Allons droit au but : le Canadien en a mangé une simonac lundi soir à Tampa.

Et c’est tant mieux... ou presque.

Parce qu’après trois victoires à l’arraché qui passaient l’éponge sur des erreurs, des lacunes, voire des faiblesses, trois victoires qui auraient facilement pu céder le pas à une, deux, même trois défaites, un petit rappel à l’ordre était de mise. Ne serait-ce que pour calmer les ardeurs des partisans qui voyaient leur club amorcer la saison avec quatre gains de suite et qui traçaient déjà un parallèle avec la dernière séquence du genre en début de saison (1977-1978), séquence qui avait mené à la 21e conquête de la coupe Stanley du Canadien.

Le Canadien n’a pas joué aussi bien que sa fiche de 3-0 le laissait croire après ses escales à Toronto, Washington et Philadelphie.

Mais la dégelée encaissée lundi à Tampa ne devrait pas assombrir tous les espoirs des partisans du Tricolore pour autant.

Ça non.

Tout n’était pas rose dans les trois victoires, mais tout n’est pas noir non plus au lendemain de cette raclée aux mains – et quelles mains – de Steven Stamkos, de Victor Hedman et de leurs coéquipiers du Lightning.

Vrai que les statistiques font mal. Qu’elles donnent le vertige, la nausée, ou un malheureux mélange des deux. À commencer par le score final 7-1, en passant par les tirs au but dominés 41-17 par le Lightning qui a éteint toute possibilité de remontée gagnante du Tricolore en tirant 18 fois (3 buts) sur Dustin Tokarski alors que le Canadien a mis Ben Bishop à l’épreuve une fois. Toute une fois vous direz alors que P.K. Subban a offert une occasion en or de marquer à Tomas Plekanec au dernier tiers. Mais une seule fois quand même...

Vrai que Carey Price a été gardé au banc après 40 minutes à Tampa après qu’il eut accordé quatre buts sur 23 tirs et qu’il ait maintenant accordé 10 buts en huit périodes et dix minutes en prolongation.

Mais plus encore que les buts accordés à Tampa hier ou les buts accordés par Price au cours du voyage, ce sont les statistiques des unités spéciales qui me semblent les plus inquiétantes.

ContentId(3.1091501):Stamkos s'amuse comme un petit fou
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Ou l’absence de statistiques puisque l’attaque massive du Canadien a été blanchie à quatre reprises à Tampa Bay lundi et qu’elle est toujours en quête d’un premier but (0 en 14) après quatre matchs.

Inversement, le Lighnting a fait mouche deux fois en cinq attaques massives lundi. Après quatre matchs, le Canadien a accordé quatre buts sur les 18 désavantages qu’il a eus à écouler.

Zéro en 14 ça donne 0 %.

Quatorze désavantages écoulés en 18 occasions ça donne 77,7 % d’efficacité.

Pas besoin d’être un génie du hockey pour avancer qu’une équipe qui perd les duels au chapitre des unités spéciales risque de perdre beaucoup plus de matchs qu’elle en gagnera.

Et ça c’est inquiétant.

Dans les nouveaux paramètres d’analyse de la LNH, une équipe peut se dire qu’elle compte sur des unités spéciales correctes lorsque la somme de l’efficacité de l’avantage et désavantage numérique totalise au moins 100.

Après quatre matchs, le Canadien est donc à 77,7 %.

Il est bien trop tôt dans la saison pour paniquer. C’est vrai. Il est bien trop tôt pour déplorer la perte de Gerard Gallant et il serait tout à fait injuste de mettre en doute les compétences de Daniel Lacroix qui l’a remplacé.

Les unités spéciales fonctionnent souvent par vagues. Et comme le Canadien a passé la dernière semaine sur la route, qu’il a disputé quatre matchs en six soirs et qu’il a peu, ou pas du tout, pratiqué avec attention ses unités spéciales, il est un brin ou deux normal que ces unités n’affichent rien de spécial après quatre matchs.

Mais si une patience élémentaire est de mise, il est impératif de souligner qu’après quatre matchs le Canadien facilite beaucoup trop le travail des gardiens qu’il croise alors qu’aucun attaquant ne bataille sa position devant le filet pour lui voiler la vue, pour s’emparer d’un retour.

ContentId(3.1091630):Canadiens 1 - Lightning 7
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Brendan Gallagher y va. C’est un fait. On a même vu une fois, ou deux, peut-être trois, David Desharnais dont ce n’est certainement pas le rôle premier.

Mais pas assez d’implication de Max Pacioretty, d’Alex Galchenyuk, de P.A. Parenteau et des autres attaquants qui ont obtenu du temps d’utilisation en avantage numérique lors des quatre premiers matchs.

Inversement, et c’était évident lundi, le Lightning s’est assuré de prendre le filet défendu par Price et Tokarski d’assaut. Pas juste en avantage numérique, mais tout au long du match.

Ça démontre deux lacunes du Canadien. Deux lacunes qui devront être vite corrigées.

Le Canadien ne fonce pas assez au filet adversaire – il a pourtant orchestré sa remontée gagnante de trois buts au dernier tiers à Philadelphie samedi en compliquant le travail de Ray Emery – et ses défenseurs semblent incapables de freiner les élans des attaquants adverses dans leur quête de nuire aux gardiens du Tricolore.

Là encore, j’insiste sur le fait qu’il ne faut pas paniquer, remettre l’avenir du coach en question et réveiller le débat – qui n’en a jamais vraiment un – à savoir si le Canadien aurait dû garder Jaroslav Halak plutôt que Carey Price – ne riez pas, j’ai vu quelques commentaires de ce genre sur twitter lundi soir – mais il est clair que si l’attaque n’a rien généré en supériorité numérique la défensive est plus que suspecte après quatre matchs.

Et non, ce n’est certainement pas l’absence d’Alexei Emelin qui explique tout.

Andrei Markov a été solide depuis le début de la saison.

P.K. Subban moins. Beaucoup moins. Ce n’est pas grave, car on sait tous que P.K. pourra se racheter 100 fois d’ici à la fin de la saison.

Mais Tom Gilbert ; et Mike Weaver qui tente d’imiter Hal Gill en nageant autour du filet du Canadien au lieu de se tenir bien droit et bien solide sur ses patins ; ça, c’est plus inquiétant.

Sans oublier Nathan Beaulieu qui affiche une nonchalance qu’on pourrait un brin ou deux pardonner ou au moins comprendre dans le cas d’un vétéran qui a prouvé sa grande valeur. Mais cette nonchalance affichée par un gars qui pourrait (devrait) être dans la Ligue américaine, il me semble que c’est inquiétant.

Tinordi? Il n’a pas été le pire défenseur du Canadien à Philadelphie. Pas plus qu’à Tampa. Mais il doit mieux jouer encore.

Cela dit, si je veux bien accepter le fait que l’état-major du Canadien tienne à garder Tinordi et Beaulieu à Montréal pour qu’ils apprennent leur travail sur le tas, il serait impératif de leur permettre d’évoluer avec des défenseurs en mesure de les aider à apprendre. À graduer. Ce que ni Gilbert, ni Waever ne semblent en mesure de faire.

Pour le moment.

Si cette tendance se maintient, il faudra convenir que sur le plan hockey, Josh Gorges manque à la brigade défensive du Tricolore et voir ce que Marc Bergevin prendra comme décision pour la renforcer.

À l’attaque, on a parlé, avec raison et à propos, des exploits de Tomas Plekanec, Alex Galchenyuk et Brendan Gallagher, des beaux flashs de Desharnais, de Parenteau, de l’efficacité de Manny Malhotra aux cercles des mises en jeu (12 en 18 (67 %) à Tampa Bay). Il ne faudrait toutefois pas oublier la timidité relative de Max Pacioretty - il a amorcé la dernière saison de la même façon - et les lacunes défensives de Lars Eller et Rene Bourque qui affichent des différentiels de moins-6 après quatre matchs.

Je veux bien croire que ce ne sont que quatre matchs. En plus, le Canadien en a gagné trois.

Mais si le Tricolore en avait perdu un de plus, ou deux, les commentaires seraient déjà beaucoup plus incisifs. J’imagine à peine ce qu’on lirait si le Canadien avait effectué son envolée de retour vers Montréal après une quatrième défaite de suite.

La si belle force de caractère claironnée sur tous les toits serait réellement remise en question.

Déjà? Oui déjà!

Toute bonne chose ayant une fin, il était clair que le Canadien en perdrait une à un moment donné. Et tant qu’à perdre, aussi bien perdre pour vrai en donnant toute la place aux exploits d’un surdoué comme Steven Stamkos qui a obtenu 12 tirs au but à lui seul – cinq de moins que le Canadien au grand complet – tout en enfilant un tour du chapeau.

Mais il ne faut pas non plus se mettre la tête dans le sable et se laisser éblouir par les trois victoires en lever de rideau de la saison pour croire que tout sera facile cette année.

En congé mardi, le Canadien pourra ruminer sur sa défaite aux mains du Lightning pendant que Michel Therrien concoctera sans l’ombre d’un doute un plan pour ramener son équipe sur le chemin de la victoire dès le prochain match, jeudi, alors que les Bruins de Boston seront au Centre Bell pour célébrer le lancement de la saison 2014-2015 à domicile.

Ça promet!