Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Dans mon esprit, il n'y a aucun doute que le Canadien a toujours une chance de renverser la vapeur et d'éliminer les Flyers en sept matchs.

En toute honnêteté, j'avais prédit que le Canadien remporterait ses deux matchs à Philadelphie et même si je dois aujourd'hui me rendre à l'évidence que je m'étais trompé, il faut avouer qu'il méritait un meilleur sort.

Je vais toutefois rendre à César ce qui lui revient et donner le crédit qu'il mérite à Martin Biron, qui s'est fait un plaisir de brouiller les cartes jusqu'à maintenant. Les succès des Flyers ne s'expliquent pas uniquement par les prouesses de Biron, mais le gardien québécois est la source numéro un des problèmes du Tricolore.

Biron est bon, mais il n'est pas infaillible. La principale raison qui explique pourquoi il a éclipsé Carey Price et Jaroslav Halak, c'est qu'il a la vie beaucoup plus facile que les deux jeunes cerbères du bleu-blanc-rouge. Pour venir à bout de Biron, le Canadien doit retenir une leçon du premier but qu'il a marqué dans le quatrième match, mercredi, quand Tomas Plekanec a ébranlé sa concentration sur un tir dévié. C'est de cette façon qu'on marque des buts dans les séries. Regardez celui de Brière, qui a donné la victoire aux Flyers. Halak n'avait aucune idée d'où se trouvait la rondelle parce que Mike Knuble était planté devant lui.

Le Canadien doit faire la vie dure à Biron, mais aussi à ses défenseurs. Plekanec, en fonçant au filet sur le but qui lui a été crédité, a forcé Derian Hatcher à se commettre devant son gardien et à faire dévier la rondelle. On peut mettre les misères du Canadien sur le dos du manque d'opportunisme, mais un peu de volonté à aller se salir le nez devant le filet et à déranger l'adversaire ne ferait pas de tort.

De mon point de vue, il est d'une importance capitale pour le Canadien de mettre l'accent sur cet aspect de son jeu, de se faire un devoir de faire payer le prix aux hommes en noir, de leur rendre la vie misérable, de les placer sous pression. Je vous assure que plus souvent qu'autrement, ce genre d'acharnement mène soit à un but, soit à une bonne chance de marquer ou soit à une punition de l'adversaire.

Pour appliquer ce style de jeu, il n'est pas nécessaire d'avoir l'équipe la plus imposante physiquement. À cette période de l'année, ce n'est plus une question de talent. C'est une question de désir et de persévérance. Il faut être prêt à payer le prix. Observez le visage des joueurs lors des arrêts de jeu, vous verrez que plusieurs d'entre eux ont le visage plein de cicatrices.

C'est ça, le hockey des séries. Ça prend des joueurs prêts à aller à la guerre. Je demeure convaincu que le Canadien compte sur assez de joueurs de cette trempe pour rebondir et revenir de l'arrière dans sa série contre Philadelphie. Pour ça, il y a un seul impératif : chaque joueur, sans exception et peu importe avec qui il joue, doit comprendre l'urgence de la situation et tout laisser sur la glace. Quand on est accroché au bord du précipice, il faut y aller avec l'énergie du désespoir et c'est à 20 qu'on s'en sort, pas un de moins.

Le courage de Carbo

Je ne crois pas que c'est mon rôle de dire ici si j'étais d'accord ou non avec la décision de Guy Carbonneau d'envoyer Jaroslav Halak devant le filet au lieu de Carey Price pour le deuxième match à Philadelphie. Je peux toutefois vous dire une chose : il n'y a rien de plus facile pour un amateur, un journaliste ou pour tout autre observateur, de prendre position et d'en discuter après coup, en disant qu'on avait raison ou qu'on avait tort. Pour un entraîneur, qui aura à vivre avec sa décision et les conséquences que ça entraîne, c'est une toute autre paire de manches.

Si on savait à l'avance le résultat des décisions que l'on est appelé à prendre, le métier d'entraîneur serait facile, mais ce n'est pas le cas. Plusieurs coachs ne prennent pas de décisions. Ils s'assoient sur la clôture, refusent de faire face à la musique et se remettent en question une fois qu'il est trop tard, en disant qu'ils ont fait ça pour le bien de l'équipe quand, dans le fond, ils n'ont fait qu'acheter du temps.

Carbonneau avait une décision à prendre et il l'a prise au meilleur de ses connaissances, parce qu'il en est venu à la conclusion que c'était la meilleure chose à faire pour le bien de son équipe. Il a fait son boulot avec ses trippes et pour ça, je lui lève mon chapeau. C'est tout à son honneur. Les résultats n'ont pas été ceux qu'il attendait, mais un entraîneur n'est pas parfait. Carbo a le mérite d'assumer les décisions qu'il prend, il ne se défile pas et je l'en félicite.

Je me suis déjà retrouvé dans la même situation que Carbonneau. La saison dernière, alors que j'étais à la barre des Thrashers, je n'avais pas hésité à remplacer Kari Lehtonen, qui ne livrait pas la marchandise, par Johan Hedberg dans les deuxième et quatrième matchs contre les Rangers.

Bégin ne mérite pas les critiques

Plusieurs amateurs semblent avoir décidé que Steve Bégin, parce qu'il purgeait une punition qualifiée par certains de "stupide" quand Brière a donné la victoire aux Flyers, était le responsable de la défaite du Canadien dans le quatrième match. C'est à eux que je réserve la fin de ma chronique.

Steve Bégin, en préconisant le style de jeu qu'il pratique, s'expose à chaque match à des situations comme celle dans laquelle il a été impliqué mercredi. C'est vrai que le timing de sa pénalité n'était pas bon et ce n'était certainement pas son intention de mettre ses coéquipiers dans le trouble. Mais il faut être conscient que quand on demande à un joueur agressif comme Bégin de constamment jouer sur la mince ligne qui sépare la robustesse de l'indiscipline, un jour ou l'autre, il va y avoir des débordements.

C'est dommage, mais c'est hier que c'est arrivé.

Malgré tout, je comprends mal comment on peut critiquer un joueur comme Steve Bégin. On le voit se jeter sur la glace pour bloquer des lancers, on sait qu'il joue blessé. Bégin, c'est un guerrier, un vrai. Il a pris une mauvaise décision au mauvais moment, mais je ne suis pas prêt à lui lancer la pierre.

En fait, ça serait vraiment injuste de le faire. Bégin se présente toujours, dans les bons comme les mauvais moments. Il a le CH tatoué sur le cœur, il fait toujours face à la musique. C'est malheureux qu'on parle de lui pour les mauvaises raisons aujourd'hui.

Vous savez, il y a des joueurs qui ne prennent jamais de punitions de la sorte, parce qu'ils ne touchent jamais à personne…

Mon école de hockey

En terminant, c'est avec plaisir que je vous annonce que j'organise une fois de plus mon école de hockey cet été, en juillet, à York en Pennsylvanie.

Cette école de hockey est un excellent contexte pour une immersion anglaise. Je vous invite à visiter mon site internet à l'adresse www.hartleyhockey.com pour obtenir tous les détails.

*Propos recueillis par Nicolas Landry