Quand le CH est aussi coupable que les arbitres
Canadiens dimanche, 16 févr. 2020. 00:35 samedi, 14 déc. 2024. 05:58MONTRÉAL - Claude Julien avait de bonnes raisons d’en vouloir aux arbitres après la quatrième défaite consécutive de son équipe cette semaine (0-3-1); la 34e défaite de la saison (27-26-8); la 20e défaite jusqu’ici cette année au Centre Bell où le Canadien n’a gagné que 13 fois devant ses partisans (13-15-5).
Car il est vrai que le laxisme affiché à l’endroit de Jason Robertson aux dépens de Joel Armia, en prolongation, alors que le Finlandais avait lui-même été chassé pour un geste similaire, voire identique, plus tôt dans le match est bien difficile à comprendre.
Encore plus à accepter.
Comme il est tout aussi vrai que l’infraction décernée à Ben Chiarot, infraction au cours de laquelle les Stars ont réduit à un but l’avance du Tricolore en période médiane, était tirée par les cheveux d’autant plus qu’elle suivait tout juste un accrochage qui a envoyé le défenseur cul par-dessus tête. Mais bon : depuis le temps que les arbitres ferment les yeux sur une première infraction, mais se montrent intraitables sur les répliques, Chiarot aurait dû s’en douter un brin ou deux.
Vrai également qu’au fil du match, les joueurs des Stars se sont rendus coupables de quelques infractions qui auraient dû se traduire par une ou deux attaques massives offertes au Canadien. Bon! Ce n’est pas comme si le Tricolore était une grande menace en supériorité numérique, mais quand même...
Sans oublier la rondelle qui a frappé la porte entrouverte au banc des Stars et que les arbitres ont laissée poursuivre sa course au lieu de siffler un arrêt de jeu qui aurait prévenu l’un des buts des Stars venus pas longtemps après.
On comprend donc Claude Julien d’avoir concentré son point de presse sur le travail des officiels.
« C’était très gênant », que le coach du Canadien a d’ailleurs dit une, deux, trois fois en français. Un qualificatif qu’il a repris aussi souvent et avec autant d’insistance en anglais.
Des commentaires qui lui vaudront sans doute une facture de quelques milliers de dollars en guise d’amende.
Trois adversaires...
Cela dit, quand Claude Julien a avancé que son équipe avait dû se battre contre deux clubs samedi soir, contre les Stars et l’équipe d’arbitres et de juges de lignes dépêchée au Centre Bell, il aurait dû ajouter un troisième adversaire.
Il aurait dû ajouter le nom de sa propre équipe.
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Car s’il est vrai que les arbitres sont loin d’avoir aidé la cause du Canadien samedi et que les Stars ont su en profiter, il est tout aussi vrai que le Tricolore a grandement contribué à sa perte en laissant filer l’avance de 3-0 qu’il s’était offert lors des 27 premières minutes de jeu.
Une avance confortable. Une avance qui aurait dû être plus que suffisante considérant que les Stars jouaient alors comme une équipe qui était loin d’avoir respecté le couvre-feu du vendredi soir à Montréal. Comme une équipe prête à concéder les deux points au Tricolore pour ménager ses énergies et les récupérer dimanche à Ottawa contre des Sénateurs qui devraient être plus faciles à battre.
Mais non!
Comme il l’avait fait le 23 novembre dernier au Centre Bell face aux Rangers, le Canadien a perdu cette avance de trois buts pour ensuite s’incliner 4-3 en prolongation. Bon! Il a été moins mauvais qu’en novembre considérant qu’il avait alors non seulement gaspillé une avance de 4-0, mais s’était incliné 6-5 en temps réglementaire.
Mais quand même. Avec l’infime marge d’erreur dont il disposait encore samedi, le Canadien n’avait pas le droit de gaspiller cette avance de trois buts.
Statistiquement, le Canadien n’a subi que deux défaites cette saison après s’être offert des avances de trois buts dans un match (13-1-1), mais ces trois points perdus, ajoutés aux nombreux autres gaspillés contre des clubs faibles, pèseront aussi lourd dans la balance expliquant l’élimination du Tricolore que les blessures et autres excuses qu’on nous servira en cascade dans quelques semaines.
Une belle leçon de hockey
Au-delà les erreurs des arbitres, il ne faudrait donc pas oublier que le Canadien a laissé les Stars revenir lentement, mais sûrement, dans le match.
Avec les conséquences qu’on connaît.
Il ne faudrait pas non plus oublier que le Tricolore a ouvert la porte aux Stars en se rendant coupable de 25 revirements contre les six seulement commis par leurs adversaires.
Il faudrait aussi insister sur le fait que les Stars, après s’être retrouvé avec un recul trois buts à combler, sont restés bien concentrés.
« Ce n’était certainement notre plan de match d’accorder une avance de trois buts au Canadien. Mais une fois en arrière, je n’ai jamais senti de panique. Je n’ai jamais senti mes gars abandonner », a expliqué l’entraîneur-chef Rick Bowness.
Contrairement à bien des équipes qui auraient simplement ouvert la machine et pris des risques à répétition pour tenter d’aller marquer un but ici et là ou pour sauver des statistiques personnelles, les Stars ont gardé le cap. Même à 0-3.
« La meilleure manière de revenir d’un déficit est de demeurer patient. De continuer à travailler. De continuer à créer des occasions et de pousser l’adversaire à l’erreur. En patinant, on a des chances d’obtenir une attaque à cinq ici et là et avec la qualité de notre attaque massive, on savait que ça nous aiderait », a expliqué le vétéran Joe Pavelski qui a récolté deux passes à son retour au jeu après une absence de deux matchs.
Et c’est exactement ce qui s’est produit.
Mattias Janmark a marqué à la suite d’un revirement très couteux du défenseur Marco Scandella qui, en voulait dégager, a remis la rondelle directement sur la lame du bâton de Pavelski qui a préparé le but.
En attaque massive, Tyler Seguin a marqué sur un puissant tir dont il a le secret. Après une disette de 17 matchs qu’il avait stoppée jeudi soir, à Toronto, il fallait s’attendre à ce que Seguin explose un moment donné.
C’est ce qu’il a fait en prolongation alors qu’il s’est moqué de Victor Mete pour ensuite mystifier Carey Price avec un puissant tir du revers.
« Il n’y a pas beaucoup de gars dans la LNH qui sont capables de transformer une descente à un contre un en occasion de marquer et en but comme l’a fait Tyler sur le but de la victoire. Il est un joueur exceptionnel. On savait tous qu’il retrouverait sa touche à un moment donné ou un autre », a commenté Blake Comeau après la rencontre.
C’est ce même Comeau qui a envoyé le match en prolongation en déjouant Carey Price avec un tir anodin. «Je ne voyais pas grand-chose et parce qu’il avait beaucoup de circulation devant le filet. J’ai tiré et j’ai été chanceux de voir la lumière s’allumer», a ajouté Comeau.
Comeau a été chanceux. Mais les Stars ont moussé leur chance en donnant une leçon de hockey et de discipline au Canadien.
« Il n’y a pas une façon de jouer sur la route et à la maison. Il n’y a pas une façon de jouer quand tu es en avant ou que tu tires de l’arrière. Il n’y a qu’une seule façon de jouer au hockey : la bonne. Et la bonne façon de jouer au hockey, celle qui nous donne du succès,consiste à générer notre attaque par de la bonne défensive. Le reste est une question d’exécution et nos joueurs ont le talent et l’expérience nécessaire pour s’occuper du reste. Nous formons une bonne équipe. Une bonne équipe qui doit travailler de manière systématique pour gagner. C’est ce qu’on a fait encore ce soir. C’est pour cette raison que nous avons réalisé autant de remontées gagnantes depuis le début de la saison », a indiqué Rick Bowness après la victoire des Stars.
Champions des remontées gagnantes
Les Stars sont effectivement parmi les meilleurs de la LNH pour combler des reculs.
- Ils présentent un dossier de 14-15-3 lorsqu’ils accordent le premier but…
- Ils partagent le premier rang de la LNH avec les Capitals de Washington avec 11 victoires signées en dépit un recul après 20 minutes de jeu (11-10-1)…
- Ils dominent la LNH avec neuf victoires (9-14-1) lorsqu’ils tirent de l’arrière après deux périodes…
- Mieux encore, ils sont pratiquement parfaits lorsque vient le temps de protéger des avances comme en témoignent leurs fiches de 14-2-1 lorsqu’ils mènent après une période et de 21-1-2 lorsqu’ils sont en avant après 40 minutes…
- À titre de comparaison, le Canadien affiche trois victoires seulement (3-19-2) cette année lorsqu’il tire de l’arrière après deux périodes et sept revers déjà (17-4-4) lorsqu’il mène après 40 minutes de jeu…
« Tu ne peux compléter une remontée comme celle que nous venons de faire ou même gagner sur une base régulière dans la LNH d’aujourd’hui sans un gardien au sommet de sa forme. Et ce soir, Bish (Ben Bishop) nous a permis de revenir dans la partie », a conclu l’entraîneur des Stars qui affiche un dossier de 17-8-2 depuis qu’il a pris la relève de son ancien patron Jim Montgomery le 10 décembre dernier.
Fort d’une soirée de 29 arrêts, Ben Bishop s’est particulièrement signalé devant Tomas Tatar en prolongation.
« Après le troisième but, je me suis dit que ça devait arrêter là. Que je devais tout stopper et donner la chance à mon équipe de revenir dans la partie. Je savais que c’était loin d’être fini pourvu que je ne permette pas au Canadien d’ajouter à leur avance. Tatar a fait une très belle feinte, j’ai étiré la jambe et j’ai stoppé la rondelle avec le bout du patin. Je vais le prendre cet arrêt », a indiqué Bishop qui a signé sa 20e victoire de la saison (19-12-4).
« J’adore jouer à Montréal. Le Centre Bell est mon endroit préféré dans la LNH. Jouer ici, un samedi soir, dans le cadre de la Soirée du hockey alors que la partie est diffusée d’un bout à l’autre du pays. Il n’y a rien de mieux », a ajouté Bishop qui présente un dossier de 13-4-4 (1,75 BA/M, efficacité de 93,7 %) en 22 sorties en carrière contre le Canadien.
Course aux séries…
Parce que les Panthers ont perdu aux mains des Oilers d’Edmonton, le Canadien s’approche à quatre points de la Floride qui a toutefois trois matchs en mains.
Mais attention : parce que les Maple Leafs ont battu les Sénateurs, Toronto creuse à huit points le fossé qui sépare le Canadien du troisième rang de la division atlantique avec deux matchs de plus à disputer que le Tricolore.
Cuites les carottes que vous dites?
Bon dimanche!