Dix jours. C’est tout le temps dont a disposé Patrice Bosch pour faire ses valises, filer vers Chicoutimi et... organiser son tout premier camp d’entraînement.

« C’est comme si je n’avais eu que 10 minutes (rires) », plaisante le nouvel entraîneur-chef des Saguenéens.

Le successeur de Marc-Étienne Hubert – qui a quitté de son propre chef à la fin juillet pour diriger les Patriotes de l’UQTR – n’allait toutefois pas laisser filer cette première occasion de s’établir comme un entraîneur-chef dans le circuit Courteau.

« C’était aussi inattendu de mon côté que de celui des Sags », souligne Bosch, qui avait eu des discussions avec d’autres formations de la LHJMQ au cours de la saison morte avant de finalement convaincre le directeur général Marc Fortier qu’il était l’homme de la situation.

Plus d’un mois s’est maintenant écoulé depuis que l’embauche de Bosch a été officialisée. Un mois pour apprivoiser un nouvel environnement, c’est bien peu à l’approche du premier match de l’équipe, face aux Remparts de Québec, vendredi soir à Chicoutimi.

« J’ai parfois l’impression de manquer de temps. Le plus difficile c’est d’apprendre à connaître mes joueurs rapidement », reconnaît l’ancien entraîneur adjoint d’Éric Veilleux avec le Drakkar de Baie-Comeau.

Inévitablement, Bosch a donc dû se rabattre sur les informations à sa disposition, notamment celles fournies par son adjoint Mathieu Turcotte, qui occupait les mêmes fonctions la saison dernière.

« Quand tu es placé dans une situation comme celle-là, tu n’as pas le choix, tu dois te tourner vers les gens qui étaient en place pour prendre connaissance de ce que tu peux et ne peux pas faire. Mais en même temps, un entraîneur-chef se doit aussi de se faire sa propre opinion et ne pas trop en connaître peut aussi avoir ses avantages », estime Bosch.

Aux moyens de discussions, de rencontres et de séances d’entraînement, Bosch dresse donc petit à petit le portrait de la formation dont il a hérité.

« Implanter un système, ce n’est pas compliqué. Ce qui l’est, c’est de choisir celui qui convient le mieux à tes joueurs. Quand tu ne sais pas encore exactement ce que tu as sous la main, ça exige beaucoup plus de réflexion. »

Bosch ne compte donc plus les heures et c’est tout juste s’il n’a pas élu domicile au Centre Georges-Vézina. « Pour l’instant, j’arrive le matin à 8 h et je quitte vers 18 h. Il faut mettre le temps qu’il faut », se résigne-t-il tout en soulignant qu’il s’accommode très bien de ce mal nécessaire.

Tant mieux, car d’autres heures supplémentaires l’attendent. Faire connaissance avec un autre joueur vient en effet tout juste de se greffer à sa liste de tâches déjà bien garnies.

Nicolas RoyUn gros bonus

À gros prix, les Saguenéens ont effet fait l’acquisition de l’attaquant recrue Nicolas Roy le 5 septembre dernier.

Tout premier choix du dernier repêchage de la LHJMQ, l’athlète de 16 ans a refusé de se rapporter aux Screaming Eagles du Cap-Breton, qui ont dû se résoudre à l’échanger aux Sags en retour de trois choix de première ronde. Le club de la Nouvelle-Écosse a de plus obtenu de la LHJMQ le cinquième choix de la première ronde en 2014 et un choix entre le deuxième et le troisième tour en 2014 en guise de compensation.

Si Bosch n’en est qu’à ses premiers contacts avec Roy, il est toutefois bien au fait du potentiel de ce dernier.

« C’est un bonus, un gros bonus. Toutes les équipes recherchent de bons gros joueurs de centre comme lui et on en a un de qualité qui est jeune et qui sera ici pour un petit bout », s’est réjoui Bosch.

Roy, six pieds trois pouces et 168 livres, ne sera cependant pas en uniforme face aux Remparts. L’organisation ne veut en effet pas bousculer les choses.

« Ce sera notre troisième joueur de 16 ans à jouer sur une base régulière cette saison. On va lui donner le temps de s’acclimater », précise l’entraîneur-chef.

« Ceux qui s’attendent à ce que Nicolas Roy soit le dieu et le sauveur à Chicoutimi devront se calmer un peu », a quant à lui tempéré le directeur général Marc Fortier lors de la conférence de presse au cours de laquelle la nouvelle acquisition des Sags a été présentée aux médias.

« Il a seulement 16 ans et il va monter les marches une à la fois comme tout le monde. Il ne partira pas du milieu de l’escalier, il va partir en bas. Il va aller à l’arrière du wagon avec les autres jeunes. Il ne sera pas en avant à le tirer, mais en arrière à le pousser », a renchéri Fortier.

Cnarles Hudon« Non négociable »

Aux commandes d’une jeune équipe, Bosch n’a donc pas pour premier mandat de soulever la coupe du Président cette saison.

« Comme tous les autres entraîneurs, je veux gagner, mais l’objectif premier demeure de faire progresser mes jeunes. Sur le plan tactique, je n’ai pas de complexe et c’est tout aussi le cas pour mes capacités de motivateur. Mais comme mon équipe, j’aurai des choses à prouver cette année. »

À sa première saison comme entraîneur-chef dans la LHJMQ, Bosch ne débarque pas pour autant à Chicoutimi avec un manque d’expérience.

« J’ai eu la chance de travailler avec un gars comme Éric Veilleux qui connaît bien la ligue pour y avoir fait le tour du jardin plus d’une fois, tout comme Steve Ahern (DG du Drakkar). J’étais dans un environnement où on me donnait beaucoup de responsabilités. La transition se fait très bien », assure Bosch, qui a œuvré dans la LHJAAAQ pendant 12 saisons avant de faire le saut avec le Drakkar l’an dernier.

Malgré tout ce savoir, Bosch aura aussi besoin du support de ses vétérans.

« Je me suis assis avec eux afin de leur faire savoir clairement ce que j’attends de leur part. Si on veut inculquer une éthique de travail irréprochable à cette équipe, ça passe par eux et c’est non négociable. Ils le savent très bien. »

Un message qu’ont vite saisi Charles Hudon, Laurent Dauphin, Victor Provencher et compagnie.

« Il faut lui en donner pour qu’il nous en donne. Tous les gars ont acheté son programme et on vit vraiment à court terme au sein de cette équipe », observe Hudon, qui ratera sans doute quelques-uns des premiers matchs des Saguenéens puisqu’il participera au camp d’entraînement final du Canadien.

Devant le filet, les Saguenéens pourront de nouveau compter sur le jeune Julio Billia, qui a raflé l’or au tournoi Ivan Hlinka au sein de l’équipe canadienne des moins de 18 ans. Il sera épaulé par le vétéran Domenic Graham, qui débarque de Drummondville.

Le groupe de défenseurs des Sags est quant à lui inexpérimenté, alors que quatre jeunes de 17 ans et un autre de 16 ans composent notamment cette brigade. « Ce ne sont pas des joueurs qui sont là que pour remplir des chandails. Ce sont de véritables espoirs qui deviendront de très bons joueurs dans la LHJMQ », jure Bosch.

Finalement, en attaque, l’équipe disposera d’un bon mélange de vétérans et de jeunes joueurs.

« On ne peut se permettre de compter uniquement sur nos attaquants, nos défenseurs ou encore nos gardiens pour l’emporter. On aura besoin d’un effort soutenu d’absolument tout le monde », martèle l’entraîneur-chef.

Confrontés au sein de la division Telus Est au Drakkar et à l’Océanic de Rimouski, deux puissances annoncées, les Saguenéens font donc preuve d’un optimisme prudent.

« Mon objectif premier demeure de faire progresser les jeunes, répète Bosch. Car si je ne connais pas encore parfaitement mon équipe pour l’instant, je connais encore moins les autres. »