TORONTO - Connor McDavid et les jeunes surdoués de l’équipe nord-américaine ont raison d’être déçus.

N’eût été un bref passage à vide, d’un moment d’égarement, voire d’un brin de panique au cours duquel ils ont accordé quatre buts sans riposte sur quatre tirs des Russes, les moins de 24 ans seraient assurés d’une place en ronde éliminatoire.

L’un des rares désavantages d’avoir 23 ans ou moins dans le hockey d’aujourd’hui, peut-être le seul même, c’est le manque d’expérience. Un manque d’expérience qui peut en partie expliquer le moment d’égarement d’une durée de 6 :14 qui a coulé les jeunes au profit des Russes.

« Je ne sais pas si on peut parler de moment d’égarement. Il n’y a certainement pas eu de panique de notre part. On connaît tous leur puissance à l’attaque. Quand ils ont marqué leur premier but, on leur a donné trop de respect. On est tombé un peu sur les talons et cela leur a ouvert le jeu. Ça peut changer vite un match de hockey. On l’a vu ce soir. Est-ce qu’on aurait pu freiner leur élan après un, deux ou trois buts? Peut-être. Mais on aurait aussi pu en accorder plus », philosophait le défenseur Colton Parayko.

« Nous avons mal géré cette période creuse. Nos gars se sont mis à regarder autour pour voir qui allait prendre le contrôle. Avant qu’ils aient le temps de retrouver leurs moyens, les Russes avaient marqué quatre buts », a commenté Todd McLellan.

« Après avoir dicté le ton du match, nous sommes devenus hésitants. La qualité première de cette équipe est sa vitesse dans tous les aspects du jeu. Sur les quatre buts des Russes, nous avons été lents. Lents dans nos déplacements. Lents dans nos lectures de jeu. Lents dans nos réactions », a ajouté l’entraîneur-chef des jeunes surdoués.

S’il a fait un très bon travail pour remonter le moral de son groupe pendant le deuxième entracte, McLellan aurait peut-être pu les aider en réclamant un temps d’arrêt pour calmer la tempête. Mais bon! C’est toujours facile de lancer cette possibilité une fois le match terminé.

Avant ce moment d’égarement et après avoir retrouvé leur calme, les jeunes n’ont fait qu’une bouchée des Russes. Sans les arrêts sensationnels de Sergeï Bobrovsky et du poteau qui lui a sauvé la vie avec quelques secondes à faire en troisième alors que les jeunes jouaient à six contre quatre, le match le plus enlevant présenté depuis le début de la Coupe du monde se serait décidé en prolongation. Peut-être même en tirs de barrage.

« Si ce match avait duré quelques minutes de plus, il est clair que nous l’aurions remporté », a d’ailleurs indiqué le gardien Matt Murray qui a suivi le retour en force de son équipe du bout du banc après avoir été remplacé par John Gibson qui a fait de l’excellent boulot en relève.

Matt Murray a mal paru sur un des quatre filets des Russes – le tir d’Evgeny Kuznetsov lui est passé sous le bras – mais il n’est pas plus à blâmer que l’ensemble de ses coéquipiers.

« Ils étaient abattus devant leur casier après la deuxième période. C’est normal. Je leur ai dit qu’ils étaient de bien meilleurs joueurs qu’ils venaient de le démontrer et je considère qu’ils se sont très bien repris. Ces quatre buts ont fait mal. C’est clair. Mais ils auraient pu anéantir la confiance personnelle de nos jeunes et celle qu’ils ont à l’égard de notre équipe. En réagissant comme ils l’ont fait en troisième, ils ont démontré que leur confiance n’était pas atteinte le moindrement. On a craqué en deuxième période. Mais on est loin d’avoir cassé. Et c’est encourageant en vue de notre prochain match contre la Suède. Nous venons d’en jouer deux en deux jours. Nos gars ont besoin d’un peu de repos. Mais ils seront prêts pour affronter la Suède. Je n’ai pas le moindre doute là-dessus », a conclu l’entraîneur-chef McLellan.

De Connor McDavid à Auston Matthews en passant par Ryan Nugent-Hopkins, les jeunes abondaient dans le sens de leur coach. Ils tireront des leçons de l’expérience désagréable qu’ils ont vécue lundi soir pour les mettre à profit plus tard. Que ce soit lors de leur prochain match contre la Suède, que ce soit plus tard lors du tournoi, ou bien plus tard au cours de leur carrière.

« On a eu un avantage numérique de deux hommes en fin de troisième et on a fini le match à six contre quatre. Nous nous devions d’en profiter et nous devrons être meilleurs dans ces situations. Moi le premier. Mais nous sommes encore là », a d’ailleurs conclu le capitaine McDavid.