Alexander Radulov a ralenti. Je ne vous apprends rien ici. Le principal intéressé le sait aussi. Il l’a confirmé sur le plateau de l’Antichambre après la victoire de samedi au Centre Bell.

Contre les Sénateurs, samedi, « Radu » a été blanchi dans un troisième match de suite et surtout pour la 13e fois à ses 16 dernières parties. Au cours de cette séquence difficile il a récolté six points (un but) dont quatre (1 but, 3 passes) au cours d’une seule partie : le 27 février, au New Jersey, dans une victoire loin d’être convaincante de 4-3 (en prolongation) du Tricolore aux dépens des Devils et du gardien Cory Schneider qui a donné le match au Canadien.

Le but enfilé par Radulov au New Jersey est donc le seul à son actif depuis le 9 février.

Rien à voir avec ses six buts, 17 passes et 23 points multipliés au cours de ses 26 premiers matchs dans l’uniforme du Canadien. Un premier tiers de la saison qui a permis à Radulov de conquérir le cœur des partisans du Canadien et de prouver à tous ceux qui en doutaient que malgré un exil de neuf ans dans la KHL, Radulov pouvait toujours exceller dans la LNH.

La coqueluche du Canadien en début de saison souffre donc maintenant de la coqueluche. Et il n’est pas le seul à tousser, car le malaise qui frappe Radulov a des répercussions sur l’ensemble du premier trio. Un trio qui, à l’image de son fer-de-lance, a refroidi depuis un bon mois.

S’il est normal de s’inquiéter de ce passage à vide de Radulov et des conséquences qu’il pourrait avoir sur les chances de victoire du Canadien en séries, il ne faut pas vraiment s’en surprendre.

Radulov n’a pas perdu son talent. Il n’a pas perdu son exceptionnelle capacité de bien protéger la rondelle quand il sillonne la glace et surtout de bien la distribuer à ses coéquipiers.

Ce que Radulov a perdu toutefois, c’est un brin ou deux de l’énergie qui lui permettait de donner un rythme endiablé à ses présences. Un rythme que le reste de l’équipe suivait en début de saison.

Le retour dans la LNH et un calendrier beaucoup plus exigeant que celui avec lequel Radulov a composé au cours des huit saisons passées dans la KHL.

« C’est clair que les deux calendriers sont bien différents. Dans la KHL, le calendrier compte des séquences de deux semaines sans match. Ça te permet de soigner des blessures et de refaire des forces. Cela dit, il y a beaucoup plus d’entraînements dans la KHL qu’ici, mais on ne dépense pas le même genre d’énergie », a reconnu Radulov samedi.

Le vétéran de 30 ans a toutefois minimisé l’importance de la fatigue normale avec laquelle il doit composer cette année en raison du calendrier plus serré de la LNH. Un calendrier qui l’est davantage en 2016-2017 en raison de la Coupe du monde qui a précédé la saison.

« Je suis en forme. Je travaille au gymnase. Je vais d’ailleurs y aller dès que j’aurai terminé ici avec vous, a lancé Radulov en pointant du doigt les espadrilles qu’il portait. Je traverse simplement une séquence plus difficile alors que les résultats ne viennent pas. C’est une question de confiance. On a bien joué ce soir. On a eu des chances. Je sens que les choses vont bientôt débloquer », a-t-il ajouté.

Ses coéquipiers le souhaitent. Ses entraîneurs le souhaitent aussi. Tout comme les partisans du Tricolore. Sans oublier son agent qui a perdu un peu des munitions que lui a donné son client en début de saison en vue des négociations de contrat avec le Canadien... ou les autres équipes de la LNH si jamais Radulov devient joueur autonome le premier juillet prochain.

Heureux à Montréal

En passant, Radulov assure se plaire à Montréal. Il assure que sa famille s’y plaît aussi. Ce qui mousse les chances du Canadien de le mettre sous contrat d’ici le premier juillet. Car on le sait bien, quand la famille d’un joueur vedette se plaît dans la ville où elle habite, il est plus facile de le garder sur place.

« Mon père est ici en ce moment et il se plaît vraiment à Montréal. Toute la famille est bien heureuse. En plus, le hockey est tellement important dans le cœur des amateurs. On l’a vu lors des matchs de la semaine dernière alors qu’ils nous ont hués. C’était normal, ils nous fouettaient parce qu’on ne jouait pas bien. Ça démontre leur passion. Encore ce soir, j’ai été impressionné d’entendre tous les partisans dans les gradins se mettre à chanter l’hymne national avant le match. Ça me donnait le goût de me joindre à eux si je connaissais les mots et était capable de le chanter. Pas sûr que tout le monde serait bien content en Russie », a souligné Radulov en riant.

Radulov qui a balayé du revers de la main le retour hâtif de son épouse en Russie comme une indication que son séjour à Montréal pourrait prendre fin après moins d’un an. « Elle est rentrée au pays pour s’occuper de sa mère », a-t-il plaidé sans donner d’autres détails.

Différences évidentes

Les équipes de la LNH disputent 82 matchs en 179 jours d’un calendrier qui débute le 12 octobre pour se terminer le 9 avril. Les joueurs profitent de trois pauses au cours de la saison : le congé forfaitaire de cinq jours; la pause de quatre jours associée à la tenue du Match des étoiles; la trêve de trois jours à Noël.

Dans la KHL, les équipes disputent 60 matchs en 181 jours de calendrier. La saison régulière débute le 22 août et se termine le 18 février.

Sur ce simple paramètre, on voit que les équipes de la LNH disputent un match tous les 2,18 jours alors que le ratio est d’un match tous les 3,02 jours dans la KHL.

Bien que cet écart de près d’une journée puisse sembler banal, il est toutefois énorme quand on l’applique à la saison complète.

Les pauses officielles sont aussi plus nombreuses dans la KHL que dans la LNH.

La KHL impose une première trêve le 7 septembre afin de commémorer la tragédie aérienne qui a décimé le Lokomotiv de Jaroslav en 2011.

Le calendrier a été interrompu du 1er au 6 novembre, du 12 au 18 décembre et 8 au 12 janvier pour permettre la tenue de trois tournois européens en Finlande, en Russie et en Suède et plus de permettre aux joueurs sélectionnés de se rapporter à l’équipe nationale.

La KHL accorde aussi des pauses de trois et quatre jours pour le Nouvel An et le Match des étoiles.

Si Radulov avait passé l’hiver avec le CSKA de Moscou, son club de la KHL aurait profité de 33 jours de congé en cours de saison – les congés imposés par la KHL combinés aux jours sans match qui précèdent et suivent les pauses officielles – au lieu des 12 qu’il a eus avec le Canadien.

Méchante différence!

Surtout pour un joueur de 31 ans qui se donne à fond chaque fois qu’il saute sur la patinoire. Que ce soit lors des matchs ou des entraînements.

C’est pour toutes ces raisons qu’il était facilement envisageable que Radulov «frapperait» un mur en cours de saison à son retour dans la LNH.

L’important pour Radulov – et son agent –, mais surtout pour le Canadien et ses partisans est de savoir combien de temps il lui faudra pour franchir ce mur et dans quel état physique et d’esprit il se retrouvera une fois de l’autre côté. Car avec seulement sept matchs à disputer en saison et une courte pause qui précédera les séries, Radulov a vite besoin de se remettre de la coqueluche qui le tenaille et le ralenti depuis plus d’un mois s’il veut redevenir la coqueluche du Canadien.

Si Radulov retrouve son énergie du début de la saison, ou mieux s’il peut compter sur un deuxième souffle une fois en séries, il permettra à son agent de rester ferme quant à ses exigences sur la durée du contrat qu’il voudra obtenir à Montréal... ou ailleurs.

Un contrat qui à mes yeux ne devrait pas dépasser trois, voire quatre ans, mais qui s’étendra peut-être sur cinq ou six si Radulov arrive à convaincre un directeur général riche et en mal de vedette offensive dans son club de prendre une telle chance sur lui.

Si Radulov n’arrive pas à retrouver son aplomb du début de saison, il donnera raison aux équipes qui se font plus prudentes – dont le Canadien – et qui accepteront de lui offrir un salaire annuel plus élevé dans le cadre d’une entente de trois ans maximum.

On verra!