BROSSARD – Sergei Gonchar n’était pas attendu à Montréal avant encore quelques heures mais déjà, Michel Therrien avait commencé à modifier l’apparence de son attaque à cinq, mercredi matin.

« Quand tu es 28e, il y a bien des affaires que tu ne fais pas assez bien! », allait résumer l’entraîneur du Canadien en début d’après-midi, à la fin de sa rencontre avec les journalistes. La remarque, accompagnée du genre de sourire que les séquences de trois victoires consécutives ont le don d’occasionner, a bien fait rigoler.

Reste qu’on regardait Therrien et ses adjoints à l’ouvrage sur la patinoire de Brossard et on comprenait bien que le problème n’était pas pris à la légère.

« Il faut être patient avec les défenseurs »

Au cours de ses dix derniers matchs, le Canadien a su maintenir un dossier de 6-3-1 malgré un jeu de puissance réduit à néant. En remontant à la troisième période du match 18 octobre contre l’Avalanche du Colorado, on recense 23 occasions consécutives où l’avantage numérique du Tricolore a été envoyé à la guerre seulement pour en revenir complètement désarmé. 

Vingt-huitième, c’est le rang, parmi les 30 équipes de la Ligue nationale, auquel végète la partie offensive des unités spéciales du Canadien, qui montre un taux de réussite de 7,1 % avec trois buts en 42 opportunités.

« On n’a pas la bonne mentalité quand on embarque sur la glace pour le jeu de puissance présentement. On en a parlé aujourd’hui avant de procéder aux exercices éducatifs qu’on voulait faire. On doit avoir une meilleure attitude en unité de cinq. Présentement, ce que je vois, ce sont des gars qui ne sont pas sur la même longueur d’ondes. On veut forcer nos joueurs à communiquer », a expliqué Therrien, cette fois sur un ton plus sérieux.

« Ça a été une journée productive aujourd’hui, se réjouissait Max Pacioretty au terme d’un entraînement majoritairement consacré au problème le plus criant du CH. On se sentait bien sur la patinoire, ce qui était étrange considérant le fait qu’on a été tellement mauvais hier soir en avantage numérique. Mais les entraîneurs ont fait du bon travail pour nous proposer des solutions différentes. Maintenant, c’est à nous d’exécuter. »

Parmi les changements observables, on remarquait deux nouvelles unions aux points d’appui. Ainsi, les gauchers Andrei Markov et Nathan Beaulieu ont été jumelés sur une paire de défenseurs, l’autre étant composée des droitiers P.K. Subban et Tom Gilbert.

« C’est important de placer les gars à des endroits où ils sont confortables. Avec deux gauchers à la pointe et moi dans l’enclave, on se retrouve avec deux passeurs qui possèdent trois options pour le tir sur réception, expliquait Pacioretty. C’est non seulement bon pour l’exécution de certains jeux, mais ça force l’adversaire à te respecter un peu plus. En étant dans l’enclave, en attente d’une passe pour décocher, je force l’un des ailiers en replis à me surveiller plus étroitement, ce qui peut donner plus d’espace à notre quart-arrière à la ligne bleue. »

« On a bien fait bouger les choses aujourd’hui. C’est bien de ressortir d’un entraînement avec autant de confiance », a conclu Pacioretty.

Et ça ne devrait être qu’un début. Therrien, qui a vu Gonchar produire des saisons de 58, 67 et 65 points à l’époque où les deux hommes étaient réunis à Pittsburgh, pense déjà aux différentes options que la présence du vétéran lui permettra d’étudier.

« Il peut nous donner différents looks. C’est un gars qui a eu une belle carrière sur le jeu de puissance. Il a toujours été reconnu comme un gars qui a une bonne vision et prend de bonnes décisions. Le fait d’avoir un gars comme lui, ça donne d’autres cartes qu’on peut utiliser pour essayer de trouver les bonnes combinaisons. On va voir comment ça va se dérouler », a laissé présager l’entraîneur, qui souhaite aussi mieux répartir la charge de travail entre ses deux vagues d’avantage numérique.

« C’est un excellent joueur, pas seulement en avantage numérique, a fait remarquer Andrei Markov, sans vouloir mettre trop de pression sur son compatriote. Le jeu de puissance, c’est le travail de cinq gars, pas seulement un ou deux. Il faut mieux travailler en unité. »

Gonchar, qui a marqué 102 de ses 219 buts de saison régulière sur le jeu de puissance, devait atterrir au Québec en soirée mercredi. Therrien ne pouvait pas confirmer que la plus récente acquisition de Marc Bergevin sera mise à contribution 24 heures plus tard contre les Bruins.

« Je lui ai parlé très brièvement hier au téléphone, il fallait qu’il retourne à Dallas pour chercher ses effets personnels, dont son passeport. Demain, on va s’asseoir ensemble, prendre un café, voir où il est rendu et on prendra une décision », a laissé planer Therrien, qui a toutefois précisé que le rappel d’un joueur additionnel des Bulldogs n’était pas dans les plans immédiats.

« Ça va être un honneur de jouer avec un gars comme lui, envisageait Pacioretty, convaincu que l’expérience de Gonchar aura des répercussions positives sur la jeunesse tricolore. J’ai entendu plusieurs histoires sur l’impact positif qu’il a eu sur (Evgeni) Malkin et (Valeri) Nichushkin, qu’il a pris sous son aile. Je crois qu’un gars comme Beaulieu peut apprendre beaucoup de lui, surtout qu’il aspire à devenir un peu le même genre de défenseur. Je crois qu’il pourrait être un bon mentor pour lui. »