La maturité d'un vétéran, le cœur d'une recrue, c'est ma définition de Mathieu Darche. Samedi soir, je l'observais du haut de la passerelle et j'aimais ce que je voyais. Par sa présence tant sur la patinoire que sur le banc, le nouveau venu de 33 ans du Canadien inspire.

Sans prendre la place de quiconque, il amène une certaine énergie nouvelle. Ça se voyait face aux Rangers où tous les joueurs, incluant les superstars de l'équipe, étaient pendus à ses lèvres alors qu'il prodiguait ses judicieux conseils. C'est excellent puisque ça garde tout le monde dans le match.

Darche a compris et comprend qu'une autre porte s'est ouverte devant lui et que cette fois, il ne veut pas qu'elle se referme. Dans un premier temps, il sait pertinemment qu'il s'agit probablement de sa dernière chance de faire partie à part entière d'une équipe de la Ligue nationale. Deuxièmement, Darche vient d'ouvrir LA plus grande porte, celle du Canadien de Montréal, l'équipe qu'il a aimé encourager à un plus jeune âge.

À l'heure actuelle, je suis persuadé que ça doit être vraiment motivant pour lui de se retrouver vêtu de blanc-blanc-rouge et nul doute qu'il voudra en profiter au maximum.

Si l'on retourne en arrière, je me rappelle que j'aurais pu diriger Mathieu Darche avec l'Avalanche du Colorado. Alors qu'il portait les couleurs des Redmen de l'université McGill, Serge Vleminckx me l'avait recommandé; j'en avais alors parlé à mes dépisteurs, mais à ce moment, leurs regards étaient davantage tournés vers Éric Messier et Serge Roberge qui évoluaient avec les Roadrunners au Roller-hockey. Mon directeur général a finalement opté pour Messier en me disant que Darche n'avait pas la trempe pour jouer dans la Ligue nationale.

Il ne s'agissait pas d'une mauvaise décision puisque j'ai remporté la coupe Calder ainsi que la coupe Stanley avec Éric Messier. Toutefois, quand j'ai vu que Mathieu Darche s'était taillé un poste avec les Blue Jackets de Columbus en 2000-2001, je me suis tout de même dit que mes dépisteurs avaient raté une belle occasion de mettre sous contrat un joueur dit gratuit. Mais bon, le hockey est un jeu d'erreurs et je ne parle pas seulement du jeu sur la patinoire.

J'ai aussitôt pensé à Vleminckx qui avait vu juste dans le cas de Darche. On ne peut qu'être content pour un jeune comme lui qui arrive de nulle part; l'histoire de Darche est en quelque sorte fabuleuse.

Un modèle pour Lapierre

Mathieu Darche se veut non seulement un modèle d'acharnement et d'éthique de travail pour Maxim Lapierre. Il est également un beau complément pour le jeune Québécois qui en arrachait passablement depuis le début de la saison.

En ce moment, les deux joueurs patinent dans le même sens et ça rapporte. Darche représente un joueur très responsable en défensive et il amène une belle énergie dans les trois zones; une énergie contagieuse si l'on se fie aux derniers matchs qu'a disputés Lapierre.

Darche agit tel un grand frère comme il l'a fait avec Sergei Kostitsyn en début de saison avec les Bulldogs de Hamilton. Darche était alors le co-chambreur du cadet des Kostitsyn et il semble que ç'a porté fruit. Ça démontre que dans l'organisation du Canadien, on reconnaissait le leadership du joueur de 33 ans.

Un pas en arrière pour mieux revenir

Le Canadien a pris une excellente décision en rétrogradant Max Pacioretty aux Bulldogs. Le choix de première ronde de l'équipe en 2007 avait perdu ses bases et n'était visiblement plus efficace. Pacioretty se cherchait et se perdait littéralement sur la patinoire et il était dans l'intérêt du Canadien et du jeune de lui redonner confiance.

Je persiste à croire que la Ligua américaine est la meilleure école de hockey et de vie pour un jeune. Guy Boucher lui donnera plus de temps de glace, ainsi que davantage de responsabilités et ça sera bénéfique. Il ne faut pas lancer la serviette dans le cas de Pacioretty. Il faut comprendre que le développement chez certains jeunes est plus lent.

Cependant, je sais qu'il est dans les bonnes grâces de l'équipe puisqu'il travaille très fort lors des entraînements et des matchs. En somme, son éthique de travail est irréprochable. Ce séjour dans le club-école de l'équipe lui permettra de prendre de la maturité.

L'organisation a besoin de le faire jouer pour pouvoir le rebâtir. À Montréal, il était une épine dans le pied, à Hamilton, il sera l'un des meilleurs.

Maxwell au centre

Autre mouvement de personnel chez le Canadien qui a procédé au rappel de Ben Maxwell, qui jouera au centre de Lapierre et de Darche. Or, certains se posaient la question à savoir pourquoi Lapierre avait été déplacé de son poste. Représente-t-il un meilleur joueur de centre défensif que Lapierre? Les prochains matchs vont nous le dire, mais je crois que Jacques Martin cherchera à exploiter la vitesse et la fougue de Lapierre à l'aile.

L'entraîneur-chef veut envoyer Lapierre à la chasse pour qu'il termine ses mises en échec et qu'il ressorte gagnant de ses batailles dans les coins de patinoire. En le laissant Maxwell à sa position naturelle, on lui met moins de responsabilités sur le dos.

Cependant, je dis toujours que des lignes d'attaque, ce n'est pas fait en béton, mais bien en papier et il est fort à parier que Martin modifiera ses lignes à nouveau.

La fameuse question : Price ou Halak?

Le Canadien compte sur deux bons gardiens de but, mais visiblement, il y en a un qui est plus mature que l'autre et vous savez de qui je parle.

Or, je vous assure que le jeune Price s'améliorera en ce sens cette saison puisque pour la première fois de sa carrière, il vit de l'adversité. On lui a déroulé le grand tapis rouge jusqu'au Centre Bell et il n'en a pas encore profité. Maintenant, il devra travailler.

Il faut arrêter de dire qu'il est trop jeune. Roy a gagné dès sa première année; c'est une question de performance. La position de gardien est la plus exigeante et il n'est pas surprenant de voir des Craig Anderson, Dwayne Roloson et Tim Thomas connaître du succès à un âge avancé. Autour de 27-30 ans, un gardien entre dans sa bulle, le gardien connaît la game. Il n'y a plus de surprises, tu passes au travers des mini-tempêtes.

Je pense que Price n'est juste pas rendu là mentalement, mais j'ai encore confiance en lui. En attendant, Martin doit continuer à envoyer le gardien qui lui procure des victoires, car à Montréal, il a l'obligation de l'emporter.

*Propos recueillis par Nicolas Dupont