MONTRÉAL – Dawson Mercer a grandi à un jet de pierre de Harbour Grace, un village de 3000 habitants reconnu localement comme le lieu de naissance de Daniel Cleary, possiblement le joueur de hockey le plus illustre à avoir vu le jour dans la province de Terre-Neuve.

Mercer a encore des croûtes à manger avant d’atteindre la notoriété de Cleary, qui a soulevé la coupe Stanley et joué plus de 1000 matchs dans la Ligue nationale. Mais il a eu un premier avant-goût de ce que peut avoir l’air la vie des gens riches et célèbres dans son coin de pays.

La participation de Mercer à la conquête de la médaille d’or par Équipe Canada junior le mois dernier a officiellement fait de lui une vedette dans sa ville natale de Bay Roberts. Il a eu le temps d’y passer deux jours à son retour au pays et il y a reçu le traitement royal.

« Ça a été un séjour court, mais inoubliable, s’enthousiasmait le sympathique attaquant lorsque rencontré au Centre Bell en début de semaine. On a soulevé une affiche à mon nom à l’aréna où j’ai joué tout mon hockey mineur. J’ai assisté à un match junior auquel participaient tous mes amis, puis à un match senior dans lequel jouait mon cousin. Chaque fois, j’ai été invité à effectuer la mise en jeu protocolaire. Puis une petite fille m’a invité à son école, je me suis retrouvé dans la même classe et devant le même professeur que j’avais eu à son âge. Ça n’a pas été reposant, tout ça, mais j’ai vécu une succession de moments très spéciaux. »

Si sa courbe de progression garde la même tangente, Bay Roberts pourrait bientôt manquer de rues à rebaptiser au nom de son fils adoré.

À sa troisième saison dans la LHJMQ, Mercer est considéré comme l’un des visages d’une riche cuvée pour le circuit Courteau en vue du prochain repêchage de la Ligue nationale. Sur sa liste de mi-saison publiée à la mi-janvier, la Centrale de recrutement de la LNH l’identifiait comme le sixième plus bel espoir nord-américain. Considérant la manne de talent en provenance d’Europe cette année, il serait étonnant que Mercer devienne la sélection la plus précoce de l’histoire de sa province – Keith Brown avait été choisi au septième rang par les Blackhawks de Chicago en 1979 – mais il est fort probable qu’il devienne le septième Terre-Neuvien à être repêché en première ronde.

« Terre-Neuve, ce n’est pas là que ça brasse le plus et il n’y a pas une tonne de joueurs de là-bas qui en sont sortis pour jouer dans les grandes ligues. Le fait que j’aie une chance d’être repêché dans la LNH, à Bay Roberts, ça prend des proportions que je n’aurais pu imaginer. Les gens là-bas sont derrière moi à 100%, je ressens leur support et ça rend toute cette aventure encore plus agréable. »

Déraciné dès l’âge de 15 ans pour s’enrôler avec les Voltigeurs de Drummondville, Mercer doit maintenant s’accoutumer à une nouvelle région d’adoption. Depuis son retour de la République tchèque, il est un membre des Saguenéens de Chicoutimi, qui ont sacrifié six choix au repêchage pour faire son acquisition avant la date limite des transactions.

À Saguenay, Mercer s’est joint à une équipe qui a mis le paquet pour remporter les grands honneurs avec les ajouts de Raphaël Lavoie et Félix Bibeau, notamment. Il a récolté dix points à ses neuf premières parties au Royaume.

« Ça se passe bien, je me sens de plus en plus à l’aise avec les gars, le staff et ma famille d’accueil, dit celui qui avait mis en banque 42 points en 26 matchs avant d’être échangé. Je veux m’assurer de recréer les mêmes conditions que j’avais à Drummondville. Je dois continuer à jouer de la même façon, mais pour ça je dois être à mon affaire à l’école et avec ma nutrition. Je dois rester constant si je veux que ma carrière garde la même trajectoire. »

Mercer estime s’être ajusté facilement aux nuances qui différencient le système de son ancien entraîneur Steve Hartley de celui de Yanick Jean à Chicoutimi. L’ajustement à la surface de jeu de dimension olympique du Centre Georges-Vézina et l’instabilité provoquée par les nombreuses blessures qui ont frappé les Sags sont les deux plus gros défis qu’il a dû relever à l’extrémité nord de la route 175.

D’abord jumelé à Lavoie et Justin Ducharme, Mercer a aussi joué avec le Russe Vladislav Kotkov avant d’être récemment transféré sur un trio complété par Rafaël Harvey-Pinard et Christopher Farmer.

« Je ne veux pas laisser ce genre de chose affecter mon jeu. Les blessés donnent la chance à d’autres gars de montrer ce qu’ils savent faire et une fois que tout le monde sera de retour, notre équipe n’en sera que plus forte. En espérant qu’on pourra enfin former un groupe complet d’ici au début des séries, parce que c’est la Coupe qu’on vise. »