En 2011-2012, le Canadien a connu une saison désastreuse aux allures de mauvais télé-feuilleton. Vous vous rappelez sans doute, Montréal avait terminé au tout dernier rang de l’association de l’est. C’est l’année où le ténébreux Pierre Gauthier avait échangé monsieur Mike Cammalleri pendant un match face aux Bruins, à Boston!

Jacques Martin avait été congédié à la faveur de Randy Cunneyworth, un adjoint unilingue anglophone qui n’avait jamais été entraîneur-chef de sa vie. C’est aussi l’année où Scott Gomez est devenu la risée de la LNH, mais qu’il continuait de jouer soir après soir. Bref, la direction de l’époque semblait improviser sans avoir aucun véritable plan à long terme.

Marc Bergevin est arrivé à Montréal à la conclusion de cette année misérable. C’était le 12 mai 2012 et la LNH se dirigeait vers un lock-out. Le moins que l’on puisse dire c’est que tout un défi l’attendait. Trois ans et demi plus tard, il faut avouer qu’il a effectué un travail colossal.

Après sa nomination, quand les activités de la ligue ont recommencé, le nouveau patron a posé quelques gestes significatifs (comme le rachat du contrat de Gomez) et on a vite réalisé qu’un véritable changement de mentalité s’était opéré à Montréal quand, malgré ses 18 ans, Alex Galchenyuk, n’a pas été retourné à son club junior de Sarnia. Au fil des mois, Bergevin s’est entouré d’hommes de hockey compétents qui travaillent dans l’ombre comme Rick Dudley, Larry Carrière, Scott Mellanby, Martin Lapointe et Rob Ramage. Il a aussi réussi à sortir l’entraîneur de gardien Stéphane Waite de Chicago. John Sedwick qui travaillait dans les bureaux de la LNH s’est aussi joint à l’équipe de Bergevin en tant que directeur des affaires juridiques…autrement dit, c’est lui qui s’occupe des contrats et du calcul de la masse salariale.

Spectaculaire lorsqu’il sort de chez son tailleur, Bergevin présente un style de gestion beaucoup moins coloré. Même s’il a tenté un coup fumant au printemps 2014 en allant chercher Thomas Vanek pour presque rien, la formation actuelle du Canadien a été construite à coup de transactions mineures, et ce, sans sacrifier l’avenir. Pratiquement la moitié du club a été forgé de la main de Bergevin. Jeff Petry, Tom Gilbert, Devante Smith-Pelly, Dale Weise, Paul Biron, Torrey Mitchell, Brian Flynn, Tomas Fleischmann, Alexander Semin et Mike Condon ont tous été acquis par l’actuel dg. Des jeunes prometteurs se développent avec les IceCaps et dans les rangs juniors.

ContentId(3.1163401):Le patron jusqu'en 2022
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Malgré ses succès, Bergevin n’a pas un parcours sans faille. Toutefois, il faut reconnaître qu’il a eu l’humilité de réparer ses erreurs. Quand ça n’a pas fonctionné avec Daniel Brière et Pierre-Alexandre Parenteau, il n’a pas tardé à les expédier sous d’autres cieux avant que leur situation devienne malsaine.

En lui offrant une prolongation de contrat de cinq ans, Geoff Molson a reconnu l'excellente besogne abattue par Bergevin, mais il s’assure aussi de le garder à Montréal pour longtemps puisqu’il aura maintenant les coudées franches jusqu’en 2022. Le propriétaire assure aussi une stabilité importante. Du jamais vu à Montréal depuis le départ de Serge Savard en 1995. Et toute cette confiance est entièrement méritée pour Bergevin. À sa quatrième année aux commandes du Canadien, il a transformé un club moribond en une formation qui aujourd’hui peut légitimement rêver à la Coupe Stanley. Reste à voir si le rêve pourra devenir réalité sous son règne?

« Je suis heureux aujourd'hui »