Daniel AudetteTerminées les présentations. L’heure est venue pour le Phoenix de Sherbrooke de se défaire de son étiquette d’équipe d’expansion.

« On n’a plus d’excuses cette année, c’est le temps de passer au niveau supérieur », signale le visage de l’équipe, Daniel Audette.

À sa deuxième année d’existence, la formation de l’Estrie n’a pas l’intention de patienter plus de trois semaines avant de savourer sa première victoire de la saison. Les données ont changé.

« La mentalité au sein de cette équipe est totalement différente de l’an passé, alors que 23 joueurs en provenance d’un peu partout avaient tardé à développer une certaine chimie. On est de retour avec une culture distincte et un noyau de joueurs qui s’entendent bien », note l’entraîneur-chef Judes Vallée.

Au cœur de ce noyau se retrouvent notamment Audette, mais aussi les défenseurs Jonathan Deschamps et Carl Neill, qui comme près de la moitié des effectifs du Phoenix, sont âgés de 17 ans ou moins.

« Ils sont peut-être jeunes, mais ils ont été sollicités à fond et ont dû jouer un rôle capital pour l’équipe dès leur première saison. Ils reviennent avec un an d’expérience et ç’a paru dès l’ouverture du camp d’entraînement », observe Vallée.

Avec le départ des vétérans Alexandre Comtois, Jacob Gervais-Chouinard, Steve Lebel, Michael McNamee et Alexis Bernier, cinq joueurs de 20 ans, la jeune relève du Phoenix devra donc prendre encore plus les bouchées doubles.

« On est en plein cœur d’un processus où on bâtit pour l’avenir, rappelle Vallée. Il n’était donc pas question pour nous de sacrifier cette jeunesse pour aller chercher des joueurs de 20 ans dominants dans la ligue qui ont déjà établi leur leadership. En commençant avec de jeunes joueurs l’an dernier, on savait très bien que nous allions atteindre notre pleine maturité lors de notre quatrième année. »

Cela n’empêche toutefois pas les joueurs d’évoluer, bien au contraire. À commencer par Audette.

« Un joueur transformé »

Un été d’entraînement et une participation au tournoi Ivan Hlinka – où il a raflé l’or en compagnie de Neill à titre de membre de l’équipe canadienne des moins de 18 ans – ont fait le plus grand bien à Audette.

« À son arrivée à l’âge de 16 ans, Daniel avait beaucoup de pression à gérer puisqu’il a été le premier choix du repêchage de 2012 et qu’il est le fils de Donald (un ancien du Canadien, des Sabres et des Thrashers notamment). Ce que je vois cette année, c’est un joueur transformé, analyse Vallée.

« Très intense dans les entraînements, il est plus en forme que l’an dernier. Après avoir passé un an dans les rangs juniors, tu t’aperçois que les joueurs adverses sont plus forts physiquement et plus gros. Il s’est entraîné en conséquence », ajoute le pilote.

Auteur de 29 points (10 buts et 19 passes) en 54 rencontres en 2012-2013, le joueur de centre a conclu la campagne au cinquième rang des meilleurs pointeurs de son équipe.

« Je suis plus mature, plus fort et je sais maintenant à quoi m’attendre. J’espère avoir la confiance de mon entraîneur et qu’il m’emploiera dans des situations critiques pour aider le plus l’équipe », souhaite le timide attaquant de 17 ans.  

Judes ValléeComme les Bruins... 

Le Phoenix ne comptera pas seulement sur Audette pour faire mieux que sa 15e position de l’an dernier. Le succès passe avant tout par un peu plus de caractère.

« Il est encore tôt pour évaluer notre équipe, mais une chose est certaine, on va avoir une gang de gars qui travailleront plus fort que l’an passé », assure Vallée.

Qualifié à la surprise de tous pour les séries, le Phoenix a été balayé par le Drakkar de Baie-Comeau au premier tour éliminatoire en mars dernier.

« On s’est fait brasser pas mal et ils l’ont eu facile », se souvient Jean-Christophe Laflamme, seul joueur de 20 ans cette année à avoir évolué pour le Phoenix la saison dernière.

Les correctifs ont donc été apportés. « On se doit d’avoir une équipe plus intense qui se présente physiquement. Le hockey des années 80-90 est révolu et on ne cherche pas à le raviver. C’est simplement que le jeu physique amène des situations qui pourraient nous être favorables », justifie Vallée.

« On s’inspire des Bruins de Boston, renchérit Laflamme. On ne lâchera jamais le morceau et on va avoir la pédale au plancher tout le temps. »

De là à prétendre aux grands honneurs, il y a toutefois encore bien des étapes à franchir pour le Phoenix, tempère Vallée.

« La guigne de la deuxième année, ça ne touche pas que des joueurs, ça peut aussi affecter une équipe d’expansion. Battre notre 15e position de l’an passé et remporter une série c’est ce qu’on vise, mais il ne faut jamais perdre de vue qu’on en est seulement à notre deuxième saison. On veut avant tout prouver qu’on est sur la bonne voie. »