MONTRÉAL - Les Tigres de Victoriaville ont mis la patte dans le piège une fois. Ils ne s’y aventureront pas de nouveau.

Cette promesse, les hommes de Yanick Jean la font à l’aube de leur série de premier tour face aux Voltigeurs de Drummondville, qui s’amorce vendredi soir au Centre Marcel-Dionne.

Les Tigres ne s’en cachent pas, jouer du coude sera à nouveau au cœur de leur stratégie alors qu’ils s’attaqueront à un adversaire qu’ils n’ont pas vaincu au fil des deux dernières campagnes.

Lors du plus récent affrontement entre les deux rivaux – le dernier match de la saison pour les deux équipes – les Tigres ont offert 10 jeux de puissance aux Voltigeurs. Ces derniers en ont profité pour inscrire trois buts et filer vers un gain de 7 à 2.

« On a perdu un peu le contrôle », convient le défenseur Jonathan Diaby, qui a lui-même écopé de quatre minutes de punitions dans ce quatrième revers en autant de duels cette saison face aux Voltigeurs.

Mais au risque de s’offrir en proie au deuxième meilleur jeu de puissance (25 %) du circuit Courteau, les Tigres ne dérogeront pas de leur style. Parole de Yanick Jean.

« Le jeu physique fait partie de l’identité des deux équipes. On se doit simplement de l’être plus qu’eux, soir après soir », signale l’entraîneur-chef des Tigres.

Une approche qui n’ébranle en rien son vis-a-vis Martin Raymond.

« À chaque équipe son style de jeu. Tous les styles peuvent fonctionner en séries. Il s’agit de voir quelle équipe appliquera le sien le mieux. On ne se casse pas trop la tête avec celui de l’adversaire », assure le pilote des Voltigeurs, qui en sera à sa première série dans la LHJMQ.

Reste à voir maintenant si la mobilité de la défense de Drummondville saura échapper aux épaulettes adverses.

« On se doit d’être extrêmement physique contre leurs défenseurs. Ils bougent bien la rondelle, alors il faudra les frapper à chacune des occasions qui se présenteront à nous », souligne Jean.

La tâche ne s’annonce toutefois pas de tout repos pour les Tigres, qui tâcheront de percer une défense qui n’a accordé que 179 buts cette saison. Seul le Drakkar de Baie-Comeau, champion du calendrier régulier, a fait mieux (170).

Face aux Tigres cette saison, les Voltigeurs ont alloué plus de deux buts en une seule occasion, signant des victoires successives de 5-3, 3-2, 3-2 et 7-2. Lors des deux premiers triomphes, Drummondville a notamment tiré avantage de l’épidémie de blessures ayant affligé les Tigres en début de calendrier.

« Pendant toute l’année, on a été capable de les contrer. Il faut maintenant transporter ça en séries », espère Nikolas Brouillard, le défenseur le plus productif des Voltigeurs avec 61 points (12 buts et 49 passes).

Pour poursuivre dans la même veine, les Voltigeurs devront par ailleurs compter sur le brio de Louis-Philip Guindon, gardien par excellence du mois de mars dans la LHJMQ.

Louis-Philip Guindon et William CarrierEmbouteillage en vue

Fort d’une récolte de cinq victoires en autant départs, Guindon a maintenu une moyenne de buts alloués de 1,20 et un taux d’efficacité de ,942 au cours du mois de mars. Le portier des Voltigeurs a ainsi conclu la campagne avec une moyenne de 2,44, la troisième meilleure de la LHJMQ derrière Zachary Fucale (2,26) et Philippe Cadorette (2,35).

Avec de telles statistiques, Guindon ne se fait pas d’illusion. À compter de vendredi, son demi-cercle risque d’être aussi embouteillé que le pont Champlain à l’heure de pointe.

« Ils (les joueurs des Tigres) sont toujours devant le filet. C’est sans compter qu’ils sont gros », rappelle-t-il avec justesse. Les Tigres constituent en effet la formation la plus lourde de la ligue.

Guindon devra de plus garder un œil constant sur les attaquants Angelo Miceli et Jean-François Plante, qui ont respectivement glané 77 et 75 points cette saison.

« On se devra d’être robuste contre  leurs deux premières paires de défenseurs afin de les ralentir et créer de l’offensive. La robustesse, c’est notre jeu. On est gros en avant et à l’arrière. On ne peut pas arrêter d’être physique », prévient Plante, le deuxième meilleur buteur du circuit avec 52 réussites.

Lors des trois premiers matchs de la série, Guindon et ses coéquipiers n’auront toutefois pas à se préoccuper de l’attaquant Tommy Veilleux, qui est suspendu pour un coup de genou qu’il a asséné à l’endroit du défenseur des Voltigeurs Sergei Boikov.

Autre filet, autres circonstances

L’homologue de Guindon dans cette série sera François Tremblay. Acquis en cours de saison afin d’épauler Brandon Whitney et le soulager d’une certaine charge de travail, l’ancien gardien des Foreurs de Val-d’Or a finalement profité de l’absence prolongée de Whitney pour s’emparer du filet et ne plus jamais le quitter, ou presque.

Depuis qu’il a effectué un retour au jeu après avoir subi une quadruple fracture du larynx à l’entraînement, Whitney n’a obtenu que quatre des 14 derniers départs de l’équipe. Lors de sa dernière apparition devant la cage des siens le 15 mars, le gardien néo-écossais a alloué six buts en 40 minutes de jeu… face aux Voltigeurs.

Qu’importe si Tremblay n’a jamais savouré la victoire en séries au cours de ses trois premières campagnes dans la LHJMQ, c’est lui l’homme de confiance de Jean.

« Il est dans de meilleures dispositions que dans le passé. Quand tu as plus de maturité à 19 ans, ça paraît. Un gardien de cet âge dans notre ligne, ça rebondit beaucoup plus facilement après une moins bonne performance », tranche l’entraîneur-chef des Tigres.

Tremblay ne sera peut-être pas confronté à un marqueur de 50 buts au cours de cette série, mais il devra néanmoins stopper une attaque très équilibrée. Les Voltigeurs misent en effet sur sept joueurs ayant amassé au moins 50 points, soit Jérome Verrier (72), Frédérick Gaudreau (71), William Carrier (65), Nikolas Brouillard (61), Matthew Boudens (59), Christophe Lalancette (59) et Ryan Culkin (50).

Jonathan DiabyTreize ans plus tard

La table est donc mise pour ce premier affrontement éliminatoire entre les deux clubs depuis 2001. Cette attente de 13 ans n’a en rien altéré la rivalité animant ses deux anciens adversaires de division.

« Jouer physique tout en contrôlant bien nos émotions sera capital car cette série s’annonce émotive », anticipe Jean.

« Dans une série 4 de 7, il y a toujours une rivalité qui s’installe. La différence avec celle-là, c’est qu’elle est déjà bien vivante », renchérit Plante.

Un fait vite corroboré par les Voltigeurs. « Tout comme eux, on fait preuve d’une très grande intensité. On joue très serré en défense alors qu’ils sont très robustes, ça ne fait qu’ajouter à la rivalité », fait remarquer Guindon.

Si les Voltigeurs semblent faire office de favoris dans cette série en raison de leur classement (6e) et de leur fiche face aux Tigres (11e), l’écart réel entre les deux équipes est bien plus mince qu’il n’en paraît.

« Je ne crois pas que nous soyons des négligés, mais ce n’est peut-être pas tout le monde qui croit à nous, estime Diaby. Ce sera à nous de créer une petite surprise. »