MONTRÉAL – Plus que jamais, Sylvain Couturier y croit.

Après plus de deux ans à rebâtir son Titan d’Acadie-Bathurst, le directeur général n’a peut-être pas encore achevé sa construction, mais la base et les murs sont solides.

Enfin.

« Honnêtement, j’ai trouvé ça difficile », concède Couturier, qui s’apprête à entamer cette année le troisième volet de son ambitieux projet de reconstruction lancé à l’aube de la campagne 2014-2015.

« Quand tu vends un plan comme celui-là à tes propriétaires, qu’on le veuille ou non, tu mets ta tête sur le billot. »

Repartir à zéro dans l’un des plus petits marchés de la LHJMQ, n’est en effet pas très vendeur. D’autant plus lorsqu’on évolue à l’ombre de Moncton, Saint John et Halifax dans les Maritimes.

 « À ce moment-là, on ressemblait plus à un club d’expansion », observe aujourd’hui l’entraîneur-chef Mario Pouliot, partenaire de la première heure de Couturier dans l’aventure.

L’an 1 n’a effet pas été de tout repos. Ne signant alors que 17 petites victoires, le Titan a conclu le calendrier régulier au 18e et dernier rang du classement général et raté les séries.

Un rendement pour le moins prévisible.

« Lorsque Mario est arrivé, il devait changer la culture, remarque Couturier. Il fallait repartir avec du sang neuf et je n’aurais pas pu mieux tomber que sur Mario. »

« Le mandat était d’abord d’amener une éthique de travail, développer notre identité d’équipe et d’améliorer notre crédibilité auprès des autres clubs de la ligue et des joueurs. C’est fait », juge Pouliot.

Après avoir remporté 27 rencontres l’an dernier et accédé aux séries grâce à une relève en éclosion, le Titan s’estime donc mûr pour la prochaine étape.

« Maintenant, c’est le temps de gagner sur une base régulière », annonce l’entraîneur-chef.

« On est rendu là, confirme Couturier. Quand je dis gagner, je ne parle pas de coupe Memorial ou de coupe du Président. On est désormais une organisation qui doit gagner plus de matchs qu’en perdre. »

Morand à l’avant-plan

Les temps durs sont donc vraisemblablement choses du passé à Bathurst.

« C’est le jour et la nuit si on compare avec le moment où je suis arrivé ici. On est en avance (dans le plan de reconstruction), mais il faut demeurer réaliste. Nos meilleurs joueurs n’ont pas une expérience énorme dans la ligue », relativise Pouliot.

Antoine MorandÀ 17 et 18 ans chacun, Antoine Morand et Vladimir Kuznetsov, le visage de l’organisation, en seront effectivement à leur deuxième saison seulement dans le circuit Courteau.

« On va leur en demander énormément offensivement. Ils vont avoir un rôle important », informe Pouliot.

Morand, deuxième choix au total derrière Joe Veleno lors du repêchage 2015 de la LHJMQ, devrait notamment avoir toutes les occasions de prouver son potentiel à l’aube du repêchage de la LNH.

« Il va avoir un rôle de premier plan au sein de notre équipe. Il va affronter les meilleurs défenseurs et meilleurs trios adverses », explique l’homme aux commandes derrière le banc.

Auteur de 50 points (14 buts et 36 passes) en 48 rencontres seulement, Morand, tout comme Kuznetsov, pourra cependant compter sur un personnel de soutien de qualité pour l’épauler dans sa mission offensive.

Le nouveau capitaine Jeffrey Truchon-Viel, Christophe Boivin et Daniil Miromanov, qui ont respectivement inscrit 33, 31 et 22 buts, sont en effet de retour. Jonathan Bourcier, un attaquant de 19 ans acquis durant la saison morte, s’est quant à lui ajouté au groupe après avoir amassé 74 points (30 buts, 44 passes) avec les Saguenéens de Chicoutimi l’an dernier.

« Nous avons une profondeur que peu d’équipes possèdent », avance Couturier.

Un mal pour un bien?

En défense, le Titan a cependant dû rompre ses liens avec le pilier Guillaume Brisebois, qui a réclamé une transaction au terme de la dernière campagne.

« On ne remplace pas un Guillaume Brisebois tous les jours », signale Couturier, qui a finalement échangé l’espoir des Canucks de Vancouver aux Islanders de Charlottetown en compagnie de l’arrière Jake Barter en retour du vétéran défenseur Luc Deschênes, un un choix de premier tour en 2018 et d’une sélection de deuxième ronde en 2017.

« Il n’était pas question de l’échanger à rabais. Si nous n’avions pas obtenu ce qu’on voulait en retour, il serait revenu à Bathurst », assure Couturier, somme toute soulagé du dénouement du dossier.

« L’atmosphère est beaucoup plus simple. Il y a des raisons pour lesquelles on a échangé Guillaume. Tout le monde les connaît, mais sans revenir là-dessus, on a tourné la page.  On est très heureux de ce que nous avons acquis », conclut le DG.

En Deschênes, le Titan n’a certes pas acquis un défenseur étoile, mais il a néanmoins mis la main sur un redoutable défenseur de 19 ans qui en sera à sa quatrième année de service dans la ligue.

« Il est différent (de Brisebois). Il est excessivement fort physiquement. Il est solide dans les batailles à un contre un et on va pouvoir se servir de ses habiletés offensives sur l’attaque à cinq », projette Pouliot, qui n’utilisait généralement pas Brisebois sur la première vague de son avantage numérique.

La brigade défensive du Titan comptera par ailleurs les vétérans Nicolas Dumulong et Olivier Desjardins, entre autres, et fonde aussi beaucoup d’espoir sur le retour en force d’Elijah Francis.

« C’est la plus belle surprise du camp jusqu’à maintenant. Après s’être blessé vers la fin octobre l’an dernier, il n’a pu effectuer un retour au jeu par la suite, mais on dirait qu’il n’a pas manqué un seul match et une seule présence. C’est un ajout important à notre brigade défensive », souligne Pouliot.

Tout ce beau monde aura pour objectif premier d’abaisser le nombre de buts alloués, qui s’est élevé à 254 la saison dernière. Seules quatre équipes ont fait pire.

« Il faut diminuer le nombre de lancers et les chances de qualité qu’on accorde, concède Pouliot. Ça va passer par une bonne gestion de la rondelle, une défense étanche et une bonne protection de nos gardiens. »

Avec un gardien comme Reilly Pickard, qui semble avoir l’étoffe d’un gardien no 1, le Titan ne rivalisera peut-être pas pour le sommet du classement dans l’immédiat, mais chose certaine, aux yeux de Couturier, il s’en approche.

« On n’est pas loin... »