MONTRÉAL - Les attentes étaient élevées et elles sont respectées par Olivier Rodrigue, pour l'instant du moins. Fraîchement débarqué devant le filet des Voltigeurs de Drummondville, il n'a pas mis de temps à attirer l'attention des 17 autres équipes du circuit Courteau.

À peine trois mois après avoir soufflé ses 16 bougies, le jeune homme masqué démontre un calme déconcertant dans son demi-cercle et il inspire déjà la confiance chez ses coéquipiers.

Après avoir amorcé cinq des sept premières rencontres de son équipe cette saison, Rodrigue figure parmi les trois meilleurs gardiens de la Ligue de hockey junior majeur du Québec au chapitre de la moyenne de buts alloués (2e - 1,55) et du taux d'efficacité (3e - 93,8 pour cent). En termes d'entrée en matière fracassante, difficile de faire mieux.

L'échantillon peut sembler mince, mais le jeune portier originaire de Chicoutimi prouve déjà qu'il n'avait pas été nommé meilleur espoir chez les gardiens par chance, l'an dernier avec les Élites de Jonquière dans le midget AAA.

« Pour l'instant, je crois que je fais mes preuves au sein de la ligue, a-t-il humblement raconté en entrevue à La Presse canadienne. Ça va de mieux en mieux. C'est continuellement une période d'adaptation, mais j'essaie de travailler encore plus fort à chaque fois. »

À le voir enchaîner les solides prestations devant son filet, c'est à se demander si l'on peut parler d'adaptation. Le portier de 16 ans a déjà trois victoires au compteur et il a terminé sa semaine de travail en tenant tête au vétéran de l'Armada de Blainville-Boisbriand, Samuel Montembeault, dans un duel de gardiens qu'il a finalement perdu 2-1 en tirs de barrage.

« C'est toujours dur de prédire l'impact immédiat qu'un jeune va avoir, surtout dans les buts, a expliqué l'entraîneur-chef des Voltigeurs, Dominique Ducharme. Par contre, on avait beaucoup d'informations sur le gardien, sur où il était rendu comparativement aux jeunes de son âge. On savait qu'il était mature, qu'il avait déjà du bon vécu à travers le hockey. »

Le fils de Sylvain Rodrigue, un ancien gardien de but maintenant consultant chez les Oilers d'Edmonton, sait cependant qu'il doit livrer la marchandise pour conserver sa place devant le filet. Résultat: même ses coéquipiers doivent payer le prix à l'entraînement.

« Il faut toujours travailler fort dans les entraînements, a rappelé celui qui a défendu les couleurs du Canada lors des derniers Jeux olympiques de la jeunesse. Il faut essayer de battre chaque passe pour arriver face au lancer le plus rapidement possible. Même dans les pratiques, je ne veux pas laisser aux gars la chance de marquer.

« Je veux prouver que j'ai ma place, que ce n'est pas seulement l'histoire de deux bonnes semaines. »

Sur les traces de Fucale?

Ducharme n'en est pas à son premier rodéo en ce qui a trait à la gestion d'un gardien prometteur de 16 ans. Et disons que la première expérience s'est avérée assez concluante avec Zachary Fucale chez les Mooseheads d'Halifax.

Rodrigue ne soulèvera peut-être jamais la Coupe du Président ou la Coupe Memorial comme l'a fait Fucale à l'aube de son 18e anniversaire en 2013, mais Ducharme est en mesure d'identifier certains points communs entre les deux gardiens au même âge.

« Du côté mental, de la maturité, on peut les comparer, a fait valoir le pilote d'expérience. Ce sont deux jeunes joueurs qui sont arrivés avec une maturité supérieure à leur âge. Ce sont deux gars très intelligents, qui ont une bonne lecture du jeu et qui s'adaptent rapidement. »

Ducharme s'attend évidemment à ce que son gardien connaisse des périodes plus creuses au cours de la saison, mais il aime constater que son poulain affiche une progression constante depuis son arrivée au camp d'entraînement de l'équipe à la mi-août.

« L'objectif, c'est qu'il entre à tous les jours et qu'il en sorte meilleur. Ça demande du travail et de l'engagement et c'est exactement ce qu'il fait. »