts coup sur coup aux dépens de Tavares qui est ensuite venu compléter le travail. « Ça fait longtemps que je connais Carey Price. Il n’est pas le meilleur gardien au monde pour rien. Il a réalisé un très gros arrêt sur le côté droit, mais j’ai poursuivi mon élan et j’ai réussi à profiter de ma deuxième chance », a commenté le capitaine des Islanders qui est rendu à 24 buts et 54 points cette saison.

 

Faible Price sur le but vainqueur?

 

Je crois qu’il serait préférable de regarder en direction de Jerabek, Galchenyuk et Drouin qui ont semblé figer après l’arrêt de Price et qui n’ont pas été en mesure de contrer Tavares qui lui n’a pas cessé de travailler après l’arrêt.

 

Mais bon. Si Price ne rachète pas les erreurs de tout le monde, le Canadien a plus de chance de perdre que de gagner. Et comme c’est lui qui accorde les buts, ce doit être de sa faute si le Canadien perd.

 

Vrai que les statistiques ne favorisent pas Price et qu’il aurait peut-être pu faire un, deux ou trois miracles au cours du match. Mais si ses défenseurs avaient été meilleurs devant lui et que les attaquants n’avaient pas contribué à faire bien paraître Thomas Greiss, Price n’aurait pas eu à être un sauveur pour gagner au lieu de se contenter d’un revers en prolongation.

 

Des fleurs pour Deslauriers

 

Arrangez ça comme vous voudrez, mais Nicolas Deslauriers affiche six buts avec le Canadien cette saison.

 

Six buts en 24 matchs.

 

Ces six buts le place sur un pied d’égalité avec Jonathan Drouin qui a marqué son premier depuis le 29 novembre hier – une disette de 14 matchs auxquels s’ajoutent quatre autres parties que Drouin a ratées en raison d’une blessure – devant Tomas Plekanec et Charles Hudon (quatre) et devant Artturi Lehkonen qui stagne à deux cette saison et qui a encore raté un but grand ouvert lundi soir…

 

Pas mal pour un gars de quatrième trio.

 

Mais voilà. En raison des blessures, mais aussi en raison du fait qu’il mérite pleinement la promotion que Claude Julien lui a offerte lundi – après tout, il est le dernier récipiendaire de la Coupe Molson – c’est en compagnie de Drouin et de Galchenyuk que Deslauriers a joué lundi contre les Islanders.

 

Un message du coach?

 

« Le message vient de Deslauriers lui-même », a répliqué Claude Julien.

 

But refusé... avec raison

 

Le Canadien s’est fait refuser un but lundi en raison d’un hors-jeu passé inaperçu aux yeux des juges de lignes.

 

On va se le dire tout de suite, la décision de refuser le but était la bonne. La reprise démontre que les patins étaient en zone ennemie avant la rondelle et que le joueur fautif n’était pas en contrôle du disque.

 

Trois éléments ont moussé la colère des fans du Canadien. Avec raison.

 

Les reprises n’étaient pas toutes aussi nettes les unes que les autres. Ce qui a contribué à prolonger de beaucoup la période de vérification au terme de laquelle les juges de lignes ont renversé leur décision initiale.

 

Le but a été marqué par le Canadien 53 secondes après leur entrée fautive en zone ennemie. C’est long 53 secondes. Et comme il s’est passé plein de choses en 53 secondes, plusieurs partisans – et même des collègues – indiquaient qu’il aurait mieux valu laisser aller le jeu.

 

Ah oui? Pourquoi? Peu importe la durée qui sépare le hors-jeu manqué et le but marqué, ce but ne serait jamais venu si l’un des juges de lignes avait sifflé.

 

D’ailleurs, je tiens ici à rendre hommage aux juges de lignes qui continuent à accorder le bénéfice du doute aux équipes qui attaquent lors des décisions serrées, très serrées, voir très très serrées.

 

Pour éviter d’avoir à admettre qu’ils ont erré, les juges de lignes pourraient tout simplement cesser d’accorder le bénéfice du doute aux équipes qui attaquent. En sifflant un hors-jeu sur toutes les décisions serrées, il n’y aurait plus jamais de contestation, car il n’y aurait jamais de but marqué, 15, 30 ou 53 secondes après l’entrée en zone ennemie.

 

Vrai qu’on veut plus de buts dans la LNH. Mais on veut surtout que ces buts soient bons. Non?

 

La solution pour réduire le nombre de contestations et surtout la durée des révisions serait toute simple : la LNH n’aurait qu’à déterminer qu’un patin qui est au-dessus de la ligne bleue – même sans toucher la patinoire – serait en zone permise.

 

Les directeurs généraux n’ont pas voulu faire ce bout de chemin à leur réunion du printemps dernier en Floride. J’espère qu’ils seront plus clairvoyants le printemps prochain...