Une identité claire chez le Canadien
Canadiens vendredi, 2 nov. 2018. 20:23 mercredi, 11 déc. 2024. 05:01On le répète depuis le bilan le printemps dernier, mais force est d’avouer qu’il y a bel et bien eu un changement d’attitude chez le Tricolore. Le message a souvent été martelé depuis le premier jour du camp d’entraînement et au début de la saison, mais on doit prendre conscience que c’est bel et bien le cas.
On ressent d’ailleurs que toute l’équipe a décidé de travailler fort chaque soir sur la patinoire et pour l’instant les résultats suivent avec une récolte de 16 points en 12 matchs. L’énergie est palpable et les joueurs ont acheté ce que les entraîneurs leur ont dit. L’identité que le Canadien veut se donner est claire. Ils patinent, mettent de la pression en échec-avant et n’abandonnent pas.
On dirait que depuis neuf matchs, les joueurs ont compris et appliquent le système. Après trois rencontres, je trouvais que c’était encore difficile pour certains joueurs. Je pense notamment à Jonathan Drouin, pour qui nous avons des attentes un peu plus élevées cette saison après une première année difficile avec le Canadien. Il ne se démarquait pas sur le plan de l’effort lors des premières rencontres, mais depuis plusieurs matchs, il n’y a rien à redire de ce côté. C’est vrai que ses manœuvres ou ce qu’il tente ne fonctionnent pas toujours, mais on sent un engagement de sa part. Il est prêt à mettre l’effort afin que son trio ait du succès.
Il faut tout de même s’attendre naturellement à des moments plus ardus, car c’est souvent ce qui se produit chez les joueurs talentueux. Il faudra aussi accepter qu’il décide de tricher par moments sur la patinoire, mais encore une fois c’est ainsi qu’ils trouvent des moyens de générer offensivement. Certains soirs cette tactique va payer des dividendes, alors que lors de certains affrontements, ce sera sans doute plus pénible. Par contre ce n’est pas une question d’un manque d’effort.
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Bergevin a eu la main heureuse
La nouvelle identité de l’équipe découle évidemment d’un mélange entre les joueurs qui sont partis, ceux qui sont arrivés et le système mis en place. Il y avait des décisions difficiles à prendre par l'état-major, car parmi les joueurs qui sont partis, on y trouvait du talent.
Des choix ont été remis en question, notamment l’arrivée d’un Max Domi, qui avait inscrit neuf buts à chacune de ses deux dernières saisons, contre Alex Galchenyuk dont on pouvait entrevoir un potentiel de marqueur de 30 buts. Par contre, Domi contribue bien plus en 10 matchs que Galchenyuk a pu le faire l’an dernier. Je parle au-delà des buts puisque je fais aussi référence à son acharnement et son ardeur au travail.
Lorsque tu veux changer l’identité d’une équipe, tu ne peux te permettre d’apporter des changements qu’en périphérie, il faut changer le centre, le cœur, le noyau et c’est ce qu’a fait Marc Bergevin dans un premier temps avec Galchenyuk et ensuite Max Pacioretty.
En lien avec cette transaction, Tomas Tatar représente une belle surprise et s’en est un autre qui semble avoir embrassé cette identité que le Canadien s’est donnée. Sa constance sur le plan de l’effort a déjà été questionnée par le passé. Je crois qu’il s’agit surtout d’un joueur influençable dans le sens où il va se joindre au groupe et si l’énergie est positive, il va lui aussi embarquer dans le moule.
Ce qu’il nous démontre cette année, c’est justement un effort qui est présent soir après soir tout en ajoutant sa touche de créativité en zone offensive. Je le considère comme un très bon complément qui a su s’intégrer dans le top-6 de l’équipe.
Avec le départ de certains joueurs, il s’est créé un espace laissé vacant dans le groupe de meneurs de l’équipe ce qui a sans doute permis à Brendan Gallagher de s’imposer encore plus comme un leader de ce groupe.
Lorsque tes meneurs ne sont pas positifs en raison soit des performances de l’équipe ou de leurs statistiques personnelles, c’est difficile pour les autres de renverser cette tendance. Même si Galchenyuk était son bon ami, peut-être que son départ a offert encore plus de place à Gallagher dans un rôle de meneur et il n’a pas hésité à remplir ce rôle. On voit toute son influence sur un joueur comme Tatar au sein de son trio. Les chiffres sont aussi au rendez-vous pour l’attaquant de 26 ans alors qu’il a déjà fait vibrer les cordages à neuf occasions cette saison.
Un beau moment au Centre Bell
Vous comprendrez que si je parle d’attitude positive et d’identité, je n’ai pas le choix de glisser un mot sur Jesperi Kotkaniemi. Il n’a que 18 ans et on dirait qu’il ne ressent pas encore la pression qui vient avec son statut de premier choix. C’est véritablement un jeu pour lui et on le voit bien alors que son sourire ne semble jamais le quitter.
L’ovation après le premier but de sa carrière contre les Capitals était tout simplement incroyable. Depuis que je me retrouve sur le panel pour les matchs du Canadien, je n’ai jamais rien vu de tel pour le premier but d’un joueur.
D’où j’étais situé, j’ai très bien vu le jeu se développer depuis le territoire défensif et on sentait que quelque chose de spécial allait se produire. Comme de fait, Joel Armia a réussi à rejoindre Kotkaniemi qui a soulevé d’on bon la foule au Centre Bell en déjouant Braden Holtby.
J’ai adoré la réaction des gens, mais également celle des joueurs qui montraient leur enthousiasme à l’endroit de leur jeune coéquipier. J’ai immédiatement fait remarquer à mes collègues l’arrivée de Carey Price à la ligne bleue pour également lui transmettre ses félicitations.
Cette réaction montre à quel point il est apprécié au sein du vestiaire et on le voit bien lors des entraînements alors qu’il parle et rigole avec tout le monde. Cette attitude est non seulement contagieuse, mais elle pousse les autres à l’adopter et autant un comportement négatif pour entraîner l’équipe vers le bas, autant une attitude positive peut la tirer vers le haut et c’est ce qui se produit en ce moment.
Un travail en unité de cinq
Cette identité d’une équipe qui fait preuve d’acharnement au travail se traduit aussi sur le plan défensif. Même si ce n’est pas le groupe de défenseurs le plus talentueux à travers la ligue, surtout avec l’absence de Shea Weber, les défenseurs se tirent bien d’affaire, car ils gardent les jeux simples. La transition est rapide avec la première passe pour les attaquants. Ils déplacent la rondelle nord-sud et non en périphérie ce qui leur est profitable.
Avec la vitesse que déploient les attaquants en ce début de saison, les défenseurs veulent uniquement leur remettre la rondelle et ceux-ci se chargent de la maintenir dans le territoire adverse. Dans la zone du Tricolore, c’est aussi une unité de cinq qui travaille. Ce n’est pas l’histoire de seulement deux joueurs. On l'a bien vu sur le but vainqueur de Max Domi alors que c'est lui-même qui a créé le revirement dans sa zone grâce à son repli défensif.
Chaque défenseur connaît ses bons moments depuis le début de la saison. On a qu’à penser à Mike Reilly qui a dépassé les attentes par moments, même chose pour Jordie Benn qui fait ce qu’on attend de lui. Il faut aussi regarder du côté de Xavier Ouellet qui ne fait pas beaucoup parler de lui, mais ce n’est pas une mauvaise chose. Il est un défenseur fiable qui commet peu d’erreurs. Sans être éclatant, son travail rapporte à l’équipe.
Le travail défensif passe évidemment par Carey Price. Sans avoir volé des matchs jusqu’à présent, il permet à son équipe d’évoluer avec confiance, car on sent qu’il est solide devant son filet. On voit qu’il n’est pas le même Carey que l’an dernier. On voyait bien la confiance de ses coéquipiers à son endroit jeudi contre les Capitals alors qu’à un certain moment John Carlson était fin seul devant lui et plutôt que de laisser aller son homme dans l'enclave pour tenter de rattraper une couverture défensive qui faisait défaut, Benn n’a pas lâché l’attaquant des Caps et Price s’est chargé d’effectuer l’arrêt.
On voit présentement ce qu’une équipe en confiance et qui applique un système peut obtenir comme résultat.
Il faut admettre que le DG du Canadien et son groupe ont eu la main heureuse jusqu’à maintenant avec les changements, mais il ne faut pas s’emballer trop vite. Il reste à voir si les joueurs pourront poursuivre dans cette voie pour une saison complète et non pas seulement lors des 12 premiers matchs.
*Propos recueillis par Maxime Tousignant