MONTRÉAL – Quand Jiri Sekac a finalement mis fin à l’interminable léthargie du jeu de puissance, le match était dans la poche depuis longtemps pour le Canadien.

Voilà le genre de développement qui a tout pour plaire à Michel Therrien. Surtout quand il coïncide avec une visite des Bruins de Boston.

« Les gars étaient vraiment engagés »

Le Canadien a pulvérisé ses vieux rivaux par la marque de 5-1 pour signer une quatrième victoire de suite, jeudi.

« Collectivement, c’était assurément notre meilleure sortie, a lancé sans hésiter Dale Weise, élu la première étoile de la rencontre. Un match complet, vraiment. On a été disciplinés. Notre gardien de but a fait des gros arrêts, comme toujours, mais il n’a pas eu à faire de miracles. Notre attaque était au rendez-vous. »

Weise pourra dire qu’il a prêché par l’exemple. Il a inscrit son équipe à la marque en marquant sur un tir de pénalité en début de deuxième période, a préparé le premier des deux buts de Max Pacioretty et a fait parler ses poings en engageant le combat avec Gregory Campbell.

Lars Eller a marqué le but vainqueur dans un troisième match consécutif. C’était déjà 4-1 en fin de troisième quand le but de Sekac a mis fin à une disette de 27 tentatives infructueuses du Canadien en avantage numérique.

Le jeune Tchèque a marqué dans chacune des victoires du Canadien contre ses rivaux du Massachusetts cette saison.

« Ça fait du bien de marquer dans un match comme ça, surtout contre Boston », a déclaré Sekac, qui a quatre points à ses trois derniers matchs.

Dougie Hamilton a servi la timide réplique des Bruins, qui ont perdu deux matchs en 24 heures par le pointage combiné de 11-2.

Preuve que Weise disait vrai, Carey Price n’a eu besoin que d’arrêter 21 rondelles pour s’occuper des Bruins. Le cerbère de confiance du Bleu-Blanc-Rouge n’a concédé que deux buts à ses trois dernières sorties.

Comme Tuukka Rask avait accordé quatre buts sur 16 tirs la veille face aux Maple Leafs, et peut-être aussi un peu parce qu’il montre une fiche de 5-15-3 en carrière face au CH, Claude Julien avait décidé d’envoyer Niklas Svedberg devant le filet des Bruins. À son cinquième départ de la saison, le jeune Suédois a bloqué 29 tirs.

À son premier match dans l’uniforme du Tricolore, Sergei Gonchar n’a pas chômé. Le vétéran de 40 ans, acquis en début de semaine dans une transaction qui a envoyé Travis Moen à Dallas, a passé un peu plus de vingt minutes sur la patinoire, dont près du quart en avantage numérique, et a été crédité de trois tirs au but et autant de mises en échec.

Nathan Beaulieu, utilisé comme septième défenseur, s’est surtout fait remarquer en passant le K.-O. à Matt Fraser lors d’un combat en deuxième période. Sa main droite, avec laquelle il a porté le coup de grâce, a toutefois dû reposer dans la glace pendant qu’il purgeait sa peine.

« C’est un peu endolori, mais ce n’est pas la première fois que ça m’arrive », a rassuré Beaulieu, faisant remarquer non sans un brin de fierté qu’il jetait les gants cinq à six fois par années au niveau junior.

Un troisième combat aurait pu éclater si P.K. Subban avait accepté l’invitation de Milan Lucic en fin de deuxième période. Le défenseur du Canadien se portait alors à la défense de Sekac, qui avait été solidement frappé par le colosse des Bruins au centre de la glace.

Source d’énergie

Bien avant que l’attaque à cinq du Canadien ne génère un premier but en près d’un mois, elle lui a assurément permis de s’emparer du fameux momentum, l’un des objectifs inhérents ouvertement visés par Michel Therrien en attendant le déblocage providentiel.

« Notre avantage numérique a été très bon ce soir. On aurait pu marquer davantage, mais c’est d’abord ce qu’on recherche du jeu de puissance. On veut qu’il nous donne une erre d’aller et c’est ce qu’il a fait ce soir. C’est un pas dans la bonne direction », a approuvé l’entraîneur.

Weise venait à peine de marquer son premier de la saison quand les Bruins ont écopé de deux pénalités mineures successives en début de deuxième période. Au tableau indicateur, l’indiscipline d’Adam McQuaid et Hamilton n’a pas laissé de marque, mais elle a permis au Canadien de tranquillement établir les bases de sa dominance à venir.

« Notre meilleur effort collectif »

Brendan Gallagher, qui s’était fait voler quelques instants plus tôt par la jambière droite de Svedberg, a admirablement préparé le but d’Eller à la fin de la septième minute de l’engagement. Après avoir fait la barbe à deux adversaires derrière la ligne des buts des Bruins, le numéro onze a déjoué Patrice Bergeron et repéré son coéquipier dans l’enclave. Son travail a mené au quatrième but du Danois à ses six derniers matchs.

Avec un tir des poignets d’une vélocité digne des ligues majeures, Pacioretty a augmenté l’avance des siens moins de deux minutes plus tard. Après avoir hérité d’une passe en retraite de Dale Weise à l’entrée du territoire des Bruins, le franc-tireur du Canadien a envoyé la rondelle siffler près de l’oreille gauche de Svedberg et secouer les cordages dans la lucarne.

Avec un écart de deux buts, les Bruins, à peine remis d’une dure soirée à Toronto, ont semblé s’écraser. La vitesse de Sekac les a forcés à écoper d’une autre pénalité avant la fin de la deuxième, le jeu de puissance subséquent offrant des chances en or à Plekanec et Galchenyuk de briser le mauvais sort jeté à l’unité.

Pacioretty a ajouté son deuxième du match en début de troisième. La paire d’arrières composée de Hamilton et Dennis Seidenberg, exposée par Galchenyuk quelques instants plus tôt, a très mal paru sur la séquence payante amorcée par le travail de David Desharnais.

Le but de Sekac a mis un point d’exclamation sur la soirée à 14:06 du dernier tiers.

« C’est une très belle victoire d’équipe. Les gars étaient vraiment engagés dans le match. On a utilisé notre vitesse pour provoquer l’adversaire et notre entêtement nous a donné du succès », s’est réjoui Therrien.