MONTRÉAL – Les Islanders de Charlottetown ont remporté 87 % de leurs matchs l’an dernier. Quatre-vingt-sept pour cent. Les observateurs les plus avertis de la LHJMQ signaleront, avec raison, que pandémie oblige, ils ont joué 85 % de leurs matchs du calendrier régulier contre les Mooseheads de Halifax et les Eagles du Cap-Breton, deux équipes en reconstruction. Même Jim Hulton n’oserait les contredire.

« Je ne suis pas certain qu’on va afficher le même pourcentage de victoire que l’an dernier, ce ne serait pas réaliste, convient le directeur général et entraîneur-chef des Islanders. Rien de l’an dernier n’était réaliste et je sais que ce n’était pas normal. »

Si le championnat de saison régulière des Islanders est à prendre avec un grain de sel, le parcours de l’équipe en éliminatoires, lui, ne l’est pas. À leur troisième présence dans le carré d’as en cinq ans, les représentants de l’Île-du-Prince-Édouard se sont approchés à une seule victoire de la finale, s’inclinant finalement 2-0 dans la rencontre ultime d’un duel au meilleur de cinq matchs contre les Tigres de Victoriaville, éventuels champions de la Coupe du Président.

« Ça nous a rattrapés en séries l’an dernier. On avait peut-être un faux sentiment de sécurité dans certains aspects de notre jeu parce qu’on a joué contre les mêmes équipes. Pour être les meilleurs, il faut être défiés par les meilleurs. »

Voilà à quoi se prépare Hulton à l’aube d’une saison qui se terminera enfin, l’espère-t-il, par la première conquête de l’histoire de l’organisation.

« Ce qu’on essaie de faire avec notre franchise, c’est d’être l’une des équipes dont c’est chaque année l’objectif de remporter un championnat. Ce n’est parfois pas réaliste au hockey junior, mais cette saison, c’est l’une de ces années », estime le DG et entraîneur-chef par excellence en titre dans la LHJMQ.

Avec le retour de nombreux vétérans et la présence dans sa formation de 10 joueurs ayant récemment été invités à des camps d’entraînement d’équipes de la LNH, Hulton a toutes les raisons d’être optimiste. Surtout quand il jette un coup d’œil à sa brigade défensive, dont les deux premières paires demeurent inchangées. Lukas Cormier, défenseur par excellence en titre dans la LHJMQ, renouera avec Noah Laaouan, arrière défensif par excellence en titre. Le top-4 est complété par William Trudeau et Oscar Plandowski, respectivement sélectionnés par le Canadien de Montréal et les Red Wings de Detroit en juillet dernier.

« C’est sans contredit la force de notre équipe, identifie sans hésiter Hulton. Ça nous permet de minimiser le temps qu’on passe dans notre propre zone. Les quatre sont très mobiles, très actifs et contribuent beaucoup en relance offensive. Beaucoup de notre équipe et de notre système est basé autour de ces quatre gars-là. »

Ceux-ci auront pour mandat de protéger un filet défendu par deux gardiens de 18 ans. Jacob Goobie, adjoint de Colten Ellis l’an dernier, hérite pour l’instant du poste no 1 à l’aube de sa troisième campagne dans le circuit devant le Tchèque Oliver Satny, sélectionné au dernier repêchage européen de la Ligue canadienne de hockey (LCH).

« [Jacob] a 18 ans, mais si on s’attarde à notre passé, l’un des meilleurs gardiens que nous avons eus dans l’histoire de notre franchise était Matthew Welsh. Matt a connu sa meilleure saison à 18 ans et Jacob suit ses traces. Il m’apparaît beaucoup plus confiant cette année », observe Hulton.

76 buts à trouver

En attaque, les départs de Cédric Desruisseaux et Thomas Casey pour les rangs professionnels ont dépouillé les Islanders des deux tiers de leur premier trio complété par le capitaine Brett Budgell, mais aussi et surtout des marqueurs de 76 de leurs 197 buts inscrits l'an dernier. Au terme de la saison régulière, Desruisseaux et Casey affichaient tous les deux une moyenne de près de 2 points par match (1,95) et accaparaient dans l’ordre les deux premiers rangs des classements des meilleurs buteurs et pointeurs de la ligue.

Pour combler une partie de ce vide, Hulton a fait l’acquisition de l’infatigable capitaine des Voltigeurs de Drummondville Xavier Simoneau, dont il avait en vain tenté d’obtenir les services à la période limite des transactions l’hiver dernier.

« Chaque fois qu’on entend qu’un joueur de ce calibre pourrait être disponible, même si ce ne sont que des chuchotements, on va avoir un intérêt. C’est un joueur pour lequel nous avions de l’admiration depuis longtemps. On a tenté notre chance l’an dernier à la période des transactions, mais Phil (Philippe Boucher, DG des Voltigeurs, NDLR) n’était pas prêt à ce moment. Nous avions toutefois convenu que s’il le rendait disponible dans le futur, nous nous reparlerions. Fidèle à sa parole, il m’a appelé avant le repêchage et on a été chanceux d’en venir à une entente », se réjouit Hulton, qui a cédé deux choix de premier tour en échange du choix de 6e tour du Canadien au dernier repêchage.

Parmi les autres attaquants appelés à contribuer, Hulton identifie le vétéran de 20 ans Budgell, troisième meilleur pointeur du circuit l’an passé, de même que le nouveau venu Jakub Brabenec, un espoir de 4e tour des Golden Knights « digne d’un top-6 dans la LHJMQ » selon lui, et le Québécois Patrick Guay.

« [Guay] a des habiletés naturelles de très haut niveau. Il amorce sa 4e saison, il a 19 ans et il a maintenant plusieurs bonnes expériences derrière la ceinture. L’an dernier, il m’apparaissait comme un joueur sur le point d’exploser offensivement », avance Hulton au sujet de celui qui a amassé 11 buts et 11 passes en 23 matchs après avoir été acquis du Phoenix de Sherbrooke.

« Un bon nombre de nos vétérans qui ont atteint la demi-finale l’an dernier auront plus d’expérience et de confiance cette année. Avec la combinaison de tous ces facteurs, on devrait être capable de récupérer les buts qu’on a perdus », calcule Hulton.

Au-delà du talent évident de tout ce beau monde, Hulton mise avant tout sur la capacité de ceux-ci à tirer les leçons du printemps dernier pour cette fois passer le test.

« Quand on finit dans le top-4, très peu sépare le succès de l’échec. La constance y est souvent pour beaucoup. On s’est éloigné un peu de notre système et ç’a peut-être fait la différence. L’expérience dans les moments clés, voilà un des facteurs qui a joué en faveur de Victo. Quand on regarde ce que Kevin [Cloutier, DG des Tigres] a ajouté à la date limite des transactions, les Alex Beaucage et Alexis Arsenault, ils avaient cette expérience. Or, la seule façon d’avoir cette expérience reste encore de vivre pareille situation. C’est ce que nous fait l’an dernier et on s’en trouve maintenant grandi. Parfois, on grandit encore plus vite après avoir échoué. »