« Déception » est le mot qui convient le mieux aux performances fournies par le Canadien lors des matchs de mardi et jeudi, face aux Red Wings de Detroit et aux Hurricanes de la Caroline. J’aurais pu vivre avec une certaine baisse d’énergie passagère après la forte dose d’adrénaline vécue durant les affrontements de la fin de semaine dernière contre les Sénateurs d’Ottawa.

Mais de là à se montrer aussi amorphe et d'offrir un effort collectif aussi effacé pendant 120 minutes, à domicile de surcroît, j’avoue que là, l’incompréhension la plus totale m’habite.

L’irrégularité dans le jeu du CH est inquiétante; c’est une évidence. Même durant la séquence de succès qu’ils ont connue plus tôt au mois de mars, souvent ce n’était pas avec panache que les Montréalais s’imposaient contre leurs rivaux. Pour ainsi dire, je ne me souviens pas de la dernière fois où l’équipe a offert trois ou quatre prestations solides d’affilée. Le niveau d’énergie déployé par les troupes de Claude Julien diverge énormément d’une sortie à la suivante. Parfois cela ne se reflétait pas dans le score final, mais on sentait néanmoins cette fragilité. Et ça leur a  explosé en plein visage durant les deux premiers matchs de la semaine.

C’est plutôt troublant que le niveau d’effort et de concentration soient aussi volatiles alors qu’il ne reste que huit parties à disputer au calendrier régulier. Il va falloir trouver une stabilité et rapidement parce qu’en séries éliminatoires, on ne va pas bien loin avec des performances en montagnes russes.

De la cohésion... et vite!

Offensivement, ça ne clique pas présentement. Une partie de moi comprend les intentions de Julien, de faire preuve de créativité afin de trouver des combinaisons qui produisent. Toutefois, la rotation à laquelle on assiste, autant à l’attaque qu’à la défense, peut justement rendre difficile cette recherche de cohésion et de synchronisme. L’instabilité dans l’alignement en affecte-t-elle certains plus qu’on pourrait penser? Chose certaine, si on joue à la chaise musicale à chaque match d’ici au début des séries d’après-saison, ça sera pratiquement mission impossible d’entrer en éliminatoires sur une erre d’aller.

Si on s’arrête à ce qu’il y a de positif, j’ai trouvé que dans le revers de 4-1 face aux Canes, le trio piloté par Andrew Shaw et complété par Alex Galchenyuk Artturi Lehkonen a produit des étincelles. Ils ont d’ailleurs inscrit le seul but du Tricolore sur un jeu bien construit en zone neutre. Je persiste à croire que Galchenyuk peut mieux servir la cause de l’équipe en jouant à l’aile.

Radu est la clé

La vérité demeure toutefois, à mon sens, que depuis le tout début de la saison, les succès offensifs sont passés par le brio d’Alexander Radulov. Le Russe était la locomotive qui alimentait ses coéquipiers avec ses habiletés de fabricant de jeux, sa fougue, sa protection de rondelle et le plaisir évident qu’il éprouvait à jouer. Sa baisse de régime notable s’est accompagnée d’une baisse visible d’intensité et de passion dans son jeu. On le voit chuter sur la glace plus souvent et revenir au banc avec la mine basse, en posant ici et là des gestes de frustration.

Je ne sais pas si le nombre de matchs, auquel il n’est plus habitué après ses cinq années passées en KHL, lui crée une certaine fatigue mentale et physique. Peut-être n’est-il pas complètement remis de la blessure qui l’affligeait il y a quelques semaines? Le stress provenant du fait qu’il travaille à mettre la table pour le plus important contrat de sa carrière joue-t-elle aussi un rôle? Lui seul connaît les réponses à ces questions. Ne cherchons pas plus loin : l’offensive du Canadien va se remettre en marche le jour où Radu va raviver la flamme qui l’animait plus tôt cette année.

Déjà qu’il s’impose une énorme pression de livrer la marchandise, Radulov aura bientôt celle provenant de son environnement et des partisans s’il reste au neutre. Il s’était créé un capital de sympathie en offrant un effort irréprochable, en agissant tel un véritable guerrier soir après soir.

Cette vague de sympathie qui lui a été témoignée depuis son arrivée en sol montréalais peut être appelée à s’effriter si ses bonnes intentions ne se concrétisent pas par des résultats concrets. Parce qu’après tout, des joueurs qui travaillent fort comme le no 47, il y en partout dans la  Ligue nationale de hockey. Mais des joueurs d’avant possédant sa créativité et sa protection de rondelle, c’est passablement plus rare.

Alors qu’on pensait qu’il s’était distancé, tout est donc à refaire pour le CH dans son objectif de terminer en première place de la division Atlantique. Deux défaites plus tard, les Sénateurs sont à une victoire au Centre Bell de se faufiler devant leurs rivaux montréalais.

Et mine de rien, des Maple Leafs de Toronto revigorés, accusant six points de retard mais possédant un match en main, sont à distance raisonnable eux aussi. Ce n’est vraiment pas aussi confortable pour le Tricolore que ça aurait pu l’être. Mais puisqu’il faut motiver son groupe en retirant le positif de chaque situation, Julien doit essayer de tirer le maximum de l’enjeu de cette rencontre.

* propos recueillis par RDS.ca