OTTAWA – Aussitôt que le nom de Nathan MacKinnon est mentionné, Matt Duchene éclate de rire et il devient à ce moment évident que les propos de son jeune coéquipier ont trouvé leur chemin jusqu’au vestiaire d’Équipe Canada.

La veille, à Montréal, MacKinnon s’était déclaré sans complexe devant les grandes puissances mondiales auxquelles sera confrontée à la Coupe du monde la formation - dont il fait partie - composée des meilleurs joueurs canadiens et américains âgés de 23 ans et moins.

« Je crois que nous comptons sur quelques-uns des meilleurs joueurs de la Ligue nationale, avait-il affirmé. À mon avis, nous formons l’équipe la plus talentueuse du tournoi. Je le pense vraiment, surtout en raison de notre vitesse. [...] C’est plus gros que tout ce que nous avons vécu auparavant, mais nous ne sommes pas intimidés. »

Mardi, avec toute la sagesse de ses 25 ans, Duchene n’a pas voulu s’embarquer dans une guerre de mots avec celui qu’il côtoie depuis trois saisons à Denver. Ça ne l’a toutefois pas empêché d’exprimer poliment son désaccord avec les estimations de son bon ami.

« Toutes les équipes seront talentueuses, alors je ne pense pas que le talent fera la différence dans ce tournoi. La meilleure équipe sera celle qui saura afficher le meilleur rendement collectif le plus rapidement possible. C’est ce qui sera l’élément décisif », croit Duchene, l’un des douze médaillés d’or des Jeux olympiques de Sochi qui sont de retour avec la sélection canadienne en vue de la Coupe du monde.

L’équipe « Amérique du Nord », un assemblage inédit spécifiquement pensé pour le format de la Coupe du monde, possède un pouvoir d’attraction évident à dix jours du début du tournoi. La présence en son sein de jeunes surdoués comme Connor McDavid, Jack Eichel et Auston Matthews, combinée à la nouveauté de l’expérimentation, devrait en faire le choix sentimental de bon nombre d’amateurs curieux de voir comment se traduira son potentiel contre des équipes plus aguerries.

« Giroux est un joueur intelligent »

« Personne n’a jamais rien vu de tel, alors c’est vraiment intriguant, concède John Tavares. C’est une idée qui a provoqué beaucoup de questions et tout autant de suppositions. À mes yeux, cette équipe compte sur une poignée de joueurs qui pourraient facilement jouer pour l’équipe de leur pays, alors le talent ne sera pas un facteur. C’est une équipe qui a sa place dans ce tournoi et je ne pense pas que quiconque la prendra à la légère. »

Parce qu’elle est composée de jeunes fringants dont la carcasse n’a pas encore été éprouvée par les rigueurs continuelles d’une carrière professionnelle, certains observateurs croient qu’Équipe Amérique du Nord possède un avantage sur la compétition en raison du fait que le tournoi sera disputé avant le début de la saison. Pour des jeunes qui commencent à peine leur vie d’adulte, il risque d’être plus facile de repartir la machine au mois de septembre.

Il s’agit toutefois d’une autre théorie que Matt Duchene déconstruit assez rapidement.

« Personnellement, je sais que je suis en mesure de me préparer beaucoup mieux pour ce genre de tournoi que quand j’étais plus jeune, affirme celui qui forme depuis deux jours un trio avec Joe Thornton et Claude Giroux. Quand vous commencez votre carrière, il y a plein de variables que vous tentez encore d’obtenir dans le but de commencer la saison dans les meilleures conditions possible. Aujourd’hui, j’ai une routine à laquelle je ne démords pas et qui me permet d’arriver à ce temps-ci de l’année dans une forme optimale. »

L’expérience, un facteur?

Âgé de 25 ans, Duchene est l’un des plus jeunes représentants d’Équipe Canada. Seule la présence de Tyler Seguin, 24 ans, le prive de la distinction d’être le cadet du groupe.

Mais à sa gauche, dans le vestiaire de l’équipe, se trouve une impressionnante rangée de leaders fermée à ses deux extrémités par Thornton et Patrice Bergeron et à l’intérieur de laquelle on retrouve notamment Jonathan Toews et Sidney Crosby. La présence rassurante de vétérans de cette envergure manquera-t-elle à MacKinnon et compagnie quand la pression se fera sentir.

« Possiblement, avance Tavares. Mais ils ont quand même des joueurs qui évoluent dans la Ligue nationale depuis quelques années. Et le fait que les attentes seront somme toute modérées à leur endroit, ça peut les aider. »

« Ça ne change rien, croit pour sa part le défenseur Marc-Édouard Vlasic. Dans un tournoi comme celui-là, où tu peux jouer un maximum de sept matchs, tout peut arriver. Il n’y a pas de 4-de-7, donc un match peut faire toute la différence. Toutes les équipes auront la même chance. »

« Dans ce genre de compétition, vous tentez de vous inspirer de vos expériences antérieures et quand vous n’en avez pas, vous regardez autour de vous et vous tentez de prendre des trucs ici et là, conclut Duchene. J’étais dans cette situation à Sochi, maintenant je suis un peu plus expérimenté. Ce n’est pas le talent et le leadership qui manquent dans ce vestiaire. »