BROSSARD - L’un est gaucher, l’autre est droitier, mais ils s’avèrent des exemples de dévouement et des modèles de sacrifices pour leurs coéquipiers. S’ils ont parfois été des partenaires à la ligne bleue cette saison, Francis Bouillon et Mike Weaver pourraient être séparés en 2014-15, car leur avenir semble emprunter des directions différentes.

Même s’il est âgé de 38 ans, Bouillon a rempli à merveille son rôle de défenseur avec le Canadien et il a été impressionnant quand il devait renouer avec l’action après un séjour hors de la formation partante.

Employé durant 9 des 17 parties éliminatoires des siens, Bouillon a eu besoin de temps pour se remettre de la défaite en finale de l’Association Est.

« J’étais abattu après le match. Je suis conscient que mes chances commencent à être moins nombreuses pour gagner la coupe Stanley. On aurait pu avoir une chance en or d’y arriver et j’aurais adoré que ça se produise avec le Canadien », a raconté Bouillon qui ne se défile jamais devant les questions.

Il ressentait également une telle émotion parce que son deuxième parcours avec le Canadien pourrait tirer à sa fin en raison de l’émergence des Nathan Beaulieu et Jarred Tinordi notamment.

« Tu en viens à t’arrêter et te dire que c’était peut-être ton dernier match ici. J’espère que non, mais on ne sait pas ce qui arrivera. Quand on a éliminé Boston, je ne te mentirai pas, j’avais commencé à réfléchir à certains scénarios selon lesquels c’était possible de se rendre jusqu’au bout », a reconnu l’inébranlable numéro 55.

« Je le répète, j’aimerais rester, mais je suis conscient qu’il va y avoir beaucoup de monde à la défense sans oublier d’autres jeunes de la relève auront sûrement leur chance », a poursuivi Bouillon en songeant sans doute à Greg Pateryn et Darren Dietz par exemple.

Pour revenir à Beaulieu et Tinordi, il est persuadé que ces espoirs aux qualités opposées peuvent se tailler une place dans le top-6 des défenseurs du Tricolore dès la prochaine année.

« Je pense que oui, ils savent à quoi s’attendre et ce sera à eux d’être prêts au mois de septembre, mais je suis persuadé qu’ils sont rendus là. Ce n’est jamais évident de te faire rétrograder constamment et disons qu’ils ont mangé leur pain noir… »

« C’est la beauté du hockey : le gars qui est assis à côté de toi va peut-être t’aider à gagner une coupe Stanley, mais c’est peut-être lui qui va te voler ta job », a insinué Bouillon qui comprend la réalité de son métier depuis longtemps.

Sur un ton plus positif, Bouillon a su prouver qu’il détenait encore toutes les ressources pour contribuer aux succès d’une équipe de la LNH même si ça implique de regarder des parties à partir de la galerie de presse.

« L’heure de la retraite, je ne la vois pas encore. C’est sûr qu’on ne rajeunit pas, mais je veux continuer à faire partie de cette ligue-là. J’ai encore la passion de jouer au hockey et je pense que je suis encore capable d’aider un club », a déclaré Bouillon.

« Il faut que je me rende à l’évidence qu’à l’âge où je suis rendu, je ne ferai pas partie des quatre premiers défenseurs d’un club. Si je veux jouer, je vais avoir un rôle à remplir. Je suis un vétéran et je peux aider les jeunes. Je suis conscient que si je continue, avec n’importe quel club, ça se peut que je saute mon tour », a-t-il enchaîné.

Soucieux de sa condition physique – ce serait difficile de deviner qu’il a 38 ans – Bouillon s’est également acquitté des missions confiées par les entraîneurs quand il a été envoyé dans la mêlée durant les éliminatoires.

« Le fait qu’on se soit rendu où on s’est rendu, c’est bon pour moi. J’ai prouvé qu’un gars d’expérience, c’est toujours important. Que tu sois le 4e, 5e, 6e ou 7e défenseur, j’ai prouvé que même quand je ne jouais pas, j’étais toujours prêt à revenir au jeu », a souligné celui qui a savouré la conquête de la Coupe Memorial avec les Prédateurs de Granby.

Au cours des prochaines semaines, Bouillon risque de se poser une panoplie de questions dans l’attente d’une proposition concrète qui pourrait tarder étant donné qu’il ne rajeunit pas.

« Les prochaines semaines, assis dans mon divan, à mettre en perspective la saison et penser à ce qui s’en vient, vont peut-être me stresser un peu sauf que je suis confiant. Le monde sait ce que je peux donner sur une patinoire », a soutenu l’athlète né aux États-Unis qui ne refuserait pas de déménager pour poursuivre son parcours dans la LNH.

Un portrait plus encourageant pour Weaver

Même s’il perçoit l’avenir du Canadien d’un bon œil, Bouillon pourrait très bien évoluer sous d’autres cieux la saison prochaine. Son optimisme est partagé par Weaver qui semble s’être établi comme un candidat très intéressant pour prolonger son association avec Montréal.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les sceptiques étaient nombreux à la suite des premiers coups de patins de Weaver dans l’uniforme du CH le 6 mars contre les Coyotes. Graduellement, ce défenseur de 36 ans a trouvé ses repères et il s’est imposé comme un pilier en infériorité numérique et une machine à bloquer des tirs.

Fort agréable comme intervenant, Weaver a fait sourire lorsqu’il a levé le voile sur ses blessures venant de principale qualité. « Des bleus par-dessus des bleus », a-t-il rigolé sans se plaindre une seule seconde.

Ses atouts, combinés au fait qu’il soit droitier, ont augmenté sa valeur aux yeux de l’organisation et il a expliqué le succès de son adaptation.

« Je crois que j’ai bien cadré dans la structure de l’équipe et les joueurs ont été accueillants avec moi », a-t-il révélé.

« Même si ce n’était pas le cas de vous, les journalistes, parce que j’étais méconnu, j’ai l’impression que les dirigeants savaient ce qu’ils allaient obtenir de ma part. D’ailleurs, Marc (Bergervin) m’avait mentionné qu’il avait suivi mon jeu dernièrement », a-t-il encore noté avec une touche d’humour.

Puisque la relève demeure mince, ou peu expérimentée parmi les droitiers, Weaver semble en voiture pour hériter d’un nouveau contrat avec le Tricolore.

« J’aimerais définitivement revenir avec le Canadien, mais on verra la suite des choses. J’espère que le sentiment de la direction sera réciproque à mon endroit », a confié celui qui s’attend à voir les choses bouger rapidement.

Ayant fait le tour de l’Amérique avec les Thrashers, les Kings, les Canucks, les Blues et les Panthers, ce n’est pas si étonnant de constater à quel point Weaver a raffolé de son expérience en sol montréalais.

« J’ai vécu des moments merveilleux depuis que je suis arrivé ici. Les médias étaient intéressants, si on peut le dire ainsi », a avoué celui qui s’est amusé à accorder plusieurs entrevues.

Weaver, qui a adoré revêtir le réputé chandail du Canadien, est d’avis que son expérience serait la bienvenue pour épauler les joyaux de l’organisation.

« Je me souviens que j’ai beaucoup appris des vétérans durant ma carrière et c’est vraiment difficile pour des jeunes d’enseigner à des jeunes », a utilisé Weaver comme formule.

Apprécié de la majorité, le défenseur qui compense un physique peu impressionnant par sa volonté se verrait très bien dans le rôle de grand frère ou plutôt sous un autre chapeau.

« Je pourrais plus être leur père! Oui, j’aime beaucoup ce rôle et je m’occupe d’une école de hockey dans la région de Toronto donc je suis habitué d’enseigner à la relève, mais je me sens encore très jeune présentement », a-t-il laissé tomber avec son sourire qui demeure incomplet signe d’une dent perdue dans l’action.

Pas de retraite pour Parros

George Parros a tenté d'aider son équipe du mieux qu'il a pu en dépit de quelques commotions cérébrales qui ont ponctué sa première campagne à Montréal. Il sera joueur autonome sans compensation en juillet. Il souhaite poursuivre son aventure dans le circuit Bettman l'an prochain.

« Je n'ai jamais envisagé d'arrêter ma carrière. Je suis prêt à jouer encore. Je suis rétabli et je vais me chercher un emploi. »

Bourque tenait à finir en force

Rene Bourque n'a pas connu la saison à la hauteur des attentes et il a avoué qu'il souhaitait faire mieux en séries au cours desquelles il a obtenu onze points, dont huit buts. « Je voulais terminer l'année sur une bonne note. »

En saison, il n'a marqué que neuf buts en 63 parties pour un total de 16 points. Il a néanmoins été le héros de la cinquième partie de la série contre les Rangers avec une production de trois buts dans un gain de 7-4 qui permettait au Canadien de prolonger la finale de l'Est jusque dans un sixième match.

« Je n'ai jamais douté de moi pendant la saison. J'aimerais être toujours capable de jouer comme je l'ai fait durant les séries. »

Douglas Murray déçu

Si Mike Weaver a été une pièce importante de la brigade défensive durant les séries, Douglas Murray a la plupart du temps eu le rôle de spectateur.

Il aimerait néanmoins recevoir une offre du Canadien le 1er juillet prochain, lui qui avait signé une entente d’un an durant l’été 2013.

« Sur une note personnelle, je suis déçu. J’aurais voulu contribuer plus et avoir un plus grand rôle. Bref, sur le plan personnel, je ne suis pas satisfait », a-t-il lancé aux journalistes

« Si l’équipe veut encore de moi, bien sûr que je veux revenir. C’est une belle ville de hockey. Il y a une très bonne équipe ici. Malheureusement, nous sommes arrivés à court cette année. C’était un très bon parcours », a-t-il ajouté.